HERBERT SPENCER, PENSEUR PARADOXAL -
François-Xavier Heynen
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HERBERT SPENCER, PENSEUR PARADOXAL Entre socio-darwinisme, évolutionnisme finalisé et naturalisation de ...
L'exagération est un manque de véracité, et celui qui se sert sans cesse des épithètes les plus fortes, qui ne sont applicables qu'occasionnellement dans la nature des choses détériore nécessairement les choses qu'il représente.
Comme corollaire à la proposition que toutes les institutions doivent être subordonnées à la loi d'égale liberté, nous devons nécessairement admettre le droit du citoyen d'adopter volontairement la condition de hors la loi. Si chaque homme a la liberté de faire tout ce qu'il veut, pourvu qu'il n'enfreigne pas la liberté égale de quelque autre homme, alors il est libre de rompre tout rapport avec l'état, de renoncer à sa protection et de refuser de payer pour son soutien .
Comment vivre d'une vie complète ? Ceci étant la grande chose nécessaire qu'il nous importe d'apprendre, c'est aussi la grande chose que l'éducation doit enseigner. Nous préparer pour la vie complète, tel est le but de l'éducation ; et la seule manière rationnelle de juger un système d'éducation, c'est de savoir jusqu'à quel point il atteint ce but.
nulle loi humaine n'est d'aucune validité si elle est contraire a la loi de la nature, et telles d'entre les lois humaines qui sont valides tirent leur force et toute leur autorité, médiatement ou immédiatement, de cet original
Que ce soit vrai ou non, que l'homme est composé d'iniquités et conçu dans le péché, il est incontestable que le gouvernement est né de l'agression et a été engendré par l'agression. Dans les petites sociétés primitives, où une paix complète a régné pendant des siècles, il n'existe rien de semblable à ce que nous appelons gouvernement ; il n'y a aucune organisation coercitive, il y a seulement une suprématie honoraire, quand une suprématie existe.
Ni la consolidation et la reconsolidation des petits groupes en un groupe plus grand, ni l’organisation des groupes composés et doublement composés, ni le développement concomitant des facteurs d’une existence plus large et plus élevés que produit la civilisation n’auraient été possible sans les guerres de tribu à tribu et plus tard de nation à nation.
C'est un moyen qui n'est pas à dédaigner, pour juger au moins en gros, de ce que vaut une idée, d'en examiner la généalogie. Il en est des croyances comme des hommes : chez elles aussi, une origine honorable est de prime abord une garantie de mérite; au contraire, être sorti d'une famille de mauvais renom, c'est mauvais signe. Ce n'est pas là une comparaison de pure fantaisie. Les croyances se modifient comme leurs défenseurs eux-mêmes, dans le cours des générations ; or si, chez les croyants , les modifications que subissent les générations successives ne détruisent pas le type primitif, mais le déguisent seulement et le raffinent, de même et simultanément, les altérations qui se produisent dans une croyance ont beau la purifier : elle garde son essence originelle.
Pour la moyenne des hommes, le but à se proposer est une éducation qui approche le plus de la perfection dans les choses les plus essentielles à la vie complète et qui s'en approche de moins en moins dans celles qui ont de moins en moins d'influence sur la vie complète.
Moralement, il se distinguait par une forte dose de ce qu'il appelle lui-même quelque part la vieille férocité Norse : d'où une combativité si grande, qu'ainsi que je puis moi-même le certifier, il partait en guerre contre ses propres théories, quand elles lui revenaient par la bouche d'un autre. Lewes me dit qu'un après-midi, étant venu pour le voir, et l'ayant trouvé se promenant dans le jardin avec Arthur Helps, il entendit, comme il approchait, Carlyle faire l'éloge de George Sand; à ce moment Lewes les rejoignit, et s'écria : « Je suis heureux de vous entendre dire cela, Carlyle. » Celui-ci immédiatement commença à la rabaisser autant qu'il l'avait précédemment louée.
Dans une discussion sur l'hypothèse du développement universel, qui m'a été racontée par un ami, l'un des interlocuteurs se servit, paraît-il, d'un argument que voici : dans les limites de notre expérience, nous n'avons pas d'exemple d'un fait tel qu'une transmutation d'espèce; donc en bonne philosophie, on ne peut admettre dans aucun cas une transmutation d'espèce. Si je m'étais trouvé là, sans m'arrêter à élever contre sa thèse les critiques qu'elle appelle, j'aurais, il me semble, répliqué que, dans les limites de notre expérience, nous n'avons pas d'exemple d'une création d'espèce, et qu'à son compte, en bonne philosophie, on ne peut admettre aucune création d'espèce.