.. les Saldjoukides s'étaient (...) heurtés à l'action révolutionnaire des isma'iliens. Ceux-ci étaient représentés dans leurs territoires par un groupe de shi'ites extrémistes, liés à l'origine au mouvement fatimide, quoique très tôt séparés de lui, qui s'étaient installés depuis 1090 dans la forteresse iranienne d'Alamut, au sud de la mer Caspienne. Ce sont ces nizaris qu'on appela en Occident les « Assassins ». Ils lancèrent un appel à la révolte contre les Saldjoukides. De la région d'Alamut où ils avaient formé un Etat indépendant et où se succédèrent jusqu'en 1162 huit « maîtres », ils s'efforcèrent de harceler le régime sadjoukide en s'emparant de quelques points d'appui et en pratiquant l'assassinat politique. Mais à partir de la fin du XIIe siècle, l'activité de ces sectaires, dont les représentants étaient d'ailleurs impitoyablement mis à mort dans les villes où ils tentaient de s'infiltrer, ne fit que décliner en Iran.
Les nizaris s'étaient également implantés, avec la complicité de chefs locaux, en Syrie où ils avaient réussi, à la faveur des luttes contre les croisés, à s'emparer de certaines places fortes. Ils y eurent pour « maître » au XIIe siècle le fameux Sinan (1140-1192) qui lui aussi, comme les chefs du mouvement iranien, se prétendait inspiré, mais qui ne réussit jamais, malgré les attentats individuels qu'il organisait, à imposer son autorité en dehors de son noyau de forteresses. Dans les villes ses partisans, furent, au début du XIIe siècle en Syrie, massacrés systématiquement comme en Iran et, au cours du XIIIe, on vit les isama'iliens de ce pays abandonner leur doctrine illuminative, puis se laisser enlever leurs forteresses, tout en continuant à former une communauté vivant à l'écart.
1175 - [p. 115]
Note personnelle : les « Nizaris » sont aujourd'hui, en Syrie, appelés « les Alaouites ». Ils ont pour alliés les Iraniens !
... l'orientation idéologique du califat fatimide (d'Egypte) le rendit... en général, tolérant à l'égard des non-musulmans, qui pouvaient accéder à d'importants emplois (beaucoup de chrétiens furent vizirs, qui en en portèrent ou non le titre) et qui se livraient sans entrave à de fructueuses activités commerciales. Il n'y eut qu'une temporaire et brutale persécution des chrétiens, due au calife al-Hakim* entre 1007 et 1014. La plus spectaculaire de ses mesures fut la destruction de l'Eglise du Saint-Sépulcre à Jérusalem, qui eut un grand retentissement dans le monde occidental et fut, d'une certaine manière, à l'origine de l'idée de croisade.
1176 - [p. 98]
* al-Hakim : Sixième calife fatimide, célèbre par sa bizarrerie, ses persécutions contre les chrétiens et aussi les Sunnites d'Egypte, ses actes de tyrannie et de cruauté qui le firent redouter de tous ses sujets. Il accepta les théories des extrémistes isma'iliens qui voulaient le diviniser. Sa personnalité est restée une énigme pour les historiens modernes qui le considèrent comme un déséquilibré. Il mourut en 1021, après un règne de vingt-cinq ans, d'une façon mystérieuse. [p. 559]
Calendrier - Non seulement l'Islam utilisa une nouvelle ère, l'ère hégirienne, mais aussi un calendrier purement lunaire différent des calendriers en usage jusque-là en Arabie et dans les territoires voisins. Le Prophète interdit en effet, peu avant sa mort, l'usage des mois intercalaires et décida de revenir aux mois lunaires. De la sorte, l'année hégirienne comporte seulement trois cent cinquante-quatre jours. On notera aussi que le jour de vingt-quatre heures commence, non au lever du soleil, mais à son coucher.
1170 - [p. 538]
Poitiers (bataille de) – Eut lieu en octobre 732, vraisemblablement entre Tours et Poitiers au lieu-dit Moussais-la-Bataille, à proximité d'une voie romaine. Ce détail explique que son emplacement soit désigné par les auteurs arabes andalous sous le nom de « chaussée des martyrs ». C'est là que Charles Martel arrêta les troupes musulmanes commandées par 'Abd al-Rahmân al-Ghâfiki.
1169 - [p. 601]