A l'occasion du 24e Rendez-vous de l'Histoire de Blois, Yann le Bohec vous présente son ouvrage "Les Juifs dans l'Afrique romaine" aux éditions Memoring.
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La dernière année de le guerre des Gaules, 51 av. J.-C., fut marquée par des opérations multiples et quelques cruautés supplémentaires. Une première difficulté est de mesurer l'ampleur de ces mouvements car, on le verra, les auteurs les ont différemment appréciés. Les déplacements que fit César ne l'empêchèrent pas de préparer l'après-guerre et de tourner ses pensées vers la politique, une politique dans laquelle les légions pourraient jouer un rôle.
Un des lieutenants de César, appelé Hirtius, reprit la rédaction du De Bello Gallico, abandonnée par le proconsul. Il dit clairement que l'année 51 vit encore une véritable guerre. […] La liste des peuples mentionnés par Hirtius et encore impliqués dans ces conflits est impressionnante. […] Il ne faut pourtant pas se laisser impressionner par Hirtius qui, comme César, et pour des raisons analogues, est un grand menteur : il ne veut pas diminuer les mérites de son armée, ses propres exploits et ceux de son supérieur. Pourtant non seulement les pertes en hommes de ses ennemis avaient atteint des chiffres considérables, sur lesquels nous reviendrons, mais encore l'effondrement du moral était patent. Les Gaulois, dans leur majorité, avaient compris qu'ils ne pourraient pas l'emporter sur les Romains, qu'ils ne devaient rien attendre d'un chef, providentiel ou non, et que l'union de 52 n'avait rien apporté de plus que les divisions antérieures.
César a rempli des fonctions politiques, et il est devenu consul et dictateur. C'est pour servir cette ambition qu'il s'est fait écrivain : il a rédigé des livres pour montrer ses talents, sa compétence et, au besoin, se justifier. Quand il n'éprouva plus le besoin de faire passer des informations et de plaider sa cause, il cessa de rédiger ses Commentaires.
Karl Marx et ses premiers disciples imaginaient que les légionnaires participaient en permanence à des chasses aux esclaves, main-d'œuvre qu'ils pensaient indispensable au bon fonctionnement de l'économie.
Enfin le commandement pouvait dans des cas extrêmes pour châtier des déserteurs ou des lâches, recourir à la peine de mort, sous forme de punition soit individuelle soit collective ; dans ce dernier cas était pratiqué la décimation : les soldats étaient alignés, on en faisait sortir des rangs un sur dix ; ceux que le hasard avaient ainsi désignés étaient exécutes sur le champ.

Les légions en grève
La mort d'Auguste entraîna des désordres extraordinaires au sein de l'armée romaine. Les légions de Pannonie se mirent en grève ! Les causes profondes du malaise relèvent de la politique : les soldats espéraient une nouvelle façon de gouverner, qui ne privilégierait ni le Sénat, ni le pouvoir du prince. Les causes immédiates sont un catalogue de revendications qui a dû inspirer les syndicats français actuels : les légionnaires demandaient une hausse de salaire, un abaissement de l'âge de la retraite et de meilleures conditions de travail. En particulier, ils souhaitaient que les centurions les battent moins souvent et moins durement.
En attendant une réponse de leur employeur, l'empereur, et pour appuyer leurs revendications, ils cessèrent le travail : plus de tours de garde, plus d'exercice, plus de corvées, plus d'obéissance. La situation s'aggrava quand les légions de Germanie imitèrent leurs soeurs de Pannonie ; elles se conduisirent, pour les mêmes motifs, avec le même mode d'action.
Quoi qu'on en ait dit, Tibère mesura avec justesse la gravité de la situation et, devant l'incapacité de ses légats à rétablir l'ordre, il désigna deux princes impériaux pour suppléer ces médiocres. Il n'est pas sans intérêt de voir comment ils s'y sont pris. Dépêché en Pannonie, Drusus II fut aidé des dieux, qui lui envoyèrent une éclipse de lune. En homme cultivé, il savait que c'était un phénomène naturel. Mais les soldats l'ignoraient, et leurs esprits superstitieux y virent une expression de la colère divine, ce qui les ramena à l'obéissance. Quelques exécutions de meneurs, pour l'exemple, achevèrent de rétablir la discipline.
Sur les bords du Rhin, Germanicus eut moins de chance. Les dieux ne le favorisèrent pas, et il fut faire preuve de plus d'habileté, d'autant que les grévistes l'acclamèrent comme empereur à son arrivée, espérant lui faire plaisir. Il ne pouvait pas faire autrement que de proclamer son obéissance à Tibère. Puis il agit sur trois plans. Pour apaiser le plus grand nombre, il accorda quelques faveurs : des permissions et des gratifications. Pour donner mauvaise conscience aux révoltés, il éloigna sa femme et ses enfants, comme s'il les croyaient capables de s'en prendre à des êtres sans défense. Et il distribua quelques punitions.
Pages 393-394
Les Romains avaient su organiser une armée supérieure à toutes celles qui existaient de leur temps, fondée sur un principe de qualité et sur un encadrement très compétent.
En plus, ils avaient pris aux autres ce qu'ils avaient de meilleur utilisant un armement disparatre, grecs, gaulois, ...
copiant la poliorcétique des grecs.
Mais la force ne peut pas tout résoudre à elle seule.
Les Romains avaient su associer les anciens vaincus à leur Empire
Le vin consommé par les gens fortunés était amélioré par des additions de miel, épices diverses, eau de mer, plâtre (!), etc. Et personne ne le buvait pur, sauf les ivrognes, mal vus des Romains.
p.233.
L'après-bataille du côté des vaincus
Normalement, les barbares étaient vaincus et il en allait évidemment de même pour des Romains dans les guerres civiles. Arrivés à ce stade, les combattants barbares se comportaient comme faisaient les Romains dans les mêmes circonstances ; ils se partageaient entre la fuite, la reddition et le suicide (roi dace Décébale). Les civils, eux, étaient exposés à une tétralogie de l'horreur : vols, viols, meurtres et incendies. Personne, pourtant, ne songeait à s'en indigner, car tous se comportaient de la même manière. Aulu-Gelle et saint Augustin, théologien des plus rigoureux, ont d'ailleurs expliqué que ces comportements étaient normaux et conformes à la morale, car ils relevaient du droit de la guerre, ius belli.
Enfin, à la différence d'autres nobles, il avait choisi le camp des populaires, et l'avait fait sans états d'âme, dans la tradition de son parent, Marius : la loi agraire faisait partie de son programme. Il se montrait aussi attentif aux misères des proscrits et des exilés. Surtout, il réservait sa pitié pour le peuple romain, qu'il ne méprisait pas, qu'il estimait même, car il ne lui a pratiquement jamais proposé de l'assistance, sous forme de distributions de blé ou d'argent, préférant lui donner du travail. Enfin, il aimait ses soldats, qui représentaient le peuple romain en armes. Avec eux, il allait vivre dorénavant de longues années de guerre.
Quand c’était possible, la « trilogie méditerranéenne », blé-vigne—olivier, était exploitée.
La vigne vient facilement et se comporte comme un vrai chiendent ; elle ne demande que du soleil et, si l’on veut du bon vin, beaucoup de travail et d’intelligence (pentes du Vésuve et Étrurie en Italie, îles de Chio et Rhodes en Grèce). Le vin était très répandu, et en offrir une coupe était un geste de courtoisie, d’amitié, mais l’ivresse était mal vue ; jamais consommé pur, il était mélangé avec de l’eau, du miel, du plâtre… Les soldats buvaient parfois une piquette appelée posca.