André Lamontagne

Les Juifs avaient une politique d’achat à crédit, au grand bonheur des ouvriers du quartier et des habitants de la campagne environnante. Cela faisait un peu moins l’affaire des autres commerçants. En 1910, un discours antisémite du notaire Plamondon met le feu aux poudres: les vitrines de quelques boutiques de la rue Saint-Joseph sont brisées. Une campagne de boycott est lancée. Des marchands juifs poursuivent le notaire. La bataille se transporte dans les journaux, L’Action catholique contre Le Soleil. Le notaire sera reconnu coupable de diffamation et les briseurs de vitres habilement triés sur le volet — des enfants de douze et treize ans! — condamnés à des amendes.

Je n’aime pas faire des confidences, mais je sentais bien qu’il fallait que je donne quelque chose en retour à Rachel. Je discutai de la façon dont j’exerçais mon métier de journaliste, dans le complexe de la rue Hamilton, entre militantisme et détachement. Je couvrais l’actualité provinciale, mais quand un de mes reportages était jugé digne d’intérêt national, il était repris par les autres stations du pays. J’avais alors l’impression d’exister un peu plus, mais tout cela demeurait éphémère et matière à taquineries entre les réalisateurs, les journalistes et les recherchistes.

Il pensa à Néron, qu’on soupçonnait d’avoir orchestré l’incendie de Rome qui fit des milliers de morts et rasa plusieurs quartiers de la ville et édifices publics en 64 avant Jésus-Christ. La rumeur voulait que Néron ait contemplé le sinistre depuis les hauteurs de son palais en chantant un poème consacré à la chute de Troie tout en s’accompagnant à la lyre. Les historiens divergeaient d’opinion quant à la responsabilité réelle de Néron, mais celui-ci a eu tôt fait de détourner les accusations en pointant les chrétiens du doigt.

De tout temps, il y a eu des vols de cadavres dans les cimetières pour servir les médecins qui voulaient faire des dissections. On en parle beaucoup dans la littérature. Si vous aimez lire en anglais, je vous recommande un roman policier de l’écrivain écossais Ian Rankin qui s’intitule The Falls et qui évoque les vols de cadavres dans la ville d’Édimbourg au XIXe siècle. Pour approvisionner un professeur d’anatomie, deux criminels irlandais, Burke et Hare, allèrent jusqu’à assassiner des citoyens innocents.

Il y avait là une passion du détail qui le fascinait et le troublait à la fois. Il se méfiait des mots, mais il savait en son for intérieur que cette passion du feu s’épelait « pyromanie ». Il avait aussi consulté quelques blogues et forums auxquels renvoyaient les sites web. Une fascination encore plus graphique s’étalait dans ces pages avec leur lot d’animations d’incendies, de flammes mouvantes et liquéfiées et d’images gothiques.

Les célébrités qui y élisent domicile arrêtent leur choix sur des lieux excentrés: le milliardaire Howard Hughes terré au Westin Bayshore à l’orée du parc Stanley, Malcolm Lowry écrivant dans sa cabane sur pilotis de Dollarton.
Un vent de liberté souffle sur Vancouver, loin des vieilles hiérarchies, mais ce vent s’insinue dans une ville poreuse, entre les tours de verre postmodernes.

Nous vivons tous dans une maison en feu,
et personne pour éteindre celui-ci,
et pas la moindre issue,
uniquement les fenêtres du dernier étage,
par lesquelles regarder au-dehors,
pendant que le feu consume la maison
et nous-mêmes qui y sommes enfermés, pris au piège.

Tennessee WILLIAMS

Quand ce n’est pas pour guérir quelqu’un, les différentes parties du corps peuvent servir de monnaie d’échange ou de fétiche. Vous croyez que ces pratiques sont exclusives à l’Afrique?

La chloration de l’eau ne prévient pas tout, surtout quand les bassins sont accessibles tant aux humains qu’aux animaux.

[...] il fallait oublier les cendres et reconnaître aux flammes leur part dynamique.