Nous assistâmes alors à un double phénomène : les ministres cénétistes du gouvernement central s’employèrent à imposer bon sens et modération aux ministres cénétistes de la Généralidad ... Cependant, la base cénétiste ne se résignait pas à cet escamotage. Bien que sans formation politique, les militants de la CNT - les authentiques, les vrais - possédaient un magnifique instinct de classe, un élan héroïque, un esprit de sacrifice à toute épreuve. Avec d’authentiques dirigeants, avec une pensée pour les guider et un programme constructif, cette masse aurait fait des merveilles. Entre la base de la CNT et ses ministres, le divorce fut entamé. Ces derniers, apolitiques la veille encore, s’étaient tout d’un coup - et là en est peut-être la raison - convertis en détestables politicailleurs. La base voyait que, grâce à la collaboration de ses chefs, on était en train de lui escamoter la révolution, de lui arracher les conquêtes des jours héroïques et de la réduire à l’impuissance. (Gorkin)