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5/5 (sur 2 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) le : février 1924
Mort(e) le : 16/12/1942
Biographie :

L’œuvre de Selma Merbaum est composée de 58 poèmes, qu'elle a écrits soigneusement au stylo chacun sur une page puis reliés en un album intitulé Blütenlese [Anthologie]. Elle le dédia à son ami Leiser Fichmann, membre du groupe de jeunesse sioniste Hashomer Hazair. Sur son chemin vers la déportation, elle put confier l'album à une connaissance, qui le donna à son amie Else en la priant de le donner à son tour à Leiser. Leiser Fischmann prit l'album avec lui au camp de travail, où il le rendit à Else, avant de fuir vers la Palestine. Son bateau fut torpillé, seuls cinq passagers survécurent, il ne fut pas parmi eux. Mais les poèmes de Selma furent transportés jusqu'en Israël par son amie. Son professeur de l'école de yiddish, Hersch Segal, les publia en 1976 à compte d'auteur.

La véritable découverte de Selma Meerbaum résulta du reportage du journal Stern, du journaliste Jürgen Serke, que Hilde Domin avait sensibilisé à ces poèmes. Serke fit publier les poèmes sous le titre Ich bin in Sehnsucht eingehüllt (Je suis enveloppée de nostalgie) chez l'éditeur Hoffmann und Campe. En novembre 2005 parut une nouvelle édition, ainsi qu'un livre audio avec Iris Berben. Ces projets furent initiés par David Klein, qui mit en musique douze des poèmes de Selma, interprétés par Xavier Naidoo, Reinhard Mey, Ute Lemper et beaucoup d'autres.

Les poèmes de Selma Merbaum qui ont pu être sauvés traitent avant tout de romances impressionnistes, d'élégie à la nature d'une maîtrise stylistique remarquable, imprégnée de mélancole. Hilde Domin a avoué avoir lu les poèmes de Selma Merbaum, « si purs, si beaux, si clairs, si menaçants » en « pleurant de colère ». L’œuvre de la jeune autrice appartient avec les poèmes de Rose Ausländer et Paul Celan à l'héritage littéraire de la culture juive-allemande de la Bucovine.
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Source : Wikipédia
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Selma Meerbaum-Eisinger
Mes nuits sont tressées de rêves
Doux comme le vin nouveau
J'ai rêvé que les fleurs des arbres tombaient
M'enveloppaient, me recouvraient.

Et toutes ces fleurs devenaient des baisers,
Brûlants comme le vin rouge
Et tristes comme des papillons de nuit qui savent
Qu'ils devront s'éteindre dans le faux-semblant de la mort (...)

Mes nuits sont tressées de rêves
Bleus comme le mal d'amour
J'ai rêvé que tous les arbres tombaient
Des flocons de neige qui tintinabulaient

Et tous ces flocons devenaient des larmes
Que j'ai pleurées chaudement
Comprends mes rêves, mon amant,
Ils sont tous pleins de désir pour toi.


( 8 novembre 1941. Jeune femme poète morte à 18 ans en déportation.) Traduction de Marc Sagnol.
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Selma Meerbaum-Eisinger
Poème
     
Les arbres sont inondés d'une douce lumière,
chaque feuille scintille, tremble dans le vent.
Le ciel, bleu de soie, lisse,
ressemble à une goutte de rosée que renverse la brise de l'aurore.
Les sapins, enfermés dans une tendre rougeur,
se prosternent devant sa majesté le vent.
Derrière les peupliers, la lune regarde l'enfant
qui déjà sourit à son bonsoir.
     
Dans le vent, les buissons sont admirables,
tantôt d'argent, tantôt d'un vert brillant,
tantôt semblables à un rayon de lune dans une blonde chevelure,
et ils seront après comme s'ils allaient refleurissant.
     
Je voudrais vivre.
Regarde, la vie est tellement riche.
Il y a en elle tant de beaux ballons.
Tant de lèvres qui attendent, rient, s'embrasent
et révèlent leur joie.
Regarde la route, comme elle monte:
si large et si claire, comme si elle m'attendait.
Et au loin quelque part, la nostalgie qui nous traverse,
toi et moi, sanglote et joue de son violon.
Le vent bruyant lance ses appels à travers la forêt,
il me dit que la vie chante.
L'air est léger, doux et froid,
sans cesse le lointain peuplier nous fait des signes.
     
Je voudrais vivre.
Je voudrais rire et lever des fardeaux,
je voudrais lutter, aimer et haïr,
je voudrais prendre le ciel avec mes mains
et voudrais être libre, respirer et crier.
Je ne veux pas mourir. Non!
Non.
La vie est rouge.
La vie est mienne.
Mienne et tienne.
Mienne.
Pourquoi les canons rugissent-ils ?
Pourquoi la vie meurt-elle
pour des couronnes qui chatoient ?
     
La lune est là-bas.
Elle est là.
Proche.
Toute proche.
Je dois attendre.
Quoi ?
Par centaines et centaines,
ils meurent.
Ne se relèvent jamais.
Jamais, jamais.
Je veux vivre.
Frère, toi aussi.
Un souffle sort
de ma bouche et de ta bouche.
     
La vie est riche.
Tu veux me tuer ?
Pour quelle raison ?
De ses milles flûtes
la forêt sanglote.
     
La lune est d'argent pur sur fond d'azur.
Les peupliers sont gris.
Et le vent se jette sur moi.
La route est claire.
Puis…
Ils arrivent
et m'étranglent.
Toi et moi,
nous sommes morts.
La vie est rouge,
qui rit et mugit.
Du jour au lendemain
je suis
morte.
     
L'ombre d'un arbre
rôde sur la lune.
On ne la voit guère.
Un arbre.
Un
arbre.
Une vie
peut projeter son ombre
sur la
lune.
     
Une
vie.
par centaines et centaines,
ils meurent.
Ne se relèvent jamais.
Jamais
et
jamais.
     
7 juillet 1941
     
« Écrire c'était vivre, survivre », Chronique du ghetto de Czernowitz, et de la Déportation en Transnistrie 1941-1944, éditions fario, 2012 , pp. 40-42.
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Selma Meerbaum-Eisinger
Ô toi, sais-tu comment crie un corbeau ?...



Ô toi, sais-tu comment crie un corbeau ?
Et comment la nuit, blême, effrayée,
Ne sait plus par où s’enfuir ?
Sais-tu comment, anxieuse, elle ne sait plus
Si c’est son règne ou si ce n’est plus son règne,
Si elle appartient au vent ou si c’est lui qui lui appartient ?
Et les loups, avec leur voracité,
Ne sont-ils pas prêts à nous déchirer ?

Ô toi, sais-tu comment le vent hurle aujourd’hui
Et comment la forêt, blême, effrayée,
Ne sait plus par où s’enfuir ?
Sais-tu comment, anxieux, il ne sait plus
Si c’est son règne ou si ce n’est pas son règne,
S’il appartient à la pluie ou à la nuit ?
Et la mort, qui rit lugubrement
N’est-elle pas son maître suprême ?

Ô toi, sais-tu comment pleure la pluie ?
Et comment je m’en vais, blême, effrayée,
Sans savoir par où m’enfuir ?
Et sais-tu comment, anxieuse, je ne sais plus
Si c’est mon règne ou si ce n’est pas mon règne,
Si la nuit m’appartient ou si c’est moi qui lui appartiens ?
Et n’est-ce pas ma lèvre, si pâle, si confuse,
Celle qui vraiment pleure ?
                                                       4 mars 1941


//Revue « Temporel, N°20, 23 Septembre 2015
/Traduit de l’allemand par Marc Sagnol
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Es sind meine Nächte
durchflochten von Träumen,
die süss sind wie junger Wein.
Ich träume, es fallen die Blüten von Bäumen
und hüllen und decken mich ein
(Träume, p. 100)
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Le bonheur
Je veux dormir
Le vent me berce et la langueur
Chante afin que je me calme.
Je veux gémir.
Déjà à elles seules les fleurs
Me chuchotent des larmes.

Regarde les feuilles :
Elles scintillent dans le vent
Et me font miroiter des rêves.
Oui, et plus tard,
On entendra rire un enfant,
Et quelque part un fou qui espère.

Je me languis
Peut-être du bonheur ?
Oui du bonheur.
J’aimerais savoir :
Quand reviendra ?
Jamais ne reviendra.
(18 août 1941
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Poème
Les arbres sont comme inondés d’une douce lueur,
Chaque feuille scintille, tremblant dans le vent.
Le ciel, bleu comme soie, est très glissant,
Goutte de rosée que le vent matinal effleure.
Les sapins sont inscrits dans une douce rougeur
Et s’inclinent devant sa majesté, le vent.
Derrière les peupliers, la lune regarde l’enfant
Qui lui répond d’un sourire trompeur.
Comme ils sont merveilleux, les buissons dans le vent :
Tantôt verts, lumineux, et tantôt d’argent,
Et tantôt clair de lune sur blonde chevelure,
Comme si des fleurs allaient être leur parure.

Je veux vivre.
Regarde, la vie, de toutes les couleurs,
Tant de beaux ballons sont en elle,
Tandis qu’attendent, souriantes, brûlantes, tant de lèvres
Qui font savoir leur bonheur.
Regarde la rue, comme elle montait :
Si large, si claire, comme si elle m’attendait.
Et au loin, quelque part, le désir râle et violone,
Il s’étire en moi et en toi, il bouillonne.
Dans la forêt le vent hurle et me hante,
Il me dit que la vie chante,
L’air est calme, tendre et froid,
Le lointain peuplier fait des signes, encore une fois.

Je veux vivre.
Je veux rire, de lourdes choses je veux porter
Je veux me battre, haïr, aimer,
Et le ciel, dans mes mains, je veux l’attraper
Je veux être libre, respirer, crier
Je ne veux pas mourir. Non !
Non.
Rouge est la vie.
Mienne est la vie.
Mienne et tienne,
Mienne.

Pourquoi les canons hurlent-ils ?
Pourquoi la vie se meurt-elle ?
Pourquoi des couronnes étincelantes ?

La lune est là-bas.
Elle est là.
Près.
Tout près.
Je dois attendre.
Attendre qui ? Attendre quoi ?
Un tas après l’autre,
Ils meurent.
Ne se relèvent jamais.
Je veux vivre.
Frère, toi aussi.
Mon haleine sort de ma bouche et de la tienne.
La vie est de toutes les couleurs.
Tu veux me tuer.
Pourquoi ?
De mille flûtes,
La forêt pleure.

La lune est de l’argent lumineux dans le bleu.
Les peupliers sont gris,
Et le vent me caresse.
La rue est claire,
Puis…
Ils arrivent
Et m’étranglent.
Moi et toi.
Morts.
La vie est rouge.
Elle caresse et rit
Au milieu de la nuit
Je suis morte.

Une ombre d’un arbre
Rôde sur la lune
Comme un fantôme.
On la voit à peine.
Un arbre.
Un
Arbre,
Une vie
Peut faire de l’ombre
A la lune.

Une
Vie.
Un tas après l’autre
Ils meurent.
Ne se relèvent jamais.
Jamais
Et
Jamais.
(7 juillet 1941)
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Chant de désir
Doucement, tu entonnes dans ton chant une musique
Et tu as l’impression qu’il manque quelque chose.
Et confusément tu cherches auprès de chaque note
Si par hasard elle pourrait te dire
Où l’on peut la trouver, où, quand, comment…
Mais la première est bien trop blême
Et trop voluptueuse la seconde,
Trop pleine de lointain la troisième…
Bien trop profonde.

Longtemps tu cherches : bémol, dièse, bémol
Deviennent vivants sous les doigts de tes mains.
Et alors… tu frappes une touche, soudain,
Mais aucune tonalité n’en sort.
Et le silence est comme un sarcasme sourd,
Car tout d’un coup tu t’en rends compte :
C’est cette note qui te manquait.
Et si tes doigts la trouvaient,
Le sort de ta chanson s’évanouirait,
Et la fin ne serait plus si vide, si sombre.

Et tu frappes alors, frappes encore la touche,
Tu te demandes bien d’où vient ce coup de frein,
Et tu cherches si ce n’est pas la moiteur de tes mains.
Tes yeux mendient, pleins de désir.
Aucune note ne vient, seule la solitude s’invite
Dans la chanson, qui a si bien mûri et te semble si lourde.
À cause de cette note non jouée tu auras éternellement peur,
Car il ne t’a qu’à peine touché, le bonheur
Dans les nuits douces, lorsque la lune te berce
Et que le silence ne comprend pas tes larmes.
(9 janvier 1941)
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Ô toi, sais-tu…
Ô toi, sais-tu comment crie un corbeau ?
Et comment la nuit, blême, effrayée,
Ne sait plus par où s’enfuir ?
Sais-tu comment, anxieuse, elle ne sait plus
Si c’est son règne ou si ce n’est plus son règne,
Si elle appartient au vent ou si c’est lui qui lui appartient,
Et les loups, avec leur voracité,
Ne sont-ils pas prêts à nous déchirer ?

Ô toi, sais-tu comment le vent hurle aujourd’hui
Et comment la forêt, blême, effrayée,
Ne sait plus par où s’enfuir ?
Sais-tu comment, anxieux, il ne sait plus
Si c’est son règne ou si ce n’est pas son règne,
S’il appartient à la pluie ou à la nuit ?
Et la mort, qui rit lugubrement,
N’est-elle pas son maître suprême ?

Ô toi, sais-tu comment pleure la pluie ?
Et comment je m’en vais, blême, effrayée,
Sans savoir par où m’enfuir ?
Et sais-tu comment, anxieuse, je ne sais plus
Si c’est mon règne ou si ce n’est pas mon règne,
Si la nuit m’appartient ou si c’est moi qui lui appartiens ?
Et n’est-ce pas ma lèvre, si pâle, si confuse,
Celle qui vraiment pleure ?
(4 mars 1941)
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Rêves

Mes nuits sont tressées de rêves
Doux comme le vin nouveau :
Du haut des arbres tombent sur la grève
Des fleurs qui forment un manteau.

Et toutes ces fleurs deviennent des baisers
Plus brûlants que le vin vermeil
Et plus tristes que des papillons, destinés
A s’éteindre au coucher du soleil.

Mes nuits sont tressées de rêves
Lourds comme le sable fatigué.
J’ai rêvé que, des arbres perdant leur sève,
Les feuilles dans ma main sont tombées.

Et toutes ces feuilles étaient des mains caressantes
Plus douces qu’un sable fait d’ondes mouvantes
Et plus fatiguées que de nocturnes papillons,
Qui finiront avant le premier rayon.

Mes nuits sont tressées de rêves
Bleus comme un désir sans trêve.
J’ai rêvé que de tous les arbres tombaient
Des flocons de neige qui tintinnabulaient,

Et tous ces flocons devenaient des larmes
Que j’ai pleurées chaudement –
Comprends mes rêves, mon amant,
Ils sont tous emplis du désir de tes charmes.
(8 novembre 1941)
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Automne
La pluie se tisse
Sa chanson grise
De langueur
Et de douleur.
De songes aveuglée
De solitude lassée
Je suis un chien
Rien ne me retient.

L’or mat s’éteint
Le rêve défunt
D’amour se balance
Me regarde en silence.
Scintillante l’écume
M’enveloppe m’embrume
Le désir, sanglot long
D’un violon.

L’automne est là
M’envoie ses larmes
De ses yeux
Sourcilleux.
Il a vu, je le sais,
Le bonheur se figer
A genoux il me mit
Puis – il partit.
(30 juin 1941)
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