Marc Lazar - Italie : un laboratoire politique ? Les Experts du Dessous des cartes | ARTE
Apparue en Chine fin 2019, l’épidémie de Covid-19 s’est très rapidement propagée à l’ensemble du globe au cours des premiers mois de 2020. Afin de ralentir sa propagation, la plupart des gouvernements ont imposé des mesures strictes pour inciter leurs populations à limiter les interactions physiques – de l’interdiction d’événements publics, à la fermeture d’écoles, d’entreprises non essentielles et des frontières jusqu’au confinement complet du pays. Ces mesures sans précédent ont eu un impact significatif sur l’économie et l’environnement tant à l’échelle nationale que mondiale, du moins à court terme. À moyen et long terme, ces effets restent encore incertains (Helm 2020). En outre, l’impact économique des politiques climatiques, souvent considéré comme positif dans la littérature économique récente (Quirion et Perrier 2018), pourrait être considérablement modifié dans le contexte de la crise de la Covid-19. La situation attire notre attention sur plusieurs questions : quels sont les effets économiques et environnementaux de la crise de la Covid-19 ? quel est l’impact macroéconomique de la mise en place de politiques climatiques au cours de la période post-Covid ? et enfin, quelles sont les difficultés auxquelles fera face la transition vers l’emploi vert ?
En réponse à la pandémie de Covid-19, le gouvernement français a imposé un confinement strict du 17 mars au 11 mai 2020. Les déplacements ont été limités au strict minimum à l’intérieur des frontières nationales, et les frontières de l’espace Schengen ont été fermées.
La crise sanitaire du coronavirus, ou crise de la Covid-19, constitue un événement mondial. Elle a provoqué une mortalité exceptionnelle, s’est brutalement insérée dans notre intimité et a transformé notre rapport à la maladie. Elle nous a conduits à reconsidérer la distance physique légitime dans nos relations quotidiennes, bouleversant ce qui constitue la base même de nos sociétés et ce qui fonde la sociabilité : l’être-ensemble, le vivre-ensemble. Il nous a fallu prendre des risques difficilement appréhendables pour aller travailler, avant tout pour les professions qui se sont révélées essentielles au fonctionnement de la vie économique et sociale. Enfin, nombre de pays ont fait l’expérience, pour une durée plus ou moins longue, d’un confinement que la plupart associaient à un passé assez lointain. Ce qui était décrit dans les livres d’histoire à propos des grandes épidémies est devenu notre présent. En France, contraints et forcés, nous avons très majoritairement suivi les recommandations du gouvernement pendant cette période. Toutefois, le lockdown n’a pas, tant s’en faut, été ressenti de manière homogène au sein de la population. Plus que jamais, de profondes inégalités de toute nature – économiques, sociales, culturelles, de genre, territoriales, générationnelles ou encore entre nationaux et étrangers – ont émergé.
Pépinière d’hommes, le PSU a été également un réservoir d’idées, un incubateur d’une culture politique hétérogène. Comme tout parti à la doctrine faiblement établie, parce qu’en permanence objet de polémiques internes et de négociations entre factions, son identité se définit par ses oppositions : anticapitalisme, anticolonialisme, anti-impérialisme (un thème où le PSU s’illustra moins que le précédent, tant, dans les années 1960-1970, la compétition en la matière est ardente avec les communistes et les gauchistes), antimilitarisme, là encore un domaine où, au début des années 1970, le PSU fut quelque peu éclipsé par l’activisme de l’extrême gauche.
La rencontre avec l’idée d’autogestion fut-elle une chance pour le PSU ? Elle lui a fourni un drapeau, permis de s’affirmer positivement dans le champ politique de la gauche, a renforcé son aura de « laboratoire d’idées », l’a installé comme héritier légitime de l’« esprit de 68 » et lui a donné une relative homogénéité idéologique. Mais d’une certaine manière, le mariage a été célébré trop tard. Quatre ans après 1968, la nouvelle configuration politique ne lui laisse qu’un espace restreint. La voie révolutionnaire s’est révélée sans issue, et le PS, qui se réclame avec modération de l’autogestion, domine sans partage le terrain électoral, attirant à lui une partie des responsables et des militants du PSU. Alors même que l’idée autogestionnaire se diffuse plus largement et se banalise, la formation qui se présente comme son vecteur politique authentique est très tôt renvoyée à la marginalité.
Or, dès sa fondation, le PSU réaffirme l’objectif de la « gestion de l’économie par les travailleurs ». Il s’agit de lui donner un contenu concret dans le cadre d’une société industrielle avancée8. L’invention du concept de « nouvelle classe ouvrière » par Serge Mallet constitue un moment essentiel de cette recherche : loin de conduire mécaniquement à l’embourgeoisement de « la classe », la révolution technologique engendrerait le développement d’une couche de travailleurs hautement qualifiés mais frustrés de responsabilités, susceptibles de devenir le nouveau fer de lance de la révolution socialiste.
Cette construction théorique contribue à installer l’image d’un PSU
« laboratoire d’idées ». Sans dessiner les contours de la société rêvée, elle conforte sa stratégie originale dite de « Front socialiste » : construction « dans la lutte », à tous les niveaux, d’une alliance des « forces populaires » privilégiant les syndicats ; priorité aux revendications de gestion ou de contrôle.
Le communisme est pris dans une contradiction coûteuse électoralement mais fructueuse en terme de mémoire ; il est condamné comme projet politique, mais salué pour son action intérieure, la pureté de ses intentions et ses ambitions prométhéenne mâtinée de son souci de maintenir certains traits anciens de la société. La présence de son passé magnifié alimente deux nostalgies françaises récurrentes et encore plus vivaces à l'heure de la globalisation ; la nostalgie d'une communauté et d'un monde que nous avons irrémédiablement perdus et la nostalgie du changement radical de l'humanité. (p.213).
En France, la Révolution a engagé simultanément la lutte sur deux fronts, celui de la liberté de conscience et celui de l'élargissement des libertés politiques, ce qui a provoqué sur le long terme de fortes interférences entre les deux combats et contribuer à donner de la religion une dimension politique et de la politique une dimension religieuse. (p.202-203).
Pour le PCF, comme pour tous les autres PC - y compris ceux qui se réfèrent à la démocratie populaire - la défense de la démocratie ne sert qu'à mieux combattre le fascisme et donc à défendre l'URSS. Autrement dit, la démocratie n'a pas de valeur en soi, elle ne dispose pas de sa propre autonomie et ne constitue pas le fondement de l"ordre politique. (p.106).
Le mythe soviétique, surtout à l'époque de Staline, répond à de vieilles attentes millénaristes d'égalité et de justice, de félicité et d'abondance, qui sont profondément ancrées dans notre société et dans notre imaginaire. (p.61)
Enfermé de nos jours presque uniquement dans le registre du social, le communisme est émasculé de sa vigueur politique et idéologique ; telle est sans doute, la condition de sa survie dans les mémoires. (p.174).