De mon côté, pour la première fois vraiment, je sentais poindre la rage ; lentement d’abord, puis plus fort, jusqu’à être mordu par une crampe à l’estomac. Car, je le savais, mon corps aimait cette femme. Il geignait pour le dire et il appelait de la sorte. Je l’aimais autant par amour que par dégoût de tous ces hommes dont elle raffolait et qui défilaient sur son canapé. Je l’aimais parce qu’elle était mon abîme, ma défaite, mon altérité inversée.
Au loin, le ciel n’avait plus rien des giroflées revenues de croisades. Il avait viré au maussade, au blanc cassé. Il planait autour de moi des parfums d’homicide. De fricassée. De génocide indien. Une sorte de Columbine sans Arlequin !
Le miracle du bois, c’est de flotter. Ce miracle lui est propre. Il ne le doit à personne sinon à lui-même. Ton miracle à toi, c’est d’aimer. Cela fait fleurir en toi des rivières de mots, des arcs-en-ciel de pages. Arrête donc d’être triste ! On ne peut pas faire changer les Autres. Elle n’est pas faite pour Toi, tu le sais. Elle est ton impossible possibilité. Mais tu ne connaîtras pas la paix tant que tu ne la connaitras pas. Il y a une chose que je peux faire pour toi : te changer Toi pour te faire devenir un Autre. Différent à chaque fois. Tu la charmeras, à la fois ni tout-à fait le même, ni tout-à-fait différent . . .
Aller tutoyer le ciel et les nuages du bout de ses doigts, au milieu du pépiement des moineaux friquets, du chant des mésanges nonnettes ; et autres célestes galimafrées. Se griser de leur effet Doppler, perçu sans oreillette ni quelconque sampler. Goûter à l’air pur du grand mystère, juste avant la stratosphère, celui qui ne se visite d’habitude qu’au travers d’un hublot. S’en réserver une tranche puisque déjà au loin la Terre penche. Puis regarder sans vraiment que l’on y pense au-delà de la ouate, et y découvrir, en toute évidence, un peu à la hâte, tout au bout, son ange…
"En rentrant, je croisais parfois Mila. Chaque fois, quand je la sentais qui se rapprochait de moi, j’étais alors comme l’Hébé sur l’île d’Ouessant qui tremble dans les bras du vent. Elle agitait mes branches, faisait siffler mon anche en modifiant les veines à l’intérieur du tronc."
Laisse-moi dans l’été grec encore être Roi,
Exfolier les faces cachées de ta route de la soie,
Je connais plus que tout autre la valeur des « Il était une fois »
Il y eut même un instant où j’ai cru que ca y était.
Le vide complet. Excepté les anges, rien ne manquait. Puis
j’ai entendu s’éloigner le camion des fossoyeurs. Ce ne devait pas être mon heure. Pourtant, je le sais, je mourrai du
coeur. Non que j’ai consulté quelques docteurs en
médecine, mais c’est écrit dans les lignes. On ne meurt
jamais par accident.