Noir aimait cette campagne, les arbres qui y poussaient : c’était surtout cet amour qui le séparait des autres. Les gens d’ici maltraitaient la nature comme si elle pouvait tout supporter. Ils se vengeaient sur elle de leurs instincts violents, de leurs échecs, de leurs rancœurs accumulées.
"Noir aimait cette campagne, les arbres qui y poussaient : c’était surtout cet amour qui le séparait des autres. Les gens d’ici maltraitaient la nature comme si elle pouvait tout supporter. Ils se vengeaient sur elle de leurs instincts violents, de leurs échecs, de leurs rancœurs accumulées."
Très vite ils s’étaient mis à l’appeler Noir, peut-être à cause de son caractère ombrageux, peut-être parce que, n’étant pas né sur cette terre, son passé leur échappait, s’enveloppait de brumes. Quand il s’était aperçu qu’ils le surnommaient ainsi ça l’avait énervé, et puis il avait lui-même adopté ce surnom si approprié à sa nature, s’identifiant au sobriquet plus qu’au nom que lui avaient légué ses parents. Noir vivait en harmonie avec les animaux, comme s’il était pétri de la même argile. C’était avec les hommes que les choses tournaient mal.
La bête, que Mucciarini n’avait pas eu besoin de nommer tant elle était devenue familière à leur haine, réussissait par sa seule présence à ébranler une tranquillité conquise par des siècles de civilisation.
On devait lui montrer qui était le plus fort.