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Le Portrait de Dorian Gray

J’hésite avec 4 étoiles

Ce livre est bien ++

Le chapitre 11 on dort fort

Le chapitre 13 est banger

Des réflexions plutôt interessantes sur l’art, la beauté, la vie… à travers des personnages bien caractérisés

L’assaisonnement fantastique et l’accompagnement romanesque sont agréables 🙌

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Le Portrait de Dorian Gray

Ce récit aurait très bien pu s'intituler "Quand la perversion devient un art".

Comment ne pas être fortement impressionnée par cette œuvre d'une si grande portée ? La jeune femme d'une vingtaine d'années que j'étais lorsque je l’ai lu, s'est retrouvée insidieusement propulsée dans ces lignes pour son premier livre fantastique, d'où cet engouement de ce domaine de prédilection qui m'est si cher dans les propres histoires que j’écris, à lire #commeunarbredanslanuit et #pourlaclemencedesdieux!

Que devient notre Dorian Gray tout juste revenu à Londres d'une âme d'une pureté indéfectible, et d'une beauté imparable ?

Basil Hallward, ami proche du jeune homme, peintre a ressenti que Dorian serait son chef d'œuvre. Son admiration maladive pour Dorian implique une homosexualité sans équivoque.

L'autre protagoniste, et pas des moindres, Lord Henry Wotton, est le porte-parole d'Oscar Wilde. Durant les dernières séances de pause, le jeune Dorian écoute religieusement les paroles sulfureuses sur l'art, la beauté qui devrait être éternelle face à la vieillesse décadente et monstrueuse. Lord Henry volontairement insuffle les volutes dangereuses du Mal ouvrant les portes de l'Enfer au nom de plaisirs à assouvir pour vivre pleinement ses passions.

Lorsqu'il voit le tableau finalisé, le jeune homme déjà bouleversé, tout comme Narcisse qui s'est noyé dans l'eau lorsqu'il voit son propre reflet, ne veut pas vieillir et tomber dans la décrépitude. Inévitablement, il vend son âme au diable en implorant les ténèbres de lui épargner la laideur, et que le tableau prenne tous les assauts de sa vie à sa place. A partir de ce moment-là, Dorian met en pratique les préceptes houleux non vécus parfois par Lord Henry, homme d'âge mûr, et tombe en disgrâce dans les abysses tortueux des plaisirs défendus, en s'adonnant au mal dans les bouges de son âme torturée par le remords qui viennent l'envahir durant ses nuits d'insomnies. Notre dualité bien/mal est omniprésente, celle qui met l'homme tant à mal. L’auteur nous présente une fresque avant-gardiste sur le fantastique, mais aussi sur cette société londonienne à l'aube de cette révolution industrielle qui allait accentuer les clivages. Le Livre écrit en 1889, le film est beaucoup plus explicite dans les intentions réelles de Dorian Gray et l'impact dramatique est plus intense encore. Non seulement il s'adonne à des plaisirs outranciers mais aussi il se plaît à distiller le mal autour de lui comme une maladie prompte à se répandre. Et comme il est si bien dit « Chacun de nous porte en soi le ciel et l’enfer ».



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The Ordinal Society

Les sociologues Marion Fourcade et Kieran Healy signent avec "La société ordinale" une réflexion assez générale sur les paradoxes de la numérisation de nos sociétés. Si l'essai manque parfois d'exemples détaillés, la réflexion sur les limites d'un ordonnancement de la société par la mesure est plutôt pertinente.

Ils montrent que la généralisation des classements conduit à une aporie. A invisibiliser le social par l'individualisation des calculs, le risque est de produire un "lumpenscoretariat" sans perspectives d'en sortir. La société ordinale est une société ordonnée, gouvernée en toute chose par la mesure, qui produit des effets très concrets sur la société dans une forme de stratification inédite qui bouscule la distribution des opportunités. Ce pouvoir ordinal concentre le pouvoir de la mesure dans quelques mains, mais surtout il distille l’idée que le classement et l’appariement sont la solution à tous nos problèmes. Rien n'est moins vrai. Les classements et appariements invisibilisent les réalités sociales et produisent une société sans échappatoire.

Au prétexte de pouvoir calculer tout le monde, les systèmes produisent des scores qui fonctionnent très mal pour tous. Certains publics sont mal mesurés et mal classés. C’est ceux que Marion Fourcade appelle le “lumpenscoretariat” du capitalisme numérique. Ceux qui n’entrent pas dans les cases du formulaire, ceux dont la position est trop aberrante par rapport aux données et moyennes, ceux qui vont être maltraités par les systèmes de calcul, et qui seront d’autant plus mal traités que les scores les suivent par devers eux, se répliquent, se consolident dans d’autres index, sous la forme de cascades décisionnels de l’ordinal.

Dans une société ordinale, l’important est le classement et ce classement ne permet pas de protéger les gens qui sont mal classés : il n’y a pas de compensation pour les marginalisés et les vulnérables. Dans la société ordinale, chacun semble avoir ce qu'il mérite, comme si la société n'existait pas. La société ordinale transforme la structure sociale du social en choix individuels qui n’en sont pas : le fait de ne pas avoir accès au crédit par exemple n’est pas un choix individuel ! Or, le classement et l’appariement n’ont rien de mesures objectives. En invisibilisant le social, elles le révèlent, l'amplifient et le figent au risque de stratifier une “précarité algorithmique”, qui s’installe pour de plus en plus en plus d’entre nous, les déclassés des systèmes.
Lien : https://hubertguillaud.wordp..
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