Bonnier Zaffre [corriger]

Un nuage sombre plane sur la petite ville de Grace, en Alabama, littéralement et figurativement. La tempête qui s'approche saisit les habitants, tandis que la peur grandit pour les sept filles disparues parmi eux. Toutes les filles étaient jolies, bien élevées et fidèles à l'église, en somme, "de bonnes filles chrétiennes allant à l'église le dimanche". Lorsque Summer, la sœur jumelle de Raine, la moitié exemplaire, qui joue du violoncelle de façon enchanteresse et que l'on trouve généralement près du jeune vicaire, disparait, sa sœur Raine, toujours en difficulté avec les garçons, l'école, rejoint Noah et Purv dans leur recherche. Ces trois adolescents qui mènent leur enquête, qui partent à la recherche de leur sœur et amie, constituent le point d'orgue de l'histoire : Noah, avec ses reins malades, se prend pour un shérif adjoint, sauveur de tout ce qui est faible et vulnérable, comme son ami Purv, qui est régulièrement battu à plate couture par son père, et puis Raine, audacieuse et séduisante, mais aussi désespérément perdue sans sa moitié, Summer.

Les secrets et les vies difficiles qu'ils mènent tous sont aussi sombres que le nuage qui plane sur eux. Raine, accompagnée de ses amis Noah et Purv, se dirige droit vers son objectif, apparemment sans crainte. Lorsque le nuage se lève enfin, des secrets sont découverts et des vies sont changées. Un thriller encré sur les personnes en marge de la société, sur la foi, le culte du diable et la peur de l'inconnu dans une communauté où la violence, le sexe et l'alcool deviennent un moyen pour obtenir ce dont on a besoin.

Il s'agit d'un roman sombre et atmosphérique dans la tradition du gothique du sud. J'ai pensé à des auteurs comme Daniel Woordrell, ou Gabriel Tallent pour le côté atmosphérique, inutile de vous dire que les deux auteurs cités ci-dessus sont de véritables génies comparés à Whitaker. J'ai quand-même beaucoup aimé! J'ai surtout aimé les descriptions de la petite ville de Grace et ses habitants, tous des rednecks, de prédicateurs de l'enfer, du feu et du soufre, dont les jugements sont sévères, et qui manquent cruellement d'espoir et de capacité à offrir un avenir à ses jeunes. le déclin économique terminal se reflète dans la vie de ses habitants, qui s'en sortent à peine, se contentant d'un emploi sporadique, tous ayant des problèmes liés à l'alcool et aux drogues. Des vies précaires accablées par le chagrin, la perte, la culpabilité, la mauvaise santé, la violence, les secrets et plus encore sont lentement révélées dans le récit compulsif et mélancolique du roman.

Un côté qui m'a un peu énervé: dans ce livre, contrairement à son dernier, "Duchess", Chirs Whitaker dépeint une Amérique qui ressemble un peu trop à mon goût à un scénario de film rempli de "rednecks alcooliques, drogués, craignant Dieu et portant des armes". La frontière avec la caricature est souvent trop fine. Pourtant, ce roman policier atmosphérique vous entraîne sans effort jusqu'au dénouement surprenant.

Deuxième livre (et premier traduit en néerlandais et peut-être bientôt en français, grâce au succès de "Duchess") d'un auteur anglais dont le premier livre a reçu le prix CWA John Creasey New Blood Dagger.

+++++++ LE VIOLONISTE +++++++



J'ignore si les traducteurs retiendront ce titre dans la version officielle française, mais qu'il y aura très prochainement une traduction me paraît sûr et certain vu l'immense succès de ce thriller en Scandinavie. Des critiques littéraires suédois n'ont pas hésité à comparer "Geiger" avec le colossal succès de la trilogie "Millennium" du génial et regretté Stieg Larsson (1954-2004).



Par un temps exceptionnellement chaud dans la banlieue ouest de Stockholm, la famille Broman se réunit dans la vaste demeure du grand-père Stellan, 85 ans, et grand-mère Agneta, qui en a presque 70. Il y a leurs 2 filles Lotta et Malin avec leurs maris et enfants.

Au moment du départ des filles, le téléphone sonne, Agneta décroche et entend en un Allemand approximatif le mot tant redouté "Geiger". Ce sur quoi elle va chercher son pistolet Makarov, y glisse un silencieux, s'approche de Stellan, qui est en train de lire du Goethe, et lui tire une balle à bout portant dans la tête.



Voilà comment un dimanche paisible se termine par une mort atroce et qu'un branle-bas de combat à multiples ramifications se met en place.



Lorsque Malin retourne à la maison paternelle parce que sa petite Molly y a oublié son ours en peluche inséparable, elle découvre le désastre. Agneta s'est entretemps enfui et se dirige vers un endroit mystérieux.



Sara Nowak, inspectrice à la police des moeurs, rejoint sa collègue Anna Torhall de la division des crimes violents et chargée de l'enquête. Il se trouve que Sara a été l'amie d'enfance de Lotta et Malin et connaît bien la villa de Stellan Broman, où môme elle alla souvent jouer.



Stellan Broman a eu un succès fou comme présentateur à la télévision nationale et est dans son pays aussi célèbre que le roi Carl XVI Gustave et l'infortuné premier Olof Palme assassiné en pleine rue en 1986.



Les voisins n'ont rien vu, ni rien entendu, rien ne manque et il n'y a pas de traces.

Qui peut avoir tué un vieil homme qui passait le plus clair de son temps dans sa serre à cultiver plantes et fleurs ? Et où s'est cachée sa femme Agneta ?

Le mystère est complet !



L'inspectrice Anna Torhall émet l'hypothèse que la vieille gloire aurait découvert des cambrioleurs en plein boulot qui l'ont liquidé pour ne pas laisser de témoins. Sara Nowak a des doutes, car cela n'explique nullement la disparition d'Agneta. Rentrée chez elle, la belle rouquine se met à éplucher le passé du mort et tombe sur une drôle histoire de relation avec la Stasi, les services secrets de l'ancienne Allemagne de l'est (DDR), et un terroriste du Moyen-Orient.



Notre Sara va voir une prof d'histoire à la retraite, Eva Hedin, spécialisée dans le terrorisme international et une des rares à avoir pu consulter les archives de la Stasi, avant qu'elles ne furent détruites.



La question principale que Sara Nowak se pose après lecture des dossiers de Hedin se résume à : Est-ce que le brave Broman a été Geiger ? Et subsidiairement : qui est ce terroriste palestinien, Abou Rasil ? Où se trouve-t-il et qu'est-ce qu'il manigance comme horreur ?



Ce nom évoque évidemment celui d'Abou Nidal (1937-2002), le fondateur du Fatah en 1974 responsable d'attentats en plus de 20 pays tuant à peu près 300 personnes.



Gustaf Skördeman, né en 1965 en Suède, est scénariste et réalisateur de films, "Geiger" est le premier roman d'une trilogie avec la dynamique inspectrice Sara Nowak.



Rattraper, voire même dépasser le légendaire Stieg Larsson est une ambition - probablement d'inspiration nostalgique - que les journalistes prêtent à ce nouvel auteur sur la scène criminelle du grand nord. Cela dit Gustaf Skördeman se débrouille très bien. Il a une riche imagination, s'est amplement documenté sur le terrorisme et a, comme régisseur, l'expérience de la mise en scène dramatique.



Par ailleurs, sa Sara Nowak, ex-modèle avec son 1m77 comme Naomi Campbell et Linda Evangelista, a bien entendu ses propres atouts.