LEFRANCOIS le 27 avril 2022
(suite) Encore ensommeillé, je me demandais si j’étais encore dans mon rêve ou dans la réalité. Tout semblait si invraisemblable ! Reprenant mes esprits, je devinai avant même qu’il m’adresse la parole à nouveau qu’un rôle important m’avait été confié. Je ne pouvais pas décevoir. Je posai seulement la question la moins stupide qui me venait à l’esprit. - Mais pourquoi les gens de cette planète ont-ils besoin de moi ? - Leur peuple s’éteint, leurs gènes sont corrompus. Il leur faut étudier ton patrimoine génétique et l’utiliser pour revigorer leurs descendants. Tu ne sauves pas que ton peuple, tu sauves également une civilisation inconnue. Toi seul pourras profiter de cette civilisation, car tu voyageras avec eux et ils te chériront comme un père. Acceptes-tu cette mission ? - Assis au bord du lit, je me retournai et je vis que ma femme dormait d’un sommeil lourd et indifférent. Il y avait longtemps que notre couple battait de l’aile, que l’habitude avait dégradé nos sentiments l’un pour l’autre. Une vague tendresse m’unissait encore à elle, mais les feux de l’amour s’étaient éteints. Je décidai de lui laisser quand même un message. Je griffonnai pour elle quelques mots tendres sur une feuille de papier. En arrivant dans la cuisine, par la fenêtre, je vis une lueur qui descendait du ciel et se posait dans la rue déserte. Il était 4 heures du matin. Je m’habillai et descendis dans la rue. Du vaisseau une sorte d’échelle coulissa et une grande porte s’ouvrit. Je pris le chemin de l’engin et entrai à l’intérieur. Les parois étaient constituées d’une enveloppe métallique brillante. Un être caché derrière un paravent me fit signe de m’asseoir. Sa tête dépassa du paravent. Son visage avait une forme que je ne saurais décrire, mais je vis comme un sourire et ses yeux semblaient exprimer soulagement et reconnaissance. Le vaisseau décolla sans que je sentisse aucune accélération. Une fois sur la planète géante, une foule d’êtres chaleureux m’accueillit, me montrant un grand respect. Ils m’installèrent dans une sorte d’appartement confortable disposant d’une foule d’outils et d’écrans dont je devrais apprendre le fonctionnement. Par la fenêtre, je vis la terre s’éloigner, rapetisser, disparaître. Une nouvelle vie commençait pour moi, fruit d’un curieux hasard : un simple coup de dés ! À la réflexion je me suis demandé si, au contraire, je n’avais pas été choisi pour des raisons précises, mais qu’on avait soigneusement omises de me dévoiler. L’inconnu n’était peut-être pas un mage, mais un médecin, et la branche de cerisier non pas un symbole de paix, mais une sorte d’outil masqué. Pour inspirer confiance, il n’est pas toujours utile de dévoiler tous les mystères. Le bonheur est souvent tissé d’ignorance. |