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Critique de Gehenne


C'est un peu "Les Trois mousquetaires" avec une femme dans le rôle de D'Artagnan, mais c'est aussi "Les Pieds nickelés" renforcés par un élément féminin. Car ils sont bien quatre zigotos lancés dans une croisade écolo-activiste pour le moins mouvementée.
Ces aventuriers, qui s'érigent protecteurs d'une nature défigurée par les aménagements sauvages du lobby industriel et étatique, affichent un profil disparate. Quel rapport entre un chirurgien quinquagénaire, la jeune amazone qui est sa maîtresse, un mormon hérétique et polygame, guide de canyoning et un ancien des forces spéciales de retour de l'enfer du Vietnam ? Peu de choses, hormis la volonté de s'opposer aux vandales qui saccagent le pays de leur enfance, le désert et les canyons qui bordent le fleuve Colorado. S'opposer prend déjà l'aspect anecdotique de détruire les panneaux publicitaires qui enlaidissent leur paysage préféré. C'est l'oeuvre initiale de Doc et de sa nana. Mais cet apéritif les conduit à envisager un plat de résistance autrement roboratif. L'improbable rencontre du couple avec les deux autres loustics permet d'élever le niveau d'exigence. Car le renfort du déjanté et dangereux Hayduke, guerrier dans l'âme, et du meilleur connaisseur du terrain Seldom Smith offre au gang les moyens de se lancer dans des actions d'envergure.
Les cibles sont d'abord le matériel de travaux publics (camions, pelleteuses, excavateurs...), puis les ponts (Hayduke se révèle être un roi de la dynamite) avant de s'attaquer au Graal : le barrage de Glen Canyon qui alimente le lac artificiel Powel.
De l'aventure, des coups tordus, des courses-poursuite, ce livre épatant en regorge, mais ce road movie au coeur de l'Utah et de l'Arizona vaut surtout par un humour féroce qui n'épargne personne et se veut un véritable défi lancé à la société bien-pensante américaine. Edward Abbey est un vrai écrivain du "Grand Dehors" (ainsi que Michel le Bris qualifiait les romans des grands espaces). Son style foisonnant est
nourri par une maîtrise de l'image originale et poétique !
Du coup, on se doit de souligner le formidable travail de Jacques Mailhos, le traducteur, qui a su merveilleusement rendre en français le sel de cette histoire ébouriffante.
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