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Critique de hervethro


Nous sommes tous conscients que nous vivons dans un monde régit par d'innombrables lois et interdictions, un monde dominé sinon par les machines sinon par une technologie qui nous dépasse et nous pourrit la vie sous prétexte de la rendre meilleure, confortable.
Le confort est l'ennemi de la liberté.

Ca commence par une avalanche de panneaux publicitaires, le roman lui-mêle semble n'être qu'un vaste panneau à réclame. Un couple, un chirurgien et son assistante – et accessoirement, maîtresse – vouent leur temps libre à débarrasser le paysage de ces pollutions ultimes, autant visuelles que mentales.
Ils vont croiser la route d'un mormon, guide accompagnateur de métier, et d'un vétéran du Vietnam, passablement taré (on le serait à moins).
A eux quatre, ils entendent bien mettre à plat cette volonté spécifiquement humaine de grignoter la planète dans le seul but de la défigurer dans le but (avoué) du confort des tous et celui (non avoué) d'enrichir une poignée d'entre eux.

La plume d'Edward Abbey fait penser à celle de Kerouac. Ses références sont toutes américaines et vous serez sans doute un peu largué si vous n'avez pas séjourné quelques années dans ce pays de tous les extrêmes. D'autre part, il accorde à mon humble avis un peu trop d'importance aux détails techniques : comment démarrer puis saboter une pelleteuse, un bulldozer. Savoir manier les explosifs. Cela frise le manuel du parfait saboteur. D'autant que je suis persuadé que la destruction, tout comme la révolte armée, est vouée à l'échec. Est contre productive.
On imagine Kirk Douglas avec sa pince coupante en train de sectionner les barbelés dans Lonely are the Brave (adapté d'un roman d'Abbey, justement) : les grands espaces ne souffrent d'aucune entrave. L'homme n'a pas à y laisser son empreinte.
Mais, le Gang de la Clé à Molette, n'est pas juste un pamphlet anti capitaliste, c'est avant tout une jubilation dans la veine des Pieds Nickelés. L'humour et la dérision ne sont jamais très loin. On rit beaucoup des aventures de ce quatuor d'éco-warriors bien sympathiques après tout.

Mais surtout, le principal, l'inévitable : une sacrée virée dans le Grand Ouest (wild wild west) américain. Aux frontières de l'Utah, l'Arizona et du Colorado. Ces canyons de pierre rougie, ces déserts où ne pousse que la liberté, ce symbole de l'indépendance si chère aux citoyens responsables, sont le personnage principal du roman. le final flirte avec la varappe Yosemite et une course poursuite sans échappatoire dans ce décor hors normes.
Le roman a été écrit à la fin des années hippies – j'ose encore espérer que la modernisation galopante, cette course au toujours plus, rarement au toujours mieux, n'ait pas encore tout à fait spolié ce petit coin de paradis.
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