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Critique de vertdeau


Une belle lecture sur un thème passionnant: l'exil, ses ramifications et ses inflorescences.

Dima Abdallah nous emmène au Liban entre 1983 et 2019. Elle nous livre le récit d'une enfant vivant dans son pays en guerre et sa relation avec son père, géant protecteur et distant.
Les deux protagonistes seront séparés par la vie et la guerre à ses douze ans et leurs deux destinées se tracent alors et s'entrecroisent.

L'auteur alterne entre la voix de la fille et celle de son père, débutant par un ton presque froid pour décrire ces deux personnages, mais paradoxalement, la description du lien par la poignée de main dessine un enjeu immédiatement perceptible et très intime.
" Je connais les mains de mon géant comme si je les avais moi-même façonnées. [...] J'en connais l'odeur, j'en connais le taux d'humidité [...]".

Elle déploie une écriture très imagée autour de la fuite, du déménagement et de la gestion des souvenirs. Et cette angoisse qui rattrape les personnages une fois que la fuite n'est plus possible : "Peut-être que le calme après la tempête, c'est le pire, qu'on ne déménage plus assez souvent pour pouvoir laisser les cauchemars coincés dans les murs qu'on a quittés."
Par ailleurs, l'autrice travaille le rythme de sa narration de manière assez émotive.
Elle s'emporte dans un rythme charrié de colères, où les phrases raccourcissent et usent de structures répétitives qui traduisent l'injustice.
Elle larmoie parfois un peu trop _à mon goût_ sur le personnage de Sandrine, miroir et repère pour la jeune fille.

Elle raconte très bien la gestion des émotions et surtout leur refoulement et la difficulté d'accéder à ses souvenirs ensuite.
" A chaque fois que mon chagrin essaye de faire monter les larmes jusqu'à mes yeux, je les fais redescendre avec une bouchée de nourriture. J'avale et je fais redescendre la boule dans ma gorge jusqu'au plus profond de mon ventre. "

A contrario, le père de la jeune fille ne peut, lui, réussir à s'exprimer : il est "trop tard pour parler d'autre chose que des prunes vertes, des jasmins et des potagers."

Ce sont vraiment deux personnages beaux, complexes et émouvants que l'on côtoie ici, j'aurais eu envie d'aller plus avant avec eux et de découvrir le frère et la mère par leurs voix propres (mais ce n'est pas le propos du roman).

Le personnage de la fille suivra sa propre route, et j'ai trouvé très beau cette idée de se mettre à semer des pépins et des noyaux de ses poches partout on on se rend, comme un automatisme, sans penser à leur réussite ou non.
J'essaierai de la mettre en pratique.

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