Citations sur Lettres d'Abélard et Héloïse (35)
Je brûlais pour toi, d'une telle ardeur de désirs, que, pour ces voluptés misérables et infâmes dont le nom seul nous fait rougir, j'oubliais tout, Dieu, moi-même
car toutes tes volontés, je les ai aveuglément accomplies, à ce point que, ne pouvant me décider à t'opposer la moindre résistance, j'ai eu le courage, sur un mot de toi, de me perdre moi-même.
Je brûlais pour toi d'une telle ardeur de désirs, que, pour ces voluptés misérables et infâmes dont le nom seul nous fait rougir, j'oubliais tout, Dieu, moi-même : la clémence divine pouvait-elle me sauver autrement qu'en m'interdisant à jamais ces voluptés ?
La chose reconnue, je ne demeurai pas longtemps oisif sous son ombre. Je me montrai de moins en moins assidu à ses leçons. Quelques-uns de ses disciples les plus distingués en étaient blessés, comme d’une marque de mépris pour un tel docteur. L’excitant donc sourdement contre moi, ils parvinrent, par leurs suggestions perfides, à l’émouvoir de jalousie.
Pour le verbiage il était admirable, pour l'intelligence méprisable, pour la raison vide. Sa flamme enfumait la maison au lieu de l'éclairer.
(...), car je ne suis devenu plus riche que pour devenir plus malheureux, afin que que mon exemple serve de frein à l'ambition de ceux qui éprouveraient innocemment de tels désirs.
Et c'est ainsi que, conformément à cette phrase de saint Jérôme, "je m'étais éloigné des villes, fuyant les affaires publiques, les procés et les foules, et pourtant, comme l'a dit Quintilien, "la jalousie a trouvé celui qui se cachait"."
"Jamais la grandeur ne manquera de trouver des ennemis sur son chemin, et la foudre s'abat sur les cimes les plus hautes."
Saint Jérôme. Quaestiones hebraicae in Genesim, praefatio
Ils regardèrent mon petit livre en le parcourant en tout sens, sans rien y trouver qu'ils puissent produire contre moi en audience.
Une nuit donc, alors que je dormais tranquillement dans l'intimité de ma chambre, ils pénétrèrent chez moi grâce à la complicité d'un serviteur qu'ils avaient corrompu à prix d'argent, et me châtièrent par la plus cruelle et la plus honteuse des vengeances, vengeance que le monde allait apprendre avec stupéfaction, puisqu'ils me coupèrent les parties de mon corps qu'ils rendaient responsables de leur déshonneur. Aussitôt ils prirent la fuite, mais on réussit tout de même à en retrouver deux, dont le serviteur cupide qu'ils avaient amené à me trahir, alors même qu'il faisait partie des gens de ma maison: tous deux en perdirent les yeux et les parties génitales.