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Étienne Gilson (Préfacier, etc.)Octave Gréard (Traducteur)Édouard Bouyé (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070415281
448 pages
Gallimard (11/10/2000)
3.79/5   45 notes
Résumé :
Les amours contrariées - ô combien contrariées ! - d'Abélard et d'Héloïse n'ont cessé de frapper les imaginations. Celle de Jean de Meun dans Le Roman de la Rose. Celle de Villon dans le Testament. Une jeune femme qui sacrifie vertueusement son amour est pour Rousseau une " nouvelle Héloïse ". Le mouvement s'amplifie avec le romantisme, quand les restes des deux amants sont transférés au Père-Lachaise. Si les amours d'Abélard et d'Héloïse ont été contrariées, la for... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
On ne pourra jamais voyager aussi loin de chez soi en parcourant l'espace qu'en remontant le temps grâce aux précieux artéfacts du passé que sont les livres.
Je me demande en effet ce que je peux trouver de plus éloigné de mon horizon culturel actuel que cette histoire d'amour se déroulant au début du XIIème siècle entre l'un des philosophes les plus brillants de l'époque avec une jeune fille dont il est le précepteur.
Par rapport à la nouvelle Héloïse qui sortira du génie rousseauiste, l'ancienne, malgré tous les efforts d'Abélard, ne trouvera jamais la douce sérénité rendue possible par l'acceptation de son repentir et l'accomplissement de la vertu.
Je ne veux pas révéler plus de détails sur les péripéties de leur histoire, mais les deux correspondants sont très éloquents dans l'expression de leurs sentiments et révèlent aussi clairement leurs personnalités qu'ils nous permettent d'accéder à leur situation historique particulière.
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Belle histoire d'amour que celle de ce couple du XIIe siècle. Les deux jeunes gens sont de familles nobles. Pierre (1079-1142) est le petit-fils du seigneur du Pallet, près de Nantes. Héloïse (vers 1100/1101- 1164) est la nièce de Fulbert, chanoine de Notre-Dame de Paris. A l'approche de ses 18 ans, la jeune fille, qui a suivi ses études au monastère d'Argenteuil, a besoin d'un précepteur. Fulbert fait appel à Pierre Abélard, éminent professeur, dont la renommée n'est plus à faire. Une liaison amoureuse s'installe entre le maître de 40 ans et son élève (17 ans). Fulbert la découvre et le scandale éclate. Mais Héloïse est enceinte. Elle donne naissance à un fils, Pierre Astrolabe. Ce dernier est confié à la soeur d'Abélard, Denise, résidant au Pallet. Les deux amoureux se marie en secret pour ne pas que la carrière d'Abélard en patisse. Un clerc devait rester célibataire depuis la réforme grégorienne. Mais ce mariage ne pouvait pas rester secret puisque Fulbert, qui voulait s'en assurer, en avait été le témoin. Celui-ci le dévoile. Pour préserver Héloïse de son oncle qui s'en prenait également à elle, Pierre l'engage à rentrer au couvent d'Argenteuil. Furieux, Fulbert engage des hommes de mains qui puniront Abélard du sort réservé aux violeurs et aux adultères : l'émasculation. C'est la consternation. Les deux hommes sont arrêtés. On les émascule à leur tour et on leur crève les yeux. Fulbert est suspendu de ses fonctions pendant un court laps de temps (deux ans) semble-t-il. Abélard, quant-à lui, ne peut plus être clerc.

Héloïse prendra le voile et Abélard entrera à l'abbaye de Saint-Denis. Mais Héloïse ne renonce pas à son amour et c'est à partir de là que commence leur correspondance. Sa femme est devenue, grâce à son aide, première abbesse de l'abbaye du Paraclet, où lui même avait fondé un ermitage. Abélard se rend célèbre comme théologien mais ses travaux irritent les autorités ecclésiastiques. Réfugié au prieuré de Cluny, il y décède en 1142.

Un an plus tard, l'abbé de Cluny ramène en cachette sa dépouille à Héloïse. Elle le fait enterrer au Paraclet et donne des consignes pour être enterrée avec lui le moment venu. Ce sera chose faite. Mais même là ils ne seront pas épargnés : on déplace à plusieurs reprises leur sépulture, on les sépare par une cloison dans le même cercueil... Bref, ils n'accèderont au repos éternel qu'en 1817, lors de leur transfert au Père Lachaise.

Cette correspondance date des années 1132-1133. La première lettre est écrite par Pierre. Elle s'adresse à un ami. Il lui raconte l'histoire de sa vie. S'ensuivent ensuite sept autres lettres. Trois sont d'Héloïse. On remarque de suite la différence entre les deux correspondants. Pierre est plus froid. Il répond souvent point par point et ses discussions tournent autour de la vie monastique ou de la théologie. Héloïse, quant à elle, a un style plus enflammé. On ressent toute la peine, tout le désarroi de cette dernière face à cet amour passionné et inassouvi.
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Il est délicieux de pouvoir lire la correspondance échangée au 12 ème siècle entre ces deux amants dont l'amour est devenu mythique.

Séparés dans de terribles circonstances, (Abélard fut castré à l'occasion d'une terrible vengeance familiale), mais irrévocablement liés par de doubles liens matrimoniaux et religieux, ces deux êtres firent incontestablement partie des élites intellectuelles de leur temps.

La fraîcheur de ton d'Héloïse, pour ne pas dire sa verdeur, étonne puisqu'elle ose, plus de vingt ans après leur séparation alors qu'elle est l'abbesse de la congrégation du Paraclet, en Champagne, hurler sa passion charnelle à Abélard, qui est certes son mari, mais qui est aussi devenu prêtre et théologien.

Malgré sa volonté manifeste d'éviter à tous prix un nouvel embrasement de leur amour, la douceur de ton et l'honnêteté de la réponse d'Abélard rend un hommage à la clarté de son esprit et à ses capacités à reconnaître sa responsabilité prépondérante dans leur adversité. Il ne tente pas de minimiser son rôle dans le développement d'une passion qui fut torride au point d'user parfois d'une certaine violence et de se manifester dans des lieux consacrés. Il exhorte cependant Héloïse à considérer ce sentiment comme faisant partie d'un passé où il l'a entraînée sur le voie du péché, et d'entreprendre avec lui le chemin d'un rapprochement avec Dieu en remplissant pleinement ses obligations à l'égard des religieuses dont elle a la charge. Loin de se saisir des armes qu'elle lui tend pour l'accabler en lui renvoyant son manque de foi (elle va jusqu'à lui confesser que le seul maître de sa vie n'est pas Dieu, mais lui, Abélard), il met au contraire en valeur son mérite d'autant plus grand que le chemin est ardu et sa conviction qu'elle est à la hauteur de sa mission.

Il y a bien sûr beaucoup d'habilité dans ce raisonnement, mais il n'exclut pas la sincérité dont on sent qu'il fait le fond des relations des deux époux.

Cette affaire entendue, Héloïse se soumettra une fois de plus à la volonté d'Abélard, et la suite de leur correspondance traitera de l'adaptation des règles de vie monastique aux congrégations féminines, sujet que les pères de l'Eglises n'ont jamais étudié. Abélard fut le promoteur de ces abbayes de femmes, rares, où l'étude et l'érudition étaient portées à leur plus haut degré, comme dans les congrégations masculines.

On note dans les lettres échangées par les époux sur les questions religieuses la prédominance de l'argument d'autorité sur la démonstration logique, qui marque ce 12 ème siècle, avec le retour, en guise de preuve, des références constantes aux grands penseurs de l'Antiquité, aux psalmistes de la Bible et aux Epîtres de Saint Paul.

Nous découvrons une femme exceptionnellement lettrée, fait rarissime, pour ne pas dire inexistant en ces temps, et exprimant librement une sensualité dénuée de culpabilité ; un homme ambitieux et très sûr des ses capacités, un brillant enseignant et redoutable rhétoricien que les élèves s'arrachaient, faisant de l'ombre à tous ceux dont la profession était de tenir école ; ses idées avancées, notamment sur la Trinité, lui valurent de nombreux déboires puisque le concile de Soissons le condamna pour hérésie et qu'il dut brûler lui-même solennellement ses propres travaux. On attenta également à sa vie, au point qu'il mena une existence de fugitif de monastère en monastère, au gré des protections qui pouvaient lui être accordées.

Destins hors du commun qui ne peuvent que passionner ceux qu'intéressent les institutions chrétiennes au second moyen-âge, ainsi que l'expression du sentiment amoureux. Nous sommes également en pleine réforme grégorienne : si le mariage des prêtres est encore théoriquement possible, il est de plus en plus décrié, d'où l'inconfort absolu de la position d'Abélard, davantage en butte aux calomnies qu'Héloïse dont on note qu'au contraire de son époux elle jouissait de la faveur de nombreux prélats influents.

PS : Pour les amis babéliotes que l'histoire de la castration d'Abélard intriguerait, comme elle m'a intriguée, je signale qu'Etienne Gilson dans la préface à la "Correspondance d'Héloïse et Abelard" éditée par Gallimard Folio, évoque un Abélard qui "feindrait" de se croire définitivement à l'abri de toute pulsion charnelle. Pour se préserver des ragots qui couraient sur son compte et qui mettaient sa sécurité en danger ? Pour opposer un argument irréfutable aux ardeurs d'Héloïse ? Car l'ablation des testicules (qu'il a subi dans le lâche attentat perpétré contre lui) n'entraîne théoriquement ni impuissance ni extinction du désir sexuel, mais seulement stérilité.
Il n'avait sans doute pas d'autre choix pour se protéger que de mettre en avant une infirmité dont il est possible de douter.
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Quelle histoire que celle d'Abélard et d'Héloïse, les amants mythiques du XIIeme siècle !
Il a la quarantaine et elle quinze ans ; il est un grand philosophe et elle est son élève. Il entreprend de la séduire, y parvient, un enfant naît de cette débauche et les amants subissent la fureur de l'oncle de la jeune fille. Meme le mariage ne calmera pas sa colère : l'oncle violente sa nièce, qu'Abélard envoie dans un couvent avant de se faire châtrer.
Ces lettres ont été écrites plusieurs années plus tard, alors qu'Abélard est encore en proie a des ennemis et Héloïse mère abbesse du monastère du Paraclet.

L'histoire d'amour et les malheurs d'Abélard et Héloïse sont fréquemment cites dans les romans, surtout du XIXeme siècle ou leurs préfaces.
Cependant, je dois avouer ne pas avoir été charmée par ce livre. Tout d'abord, on nous révèle qu'Abélard est bien plus orgueilleux que ce qu'il laisse paraître dans ses écrits. Ce n'est pas, vraisemblablement, par amour pour la jeune fille qu'il l'a séduite initialement, mais plutôt par esprit de conquête. Enfin, les allusions sans fin a la Bible peuvent rapidement lasser.

Challenge ABC 2015/2016
Challenge Petits plaisirs 2016
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Rappel des faits : Pierre Abélard, à l'approche de la quarantaine, est un éminent philosophe du début du douzième siècle ; il est surtout connu pour son travail sur le mystère de la Trinité, car bien entendu, à cette époque, toute philosophie n'est étudiée que pour ses conséquences théologiques. Il est également chanoine et enseignant. Une de ses étudiantes se nomme Héloïse ; élevée par un oncle, elle passe déjà, à dix-huit ans, pour une jeune fille très sage et très savante. Pierre, amoureux, la séduit. Elle tombe enceinte. Lui, pour calmer la fureur de l'oncle, décide d'épouser Héloïse bien que cela soit interdit aux clercs depuis une cinquantaine d'années. L'oncle perfide dévoile ce mariage qui devait rester secret, alors Pierre demande à Héloïse de se retirer dans un couvent et celle-ci accepte pour sauvegarder la réputation de son époux ; l'oncle, en rage, organise une expédition punitive contre Abélard et lui coupe les parties qui servent à la luxure. Pierre Abélard devient moine et Héloïse nonne. Ainsi naquit la plus glorieuse et tragique histoire d'amour de l'époque romane. Une histoire qui en son temps a fait grand bruit, sûrement à cause de ses ingrédients (célébrité, passion, trahison, châtiment, tout y est déjà).
Suit un silence de plus de dix ans entre les deux amants. Puis Abélard écrit une lettre à un ami où il raconte les calamités de sa vie. Héloïse a l'occasion de lire cette lettre ; alors commence la correspondance qui nous est parvenue. Et dans les premières lettres qu'adresse Héloïse à son époux on peut constater que son amour à elle n'a rien perdu de son feu : des lettres languissantes, passionnées, où se mélangent abandon et reproches. Abélard se montre plus froid, plus docte et plus avancé dans la religion. Il a déjà retranché la concupiscence de l'idée qu'il se fait de l'amour (et pour cause ! la providence lui a plutôt retranchée). L'amour d'Héloïse est encore empreint de volupté. Abélard est son tout, elle s'est entièrement vouée à lui et elle est prête, dit-elle, à le suivre jusqu'en enfer. Abélard tente de calmer cette passion et de tourner cet amour terrestre vers un amour en Jésus-Christ. Et d'ailleurs, on peut penser qu'il y arrive assez bien puisque la dernière lettre d'Héloïse est exempte de toute considération personnelle et elle se contente de demander à Abélard une règle de vie pour elle et sa communauté, ainsi que des réponses sur des questions théologiques. Plus de la moitié de cette correspondance est faite de citations et de commentaires bibliques sur la place des femmes dans l'évangile, la chasteté, la solitude et la vie monastique en général.
Mis à part cette dernière partie, très longue et plus spécifique, les quatre premières lettres sont sublimes : pleines de confessions douloureuses, de culpabilité, d'humilité et d'amour. On comprend l'influence qu'a pu avoir la correspondance d'Héloïse et Abélard pendant cette période de grande création littéraire que fut le douzième siècle et qui a redéfini l'Amour pour quelques siècles.
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
LETTRE DEUXIÈME.

HÉLOISE À ABÉLARD.

À son maître, ou plutôt à son père ; à son époux, ou plutôt à son frère ; sa servante, ou plutôt sa fille ; son épouse, ou plutôt sa sœur ; à Abélard, Héloïse.


La lettre que tu as adressée à un ami pour le consoler, mon bien-aimé, un hasard l’a fait venir dernièrement jusqu’à moi. Au seul caractère de la suscription reconnaissant aussitôt qu’elle était de toi, je la dévorai avec une ardeur égale à ma tendresse pour celui qui l’avait écrite : si j’avais perdu sa personne, ses paroles du moins allaient me rendre en partie son image. Hélas ! chaque ligne, pour ainsi dire, de cette lettre encore présente à ma mémoire était pleine de fiel et d’absinthe, car elle retraçait la déplorable histoire de notre conversion et de tes épreuves sans trêve, ô mon unique.
Tu as bien rempli la promesse qu’en commençant tu faisais à ton ami : ses peines, au prix des tiennes, il a pu s’en convaincre, ne sont rien ou peu de chose. Après avoir rappelé les persécutions dirigées contre toi par tes maîtres, et les plus grands outrages lâchement infligés à ton corps, tu as peint l’odieuse jalousie et l’acharnement passionné dont tes condisciples aussi, Albéric de Reims et Lotulphe de Lombardie, t'ont poursuivi. Tu n’as oublié ni ce que leurs cabales ont fait de ton glorieux ouvrage de théologie, ni ce qu’elles ont fait de toi-même, condamné à une sorte de prison. De là tu arrives aux machinations de ton abbé et de tes perfides frères, aux épouvantables calomnies de ces deux faux apôtres déchaînés contre toi par ces indignes rivaux, au scandale soulevé dans la foule à propos du nom de Paraclet donné, contre l’usage, à ton oratoire ; enfin, passant aux vexations intolérables dont ta vie aujourd’hui encore n’a pas cessé d’être l’objet, de la part de ce persécuteur impitoyable et de ces méchants moines que tu appelles tes enfants, tu as mis les derniers traits à cette pitoyable histoire.
Je doute que personne puisse lire ou entendre sans pleurer le récit de telles épreuves. Pour moi, il a renouvelé mes douleurs avec d’autant plus de violence que le détail en était plus exact et plus expressif ; que dis-je ? il les a augmentées en me montrant tes périls toujours croissants. Voilà donc tout ton troupeau réduit à trembler pour ta vie, et chaque jour nos cœurs émus, nos poitrines palpitantes attendent pour dernier coup la nouvelle de ta mort. Aussi nous t'en conjurons, au nom de celui qui, pour son service, te couvre à quelques égards de sa protection ; au nom du Christ, dont nous sommes, ainsi que de toi-même, les petites servantes, daigne nous écrire fréquemment et nous dire les orages au sein desquels tu es encore ballotté ; que nous du moins, qui te restons seules au monde, nous puissions avoir part à tes peines et à tes joies. D’ordinaire, la sympathie est un allégement à la douleur, et tout fardeau qui pèse sur plusieurs est plus léger à soutenir, plus facile à porter. Si la tempête vient à se calmer un peu, hâte-toi d’autant plus d’écrire que les nouvelles seront plus agréables à recevoir. Mais, quel que soit l’objet de tes lettres, elles ne laisseront pas de nous faire un grand bien, par cela seul qu’elles seront une preuve que tu ne nous oublies pas. [...]
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Je rends grâce à Dieu, qui inspire à vos cœurs tant de sollicitude pour mes cruelles et incessantes épreuves, et qui vous fait participer à mon affliction. Faites, par l’assistance de vos prières, que la miséricorde divine me protège et écrase bientôt Satan sous nos pieds. A cet effet, j’ai hâte de vous envoyer le Psautier que vous me demandez avec tant d’instance, ô sœur jadis si chère dans le siècle, mais bien plus chère aujourd’hui en Jésus-Christ : qu’il vous serve à offrir au Seigneur un perpétuel holocauste de prières, pour expier nos grands et si nombreux péchés, pour conjurer les périls dont je suis journellement menacé !
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Car il n'est pas facile de soupçonner l'infamie chez ceux que nous aimons le plus, et la souillure d'une suspicion honteuse ne peut pénétrer un amour intense. Comme l’écrit Saint Jérôme à Castricien : "Nous connaissons toujours en dernier les maux de notre maison, et ignorons les vices de nos enfants et de nos épouses alors même que nos voisins les chantent sur les toits." Mais ce que l'on sait en tout dernier, il faut le savoir de toute façon un jour, et ce que tout le monde connait, il n'est pas facile de le cacher à un seul.
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Si, depuis que nous avons quitté le siècle pour Dieu, je ne vous ai pas encore adressé un mot de consolation ou d’exhortation, ce’ n’est point à ma négligence qu’il en faut attribuer la cause, mais à votre sagesse dans laquelle j’ai toujours eu une absolue confiance. Je n’ai point connaissance qu’aucun de ces secours fût nécessaire à celle à qui Dieu a départi tous les dons de sa grâce, à Celle qui, par ses paroles, par ses exemples, est capable elle-même d’éclairer les esprits troublés, de soutenir les cœurs faibles, de réchauffer ceux qui s’attiédissent. C’est ce que vous saviez faire il y a déjà longtemps, alors que vous n’étiez encore que prieure obéissant à une abbesse. Aujourd’hui, dès le moment que vous veillez sur vos filles avec autant de zèle que jadis sur vos sœurs, c’est assez pour m’autoriser à penser qu’instructions ou exhortations de ma part ne peuvent être que superflues. Toutefois, si votre humilité en jugeait autrement, et si, même dans les choses qui regardent le ciel, vous éprouviez le besoin d’avoir notre direction et nos conseils écrits, mandez-nous sur quel sujet vous voulez que je vous éclaire, je répondrai selon que le Seigneur m’en donnera le moyen.
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De loin, on l'aurait cru un grand arbre plein de feuilles; de près, on voyait qu'il était stérile. Et en m'approchant dans l'espoir de cueillir quelques fruits, je compris que c'était le figuier maudit par Notre Seigneur dans l'Evangile, ou bien le vieux chêne auquel Lucain compare Pompée, dans ces vers:
"Il se dresse là, l'ombre d'un grand nom, comme un chêne vénérable au milieu d'un champ de blé."
Phars., I, 135-136
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