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Critique de Alfaric


Ce premier tome, intitulé "Premier et Unique", est bien comme il faut : il nous plonge d’emblée dans la boue et le sang !


Les spécificités mises à part de l’univers franchisé, presque débarrassé de ses excentricités :
- pour parler SF, c’est quelque part entre "Le Dragon Déchu" de Peter Hamilton et "Le Dragon ne dort jamais" de Glen Cook
- pour parler récits de guerre, c’est quelque part entre "Les Sentiers de la Gloire" et "Stalingrad"

Le héros éponyme Ibram Gaunt, c’est un Kirk Douglas testostéroné qui aurait revêtu l’attirail du Judge Dredd :
- pour aller commander et motiver ses troupes un bolter dans une main, une épée-tronçonneuse dans une autre
- pour aller dire leurs 4 vérités aux généraux pourris et pour aller saboter leurs intrigues si bien ourdies sur le dos de la chair à canon (parfois avec le bolter ou l’épée-tronçonneuse à la main)
A la vision des "Sentiers de la Gloire" (très longtemps interdit de diffusion en France parce que plein de hiérarques et de notables avaient cru se reconnaître dans les homines crevarices qui y étaient démasqués et dénoncés) j’avais été dégoûté par tous ces connards se servant de populations entières au mieux de leurs plans de carrière et de leurs petits intérêts bien calculés, quittes à faire bombarder leurs propres troupes ou à leur tirer dans le dos… et surtout incapables de comprendre où est le mal dans tout cela, mais aussi et incapables d’imaginer que quelqu’un puisse y trouver à redire. Les masses anonymes étaient là pour obéir et mourir, pas pour penser et rechigner à la tâche. On avait une forte envie de lui décrocher une bonne droite dans la tronche. L’officier humaniste devait se contenter de serrer les poings et de grincer des dents pour éviter le peloton d’exécution. Sauf le héros de cette saga SF, Ibram Gaunt, lui ne se gêne pas !!!
Gaunt est un meneur ! En couvant ses ouailles qui sont tout sauf des enfants de chœur il m’a fait penser au Toubib de "La Compagnie noire" de Glen Cook. Les Fantômes sont de vaillants guerriers de l'Empereur ! De véritables durs à cuire, mais leurs magouilles, leurs combines, leurs fragilités les rendent rapidement attachant et font eux aussi penser à "La Compagnie noire" de Glen Cook. D’ailleurs on retient vite leur nom : un signe qui généralement ne trompe pas… blink

C’est foutrement rythmé et dynamique, c’est intense et agréable à lire, surtout une franchise prétendument destinée au public adolescent, mais aussi politique et réfléchi si on sait lire entre les lignes, bref de la très bonne littérature de divertissement, mais au bout de quelques tomes on arrive à repérer quelques ficelles qui pourraient éventuellement s’avérer gênantes à la longue :
- des récurrences dans les situations (mais j’aime bien quand la justice humaine ou divine s’abat sur les crevards carriéristes)
- une récurrence de dialogues théâtraux (mais j’aime bien ces répliques des classiques des films de guerre d’antan, et la relation Gaunt / Merity m’a rappelé au bon souvenir d’Humphrey Bogart et Ingrid Bergman dans "Casablanca")
- des récurrences dans les dénouements : ce sont des coups d’éclat héroïques qui mettent fin trop rapidement aux événements
- l’auteur a pris le parti de ne pas écrire de long romans : on n’a pas trop le temps de s’étendre sur les complots/intrigues, pourtant bien présents, de décrire les mondes dans lesquels évoluent les personnages (l’ambiance et l’immersion s’en retrouvent amoindris et c’est bien dommage), et les intrigues secondaires se voient réduire au rôle d’interlude tragiques (là aussi c’est bien dommage).


Des tranchées de Fortis Binary aux entrailles de Menazoïd Epsilon, nous suivons une intéressante course au trésor vers l’arme absolue entre les califes et ceux qui veulent être califes à la place des califes. Deux guerres s’entremêlent alors :
- la guerre officielle où les soldats font ce qu’ils peuvent pour ne pas crever inutilement
- la guerre officieuse entre services de renseignements qui servent les ambitions de leurs maîtres
J’ai apprécié l’usage parcimonieux des flashbacks, loin du lourd effet de mode à la "Lost", qui mène à une conclusion astucieuse puisqu’il y a bien longtemps notre lieutenant Ibram Gaunt avait rencontré une jeune voyante psi qui lui avait fait bien des révélations sur son passé et son avenir, tout comme j’ai apprécié la manière dont le suspens est maintenu sur l’identité du pion de l’Inquisiteur félon : du bon ouvrage que tout cela !


PS: On me souffle à l’oreille qu'on se serait inspiré de la série "Sharpe" de Bernard Cornwell, auteur spécialiste des guerres napoléoniennes et des guerres mondiales (les millions de morts de l’épopée napoléonienne ne participent-pas d’ailleurs à la première guerre totale ?).
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