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Critique de InstinctPolaire


" Au 41ème Millénaire, il n'y a que la guerre ". Sur cet axiome, la société anglo-saxonne Games Workshop a développé un jeu de stratégie avec figurine en puisant dans les canons de médiéval-fantastique et en le mâtinant de science-fiction : le Moyen-Age Technologique où les Orcs , Elfes pardon Eldars – et Humains auraient découvert comment étendre leurs antagonismes par-delà les étoiles. Jouant un rôle majeur dans la niche des jeux de figurines fantastique, la société a diversifié ses activités en commandant à divers auteurs des romans ayant pour cadre ce belliqueux univers. A l'occasion de la réédition de sa saga la plus emblématique, permettez-moi de vous présenter ici l'un de ces auteurs les plus prolixes... et à mon humble avis le plus captivant.

Depuis prés de dix millénaires, l'Humanité porte la guerre à travers l'univers pour atteindre l'accomplissement d'un rêve : voir tous les mondes réunis sous la domination de l'Empereur-Dieu qui règne depuis sons trône d'or de Terra, maintenu vivant par des procédés technologiques aujourd'hui oubliés. La grande part de l'incalculable effort de guerre des humains est porté par la Garde Impériale. Chaque planète est tenue à une dîme précisément évaluée en impôt, matériel ou régiment. Au sein de ces régiments appelés à combattre loin de leur monde natal et bien souvent sans espoir de retour chez eux, une discipline de fer est maintenue par les Commissaires. Orphelins endoctrinés depuis leur plus jeune age et dont les prérogatives ne sont pas sans rappeler celles des officiers d'encadrement des régiments soviétiques.

Ibram Gaunt est un de ces hommes et il vient sur Tanith pour prendre le commandement de trois régiments de soldats d'infanterie légère aux talents plus que prononcés pour la reconnaissance et l'infiltration. Tanith est un monde forestier à la technologie pré-industrielle où les arbres migrent tels de placides pachydermes obligeant les habitants à développer un sens inné de l'orientation et de la survie. Malheureusement, Tanith est aussi un monde condamné. A peine arrivé, Gaunt doit prendre une décision au summum de l'impopularité. Celle d'abandonner ce monde subitement soumis à une invasion de redoutables créatures sanguinaires vouées à des puissances maléfiques. Plutôt que d'engager un combat perdu d'avance, il ordonne le retrait du plus de soldats possible, abandonnant les civils avant l'anéantissement de la planète par des bombardements titanesques.

Ainsi ne dispose-t-il plus à l'issue de cette débâcle que d'assez de soldats pour constituer un seul régiment qui ne pourra se prévaloir d'une longue lignée : le Premier et Unique de Tanith. Un régiment constitué de soldats sans patrie : Les Fantômes de Gaunt...

Mais même impopulaire, le Commissaire saura mener ses hommes Non par la contrainte, mais par l'exemple, non par le sacrifice aveugle, mais par l'emploi à bon escient des extraordinaires capacités de discrétion de ces soldats. Peu à peu, avec Gaunt on apprend à connaître et apprécier la précision sans pareille et la folie douce du sniper Larkin ; la force de caractère et la volonté farouche du Major Rawne dont le rêve est de planter son couteau dans le dos du Commissaire ; la puissance physique et la gentillesse de Bragg ou enfin la simplicité et le dévouement du soldat de 1ère classe Caffran...

A travers ce recueil des trois premiers romans de la longue oeuvre de Dan Abnett, les Fantômes commencent à écrire leur légende...

Si l'on s'affranchit de la visée éditoriale de base : à savoir soutenir la vente de soldats de plomb et de règles et de suppléments pour les faire s'affronter, il reste à mon avis un état de fait. Dan Abnet sait trouver le ton juste pour emporter son lectorat sur le terrain de la science-fiction militaire. En décrivant simplement les faits d'arme d'un régiment d'exception pris dans une succession de conflits, il ne cherche pas à dégager une morale pro ou anti-militariste. Ce sont ces hommes et ces femmes auxquels on s'attache et peu à peu à la communauté qu'ils fondent. Peut-on cependant concéder qu'ils survivent dans des conflits absurdes et gigantesques décidés par des hiérarchies supérieures largement déconnectées des réalités des zones de guerre...

Dan Abnett, c'est aussi une rythme judicieusement adapté aux événements qu'il présente. On est entraîné avec les Fantômes dans la frénésie des affrontements et on supporte avec eux les longues phases d'attente. La diversité des personnages, leurs caractères marqués fait que l'on s'attache à certain et que l'on apprécie peu d'autres. Mais jamais on ne se désintéresse de leur sort au milieu de l'action.

La Fondation ne présente que les prémices de l'extraordinaire légende du Premier et Unique de Tanith. Il est accessible à tous car peu ancré dans les dogmes de l'univers de Warhammer 40.000. Il est un parfait exemple du genre initié avant la Première Guerre Mondiale par le Colonel Driant – connu sous le nom de Danrit – La science-fiction militaire.

Il n'a, à mon humble avis, qu'un seul défaut. En reprenant sa licence de publication après l'important travail de l'éditeur français la Bibliothèque Interdite, l'éditeur anglais original Black Library s'est trompé dans la réédition sous forme de recueil et dans un format peu pratique de cette première trilogie.

Je me fends toujours d'une conclusion dans mes chroniques.

" Quelle soit nécessaire ou justifiée, n'oublier jamais que la guerre est un crime ." Ernest Hemingway.


Lien : http://emaginaire.canalblog...
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