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Critique de yanndallex


Marguerite Abouet, bien connue pour ses BDs d'un autre registre (Aya de Yopougon, Akissi...), accompagnée par Charli Beléteau, scénariste pour le cinéma et le petit écran (Itinéraire d'un enfant gâté, plus belle la vie), nous livrent ici un ouvrage particulièrement intéressant.
Une autre vision de l'Afrique que les Aya de Yopougon, façon western et fictionnelle, mais reflétant tellement aussi le phénomène de migration vers un pseudo eldorado Européen...
Le tout illustré par le magnifique dessin du grand Christian de Metter (Au revoir là-haut, No Body, Rouge comme la neige etc...)
Cette aventure est annoncée en quatre tome par l'éditeur Rue de Sèvres.

Le dessin :

On n'est jamais déçu par le dessin réaliste de Christian de Metter.
Son trait est puissant, épais et imposant. Les dessins ne regorgent pas de détails mais sont simplement beaux !
Chaque vignette semble être une oeuvre d'art d'un peintre au talent exceptionnel.
Les personnages ont tous une individualité marquée et unique, identifiée sans commune mesure dans le trait du dessinateur.
Christian de Metter sait rendre un personnage détestable ou à l'inverse un individu totalement charitable, mais il sait aussi inverser les tendances car il est bien connu que chaque être possède un coté ange tout comme une facette démon !
Et les individus représentatifs des westerns sont bien présent : les cow-boys représentés par les migrants, les indiens sous les traits des natifs et des errants, le prêtre cherchant le compromis et la paix, le bon et la brute, les truands etc... A l'exception peut-être du shérif et du croque mort.
Les cadrages rappellent évidement ceux des westerns spaghettis : des plans larges avec des perspectives prononcées, des plongées ou contre plongées instituant un caractère et un suspens indéniable etc...
Du grand art inspiré probablement des classiques audiovisuels.
Les couleurs directes rehaussent aussi les ambiances dures et tendues générée par le contexte scénaristique et environnemental. Elles évoquent le coté chaud et sec désertique de l'Afrique mais aussi des westerns.
Dès les premières pages, en couleur dominante rouge-orange crépusculaire, on en a pour notre plaisir visuel.
Ces illustrations sont juste époustouflantes !

Le scénario :

Tous les ingrédients du western font évidemment la composition de cette histoire.

D'une part les personnages emblématique sont présents (bons, brutes, pasteur, voleurs, patronat autoritaire etc..).
D'autre part le contexte se prête aussi parfaitement au genre.
Errants, migrants et natifs sont comparables aux cowboys, indiens et résidents.
Il y a aussi cette notion de pouvoir par la peur et/ou l'esclavagisme, puis cette course à l'or et l'Eldorado représenté pour les migrants par l'Europe, pour les natifs et les escrocs par l'économie directe ou secondaire que la "route de l'ouest" peu apporter au village tel les chemins de fer des westerns.
Ce sentiment d'injustice est omniprésent aussi : les errants se voient envahir et coloniser leurs terres, l'entrepreneur se fait doubler par ses employés etc...
On sent aussi irrémédiablement l'histoire trouble d'Ange...
L'environnement aussi est typique de cette catégorie de film : un village perdu au milieu du désert, un bar représentant le saloon, une maison close pour le coté filles de joie, Un piano etc...
Mais tout se passe en Afrique de nos jours et non lors de la conquête l'ouest américain (d'où probablement le petit clin d'oeil avec le nom de la route en construction).
Le découpage est simple mais très "aéré" avec de grandes cases peu nombreuses par page, et surtout non envahies par des dialogues (et/ou une narration) abondants.

Ce premier tome à considérer comme une introduction pour les trois autres à venir, fini tout de même avec une belle dose d'action et nous laisse donc dans l'expectative de la suite.
Marguerite Abouet et Charli Beléteau surprennent avec ce récit contemporain reflet d'une société difficile, magnifiquement bien illustré par l'excellent Christian de Metter.

Lien : http://www.7bd.fr/2018/04/te..
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