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Critique de LaBiblidOnee


Très touchant, ce tout petit roman de 150 pages qui a tout d'un grand.


Eden est un soldat d'élite dont l'unité a sauté sur une bombe en Irak. Tous sont morts sauf lui, dont il ne reste que 30 kilos sur ses 100 de départ. Sa vie ne tient qu'à un fil, celui du respirateur de l'unité des grands brûlés de l'hôpital. Tout le monde sait que ce n'est une question de temps avant qu'il ne succombe à son tour : un corps dans son état ne reste pas en vie très longtemps, et de toutes façons c'est une vie de semi-conscience entre douleurs et médicaments, immobilité et cauchemars, délires post-traumatiques et médicamenteux. Eden aimait la vie, les défis, le bon vin et les sauts dans le vide. Il est désormais dans ce vide, entre la vie (ou ce qu'il en reste) et la mort (qui rôde et se rapproche). Mais si les médecins proposent de débrancher le respirateur pour abréger ses souffrances, sa femme ne veut pas être celle qui l'abandonne. Pas encore une fois...


Les actes passés pèsent sur les consciences et influent forcément certaines décisions. Pour nous aider à comprendre le drame qui se joue dans cette chambre d'hôpital, l'auteur fait raconter le récit de ces vies mêlées par le meilleur ami d'Eden, collègue mort lui aussi dans l'explosion. Nous avons ainsi, au compte-goutte, des informations sur la personnalité de chacun, leur vie commune mais aussi individuelle : à l'entrainement pour Eden, à l'attendre à la maison pour son épouse Mary ; Nous en apprenons plus sur le drame qu'ils vivaient et qui joue forcément un peu, aujourd'hui, dans la décision de Mary. Chaque chapitre intercale passé puis présent, dans une imbrication d'émotions parfois intenses pour le lecteur. Et si je ne suis pas restée indifférente à ce que vit Mary, ni à ce qu'elle a traversé dans sa vie de couple en tant que femme de militaire, j'ai été bouleversée par la personnalité de battant d'Eden, par ce qu'il vit de l'intérieur à l'hôpital, enfermé, prisonnier d'un corps qui n'est plus le sien et de souvenirs déformés, ainsi que par la manière dont il ne cesse jamais d'essayer de communiquer, avec les moyens qu'il a et ce qu'on lui a appris, espérant que quelqu'un, enfin, le comprenne et l'aide.


Ce sont ces moments qui m'ont le plus intensément touchée. D'abord parce qu'en nous dévoilant le passé d'Eden, on comprend l'enfer qu'il vit dans cet hôpital, dans sa tête et dans son corps ; et c'est insupportable - ce que l'on voudrait expliquer à Mary qui, elle, ne peut pas le vivre de l'intérieur, enfermée dans sa propre souffrance. Mais aussi parce qu'ils mettent en balance l'homme fort et plein de vie qu'il a été, avec l'homme tellement diminué mais si tenace qu'il continue d'être. Et cette volonté à elle seule prend tellement de place, est tellement humaine, puissante, est tellement l'expression de l'homme qu'il a été - et qu'il est toujours, ne peut-on s'empêcher de penser à ce moment-là - que l'on se surprend à comprendre la réaction de Mary, même si notre raison logique voudrait la combattre pour abréger toutes ces souffrances. Mais En attendant, Eden attend l'Eden, sa délivrance.

La plume et le rythme sont vraiment confortables, mais ce sont les derniers efforts d'Eden qui me font attribuer la dernière demi-étoile. Quand l'instinct de survie qui s'épuise affronte l'amour : Un texte court mais de toute beauté, criant d'émotions contenues, délivré par un auteur ayant servi pendant neuf ans dans le Corps des Marines des États-Unis (2003-2012). Ancien membre des forces spéciales, il a effectué cinq missions en Afghanistan et en Irak. Alors autant vous dire que ce texte, non-seulement on y croit mais on le vit. Un coup au coeur, presque un coup de coeur.
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