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Critique de PinkCatReading


Une idée de départ assez simple : Claire, la vingtaine, caissière à Shoppi, souffre encore de la disparition de son frère Loïc, il y a deux ans, suite à une dispute avec leur père. Il lui envoie cependant régulièrement des cartes postales et lui affirme : "je vais bien, ne t'en fais pas". Difficile pour la jeune fille de rester là, à attendre...elle décide de partir sur les lieux d'où provient la dernière carte de son frère pour peut-être le retrouver...

Je n'avais pas vu le film, qui me dit toujours d'ailleurs, voir encore plus qu'avant, et c'est avec impatience et plaisir que j'ai commencé ce livre. Sans savoir grand-chose de l'histoire, ayant en tête la chanson U-turn (Lili) du groupe AaRON et le visage diaphane et pur de Mélanie Laurent.

Je suis partagée entre deux ressentis : j'ai bien aimé mais pas trop quand même...D'un côté j'ai trouvé le fond de l'histoire touchante, j'ai bien apprécié le traitement de l'absence qui finalement rempli ce court roman et la tristesse, la solitude qui gonflent encore le tout. D'un autre côté, que dire du style de l'auteur...qui apparemment divise beaucoup...et bien j'ai trouvé que le style minimaliste était percutant : le rythme est très saccadé, les phrases courtes, hachurées, brutales. Tout cela ne nous laisse aucun répit et c'est cette contradiction entre une histoire lente, où il ne se passe pas grand-chose finalement et une écriture qui presse, qui va vite comme pour nous faire courir après Loïc que j'ai trouvé intéressante. C'est fatiguant. Cette dualité m'a donné mal au cœur, ça va doucement mais ça tourne, ça va doucement puis ça accélère...on n'est pas loin du malaise, le malaise de toute cette famille qui surnage à peine après la disparition d'un être enfant, d'un frère.

J'ai été un peu déçue par les personnages, que je n'ai pas trouvé assez fouillés, mais n'oublions pas que le personnage principal, c'est l'absence...et elle est bien présente et déploie ses ailes tout au long de l'histoire à travers la figure de Loïc. Son ombre plane tout le temps, Claire ne cesse de penser à lui, à ce qu'il aurait dit ou fait et ne se sent pas capable de gérer certaines situations mais Loïc, lui aurait su. L'absence lui a pris beaucoup, la joie de vivre, la santé, l'estime de soi, la confiance en l'autre...La vie De Claire est triste, elle m'a fait de la peine cette petite qui enchaîne les malheurs, les déconvenues, les échecs, qui pense trouver du réconfort auprès d'hommes sans vraiment le chercher (pour remplacer la présence masculine de son frère?) mais qui finalement tombe sur des loosers.

Trop de réalisme tue le réalisme. Ok pour la critique sociale et la vie des gens lambda mais là, j'ai oscillé entre ennui et fascination pour ces petits détails de la vie, de notre vie, qu'on a tous plus ou moins vécus et qui sont présentés ici et qui font dire "ah oui, c'est vrai !" comme la description des odeurs selon les saisons : "Ça sent le soir, petite odeur de fumée, humidité brumeuse si c'est l'automne, l'hiver, parfum de soir d'été sinon, comme partout ailleurs, les fleurs lavées, les pelouses mouillées, la douceur de l'air. ».

Par contre, l'énumération de l'intégralité des articles achetés par les clients passant à la caisse De Claire, et ceci à plusieurs reprises, je dis mais pourquoi? Une fois, d'accord, pour bien enfoncer le clou sur le côté harassant et sans intérêt de son métier mais là, non, ce n'était pas la peine! Toute cette pub encombre le livre déjà court! Et puis pas mal de caricatures/clichés : des étudiants qui prennent de haut la petite caissière, des beuveries soirées étudiantes, des jeunes hommes qui sont finalement des sales types ou des paumés pour la plupart...

Une lecture découverte : je n'ai pas été bouleversée mais je ne suis pas restée insensible non plus...je reste également un peu sur ma faim quant au dénouement qui est aussi brutal que toute ces phrases saccadées même si on le sentait venir. Je me suis dit que le roman ne nous a offert qu'une tranche de la vie de ces personnages qui peut, si on a de l'imagination, continuer sans nous, comme si nous avions été les témoins d'un moment en particulier et que nous devions abandonner ce côté voyeur pour les laisser avancer, se reconstruire peut être...
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