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Critique de brigittelascombe


"Sarah m'avait foutu à la porte de ma propre vie".
L'écrivain Paul Steiner "impossible à vivre" a du mal à accepter le rejet de sa femme Sarah et l'éloignement de ses enfants, sur lesquels se greffent Paris, "qui ne lui vaut rien" et la mésentente avec son frère (dont les discussions politiques tournent aux "engueulades").
Entre deux cachets et deux whiskys, il quitte Saint Malo pour V. le voilà parti chez ses parents ( endettés pour acheter un pavillon de banlieue près de cités HLM), suite à l'hospitalisation de sa mère en état de confusion mentale. Plein de ressentiments envers son père qu'il veut aider mais qui ne l'aime pas et "n'a rien vu" venir, ni le cannabis de ses jeunes années, ni le "prozac" maternel, Paul, plein de préjugés, retrouve ses souvenirs et copains d'enfance.
Lui qui a toujours regretté de ne pas "être né ailleurs", s'est "embourgeoisé" de par l'argent qu'il gagne, ce que lui reprochent ses anciens amis, mais, paradoxe, il ne veut surtout pas être dans la peau d'un "bobo".
Un nez cassé plus loin, celui de l'amant de sa femme, une tentative de noyade plus tard, celui de la fragile Sophie "en cage" maritale, sa maîtresse énamourée, il découvre un secret de famille. Entre deux actualités télévisées sur la campagne électorale (résolument anti-fachos, il s'insurge que son père, ancien ouvrier, puisse voter pour la "Blonde") et le drame du nord du Honshu, c'est un véritable tsunami intérieur qui déséquilibre ce dépressif nostalgique "trop coincé" et en lisière de tout.
Qu'est-ce que la réalité du monde? Peut-on écrire utile? Se réfugie-t-on dans l'écriture pour vivre? Quel sens donner à sa vie? Les gens sont-ils "rongés par l'ennui"? "Quel mal y a-t-il à mener une vie normale?" A-t-on "la vie qu'on mérite"? Peut-on rattraper les relations (avec ses parents) basées sur des non-dits, dés le départ? A quoi tient un couple?
Que de questions en attente de réponses. Paul, toujours amoureux de sa femme, se remettra-t-il en question?
C'est triste, cette génération Paul Steiner aux rêves écroulés, c'est triste, c'est du Olivier Adam, c'est Olivier Adam qui a mis beaucoup de lui dans cette autofiction.
Dans les lisières, nous retrouvons l'atmosphère glauque et étouffante de Falaises et de A l'abri de rien ((prix France télévision 2007), avec toujours cet équilibre fragilisé, border-line du à la perte d'un proche dans la jeunesse ou l'enfance.
C'est triste mais beau car percutant et diablement bien écrit!
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