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Critique de le_Bison


Antoine, Marion, Paul et Hélène, Marco, Sarah, Coralie, Delphine, Serge, Anouck, Eric, Alex, Laure, Clémence, Léa, Florian, Louise, Perez, Mélanie, L'équipe de foot amateur, Cécile, Grindel, Jeff, Antoine. Cela en fait du monde pour un seul roman, une seule histoire, plusieurs histoires même qui s'assemblent comme dans un puzzle de la vie.

22 personnages aux portraits de la France d'aujourd'hui avec ses problèmes, ses inquiétudes, ses moments noirs. Oui, la vie est sombre selon Olivier Adam. Sombre et triste. L'espoir a abandonné toute velléité ou presque. Et pourtant, à travers ces figures, se dessine notre société moderne, celle des gens qui déambulent sur une corde raide au-dessus d'un précipice et qui tente de ne pas sombrer dans le gouffre encore plus sombre de la mort. Toujours à la limite de la rupture, du chômage ou de la délinquance. Des mots vifs et ciselés qui strient les pages griffonnées par un auteur qui sur ce coup-là m'a encore épaté. Parce qu'il n'est pas évident de s'intéresser à ces inconnus que seul un prénom les différencie.

Bord de mer, les vagues se déchainent contre les digues, le soleil s'est éclipsé pour laisser le place à de terribles nuages noirs portés par un vent pénétrant. Une pluie torrentielle nappe corniches et plages. Des jeunes inconscients, des vieux abandonnant la vie, des infirmières. La tempête aura le mérite de faire croiser ces gens, douleur de la mort, difficulté du monde quotidien. Oublie. Oublie que tu vis. Oublie qu'à la fin du mois, il ne te reste plus rien pour bouffer ou pour habiller ton gosse que tu ne vois presque plus parce que tu cumules les jobs et les heures de travail. Oublie ce gros porc en Audi ou en Mercedes qui a essayé de te mettre la main au cul et de te prendre dans cette chambre d'hôtel. Oublie cette agression, ce braquage, ce coma, cette mort, cette disparition, ce match de football où l'équipe amateur affrontera bientôt les canaris. Oublie que le monde est sauvage et sans pitié pour ces gens, pas loin de devenir des marginaux, mais surtout tout près d'être oubliés par la société. Parce qu'après tout, tout le monde s'en fout. Pas assez pauvre. Pas assez riche. Un toit, un boulot. Un toit qui ne tient presque plus, un boulot de merde – quand ce n'est pas deux.

Non, n'oublie pas. Je n'oublierai pas parce que je sais qu'il n'en faut parfois pas beaucoup pour basculer dans le précipice, pour tomber de cette corde tendue qui relie les points de notre vie. Lire Olivier Adam n'est pas d'une grande joie, ce serait même l'inverse, une tristesse d'une immense profondeur. Noir, comme les nuages qui ont peint ce ciel de Méditerranée un matin d'hiver d'une station balnéaire hors-saison dans le massif de l'Estérel. Gris comme cette pluie qui s'abat sur les quelques personnes gravitant encore hors du caniveau de cette ville vidée de ses touristes. Il n'y a pas d'espoir dans la vie de l'écrivain, mais il y a surtout une certaine rage qu'il ne contient plus, une rage pour évoquer ces gens que la société a tendance à oublier.

« Peine Perdue », vingt-deux petits portraits tristes, mélancoliques, chargés de haine et de désespoir mais surtout un concentré d'émotions qui te bouleverse, te renverse, te chavire à l'image de ce tsunami venu déverser son flot de violence et déchainer le rivage d'une violence frappante, à tout jamais marquante. Comme une chanson de Bruce Springsteen.

Antoine, Marion, Paul et Hélène, Marco, Sarah, Coralie, Delphine, Serge, Anouck, Eric, Alex, Laure, Clémence, Léa, Florian, Louise, Perez, Mélanie, Cécile, Grindel et Jeff. Des prénoms qui ne s'oublieront pas de si tôt.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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