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Critique de Blandine2


J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique de Janvier.
C'est une première pour moi, et j'en suis ravie !

Le livre :
Avant de l'ouvrir déjà il étonne !
Sa forme est inhabituelle.
Le petit format des livres de poche, très peu de pages ( 48 pages au total + la couverture), un papier très épais, non seulement pour la couverture mais également pour l'intérieur, une texture papier proche du Velin et dans un grammage de 300g environ. Une finition cousue, ce qui ne se fait plus guère... Bref un petit livre qui déjà interpelle par sa forme, car il ressemble à un petit objet.

Le texte lui aussi étonne.
Par sa forme tout d'abord : on voit tout de suite, avant de commercer la lecture, qu'il n'y a pas de ponctuation du tout . Il y a pourtant des chapitres, mais ils s'enchainent sans coupure, sans majuscule. Il y a des paragraphes aussi, et des sauts de lignes, mais là non plus, ni ponctuation, ni majuscule pour nous aider à nous repérer dans ses lignes ininterrompues, pour nous faciliter la lecture. Et pourtant le texte coule, sans que l'on en comprenne bien le sens.

Le texte étonne également par son style : il s'agit plutôt d'un long poème en prose, avec des répétitions qui donnent le sentiment que tout se répète sans cesse, que tout n'est que recommencement, que tout n'est que destin.
Les phrases ressemblent à des versets d'un texte inspiré d'une religion.

Mais l'originalité ne s'arrête pas là :
La genèse de ce texte est étonnante . La collection XVIIe propose à des auteurs d'écrire un texte inspiré par un tableau du XVII siècle exposé au Louvre... et Emmanuel Adely, l'auteur, a choisi le Portrait d'Olaf de Wignacourt par le Caravage.
Je m'attendais donc à un texte sur le tableau et la vie du peintre.
Que nenni ! ce texte raconte en fait le Grand Siege de Malte en 1565, mené par les Ottomans pour prendre possession de l'archipel et surtout en chasser l'ordre des chevaliers de Saint Jean de Jérusalem.
Une bataille horrible, un siège particulièrement difficile et sauvage, où 2 armées se sont écharpées au nom de Dieu ... et des richesses à conserver ou à voler.
Et parmi ces guerriers il y en a un qui du haut de ses 18 ans s'est fait remarquer par sa bravoure.... C'est le fameux Olaf de Wignacourt, qui, une fois devenu riche et Grand Maitre de l'ordre de Malte, commandera à Caravage, de passage à Malte, ce fameux tableau où on le voit toute en gloire dans sa superbe armure.

Mais le texte évoque à peine le tableau, la commande et Caravage.

Il est totalement centré sur le siège.
Et à travers ce texte, c'est toute l'horreur des guerres, dans leur triste universalité, qui est évoquée.
Toujours au prétexte d'un Dieu outragé, des guerres se font et se feront avec cette bêtise de part et d'autre, cette conviction que l'autre est à abattre, à violer, et que sa misérable dépouille ne mérite que profanation.

Pour comprendre ce texte, il m'a fallut lire quelques ouvrages sur ce qu'avait été ce grand siège de Malte.
J'ai relu ensuite "et sic in infinitum" plusieurs fois ( 48 pages ! ca va ! ) et j'ai trouvé chaque lecture plus belle et intéressante que la précédente.
Le titre " et sic in infinitum " prends tout son sens .

il y a dans ce texte une violence inouïe servie par une écriture très poétique.
Je recommande cette lecture vraiment intéressante à plus d'un titre!
Je remercie Babelio et la Maison du Négoce Littéraire Malo Quirvane pour cet envoi .
Jamais je n'aurai eu même l'idée d'ouvrir ce livre sinon.


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