Pendant un an,
Sandra Ndiaye a été référente culturelle dans une maison d'arrêt. Chargée d'organiser les divers ateliers proposés aux prisonniers, elle travaille au sein-même de l'institution : c'est son expérience qu'elle raconte dans l'album « A l'arrêt », dont je vous recommande la lecture.
Pour situer son témoignage, elle estime d'abord nécessaire de se situer elle. C'est une jeune femme métisse, qui, explique-t-elle, a eu la chance de naître dans un milieu favorisé où sa différence ne l'a pas conduite à être stigmatisée. Mais elle en a aussi conçu, très jeune, dans ce qu'elle pouvait voir autour d'elle, à l'étranger ou dans son propre pays, une aptitude certaine à repérer l'injustice liée à la couleur de peau ou à la condition sociale. Son regard n'en est que plus empathique et aigu lorsqu'elle observe le milieu carcéral et ses travers. Mais elle s'interroge aussi sur les chemins qui mènent à la prison et notamment la « trouble réalité » de certains détenus, dont le comportement ne permet pas de deviner les actes terribles qu'ils ont commis.
« A l'arrêt », en plus de partager une tranche de vie singulière, émaillée d'anecdotes croquées sur le vif, propose une réflexion structurée et approfondie sur la notion d'emprisonnement (appuyée sur la lecture que fait l'autrice du livre de
Didier Fassin paru en 2015 : «
L'ombre du monde : une anthropologie de la condition carcérale »). le dessin, d'un réalisme sobre, illustre efficacement le propos de cet album qui nous invite, sur les pas de la narratrice, à questionner ce que nous pensons savoir.
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