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Critique de Patsales


Le Tigre Blanc est le surnom de Balram, dont la confession adressée au premier ministre chinois (qui visite l'Inde pour prendre exemple sur la réussite de ses entrepreneurs), va dérouler la vie de cet anti-héros cynique et malin, depuis son village natal sur les bords sordides du Gange, jusqu'à Bangalore, la silicon valley locale. Il va dévoiler au dirigeant chinois les dessous de la réussite économique de l'Inde. Ils tiennent en deux mots : soumission et corruption. le système des castes fabrique des employés corvéables à merci, résignés à vivre misérablement et reconnaissants des moindres privilèges qui leur échoient, blattes des taudis de fonction comprises. Les bien nés arrosent la police et les hommes politiques et font régner la terreur chez leurs serviteurs dont la famille peut être torturée s'ils ont le malheur de regimber. Mais plus que la terreur, c'est la familiarité qui est la clé du système : le bon serviteur masse les pieds de son maître, accepte de se dénoncer à la police pour éviter à sa maîtresse d'aller en prison, et, en chauffeur attentionné, choisit une musique romantique quand il sent approcher la scène de ménage. Mais, lorsqu'un maître s'avise d'être une belle âme et veut concilier les valeurs occidentales d'égalité et l'absolue soumission à laquelle il est habitué, il ouvre les portes de la révolte à celui qui ne peut être Rastignac (le plafond de verre est au niveau de la cave), pas même Vautrin (ou alors seulement celui qui se cache, sans jamais atteindre la respectabilité du repenti pardonné) et qui ne peut être que Nat Turner.
Balram Halwai a gagné son surnom car sa volonté de s'élever est aussi rare que l'est un tigre blanc : autant dire que s'il parvient à passer de l'Inde des maigres à celle des gros, c'est en clandestin solitaire, appliquant les seules recettes qui vaillent, celles de ses anciens maîtres, et sans illusion sur sa fin programmée.
Écrit par un journaliste, ce roman sarcastique, cruel et amoral se moque de toute bien-pensance: les damnés de la Terre et les riches qui les insultent forment une ronde échevelée, menés par le même désir fou et désespérant de ne jamais rien changer.
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