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Critique de PrettyYoungCat


A la croisée des chemins entre témoignage et essai, Les transgressives est un livre écrit par une jeune journaliste française d'origine algérienne.

La quatrième de couverture parle des dissimulations et mensonges auxquels les jeunes femmes d'origine maghrébine ont recours - pour certaines d'entre elles - vis-à-vis de leur famille quant à leur mode de vie.
Pour être franche, si j'ai postulé pour ce livre lors de l'opération Masse critique, c'est parce que je pensais qu'il traitait de féminisme.

En fait ce n'est pas du tout le cas, mais passée cette déception première, je me suis vraiment laissée embarquer par Rahma Adjadj dont l'écriture est agréable. le sujet quant à lui traite de la question identitaire des personnes racisées.

L'autrice, pour approfondir son sujet, nous parle de l'histoire personnelle de son père et de sa mère, des traditions qui ont déterminé leur parcours de vie... Histoire personnelle est finalement mal à propos dans la mesure où dans la culture arabo-musulmane, il n'est pas question de "je" mais de "nous". "Nous" la famille, "Nous" la communauté, etc.

Rahma nous fait part de sa propre quête identitaire entre ses origines dont elle a d'abord eu honte avant de les renier carrément, avant d'entamer un travail vers une réconciliation entre les traditions algériennes qui font sa culture, autant que le mode de vie à la Française.
On la sent morcelée à bien des égards entre ces deux parties d'elle-même. Elle critique et défend l'une et l'autre...
Le côté patriarcal de sa culture d'origine par exemple, et le racisme ordinaire des Français de l'autre (avec par exemple la question qui revient souvent "Tu viens d'où ?").
Elle développe beaucoup de réflexions intéressantes, mais souligne en fin d'ouvrage avec une belle lucidité que certains questionnements restent irrésolus. Entre son besoin de s'émanciper en tant que femme indépendante, qui puisse vivre seule et entretenir une relation avec un homme blanc non musulman - ce qui est totalement prohibé dans la tradition musulmane - et la nécessité pour elle de respecter les valeurs de ses parents.

Elle conclut pour finir sur une note qui m'a semblé très juste : elle n'est pas ou Algérienne ou Française. Elle est les deux.
Et cette réflexion m'a fait penser à James Baldwin à propos des Noirs-Américains. Celui-ci soulevait en effet que ceux-ci ne sont plus Africains, mais ne sont pas non plus Américains (on ne leur en a jamais laissé la place). Il a fallu qu'ils inventent leur propre culture. Celles des Afros-Américains.
C'est ainsi en tout cas que j'ai entendu Rahma.

Une lecture enrichissante pour moi dont je remercie Babelio et les Editions Les Arènes.
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