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Critique de Titania


C'est une histoire d'amour et de guerre particulière et intense que je viens de terminer, en refermant ce roman autobiographique. Je reste encore étonnée qu'il ait été publié treize ans après la mort de son auteur.

Il raconte le huis clos dans des camps de prisonniers de la seconde guerre mondiale. Un style éblouissant vous embarque dans ce récit sans temps mort, merveilleusement construit, qui évoque les événements et dissèque les sentiments avec délicatesse.

Le narrateur, c'est Tom Smith, qui reçoit des années après les événements, un courrier de Danny, son compagnon de captivité, qui le replonge dans leur Odyssée entre Tobrouk, l'Italie, l'Allemagne, et le retour en Angleterre, dans ces « paradis amers » que les hommes plongés dans les pires situations de privation construisent sans cesse, avec des petits riens.

Dans les camps, c'est toute une société d'hommes qui se met en place, avec son économie interne, au départ calquée sur la hiérarchie militaire, et les groupes nationaux, puis qui invente ses propres réseaux de troc et petits services. Petite chronique d'un quotidien fait de dénuement magistralement évoqué !

La promiscuité, la faim, l'ennui exacerbent les passions et ce sont des histoires d'amour et de haine qui naissent au fil des années de cette captivité. La frontière est mince entre l'homosexualité assumée de Tony, le charismatique metteur en scène, et le triangle amoureux de Tom, Douglas et Danny, qui se débattent entre amour et jalousie qu'ils ne reconnaissent pas comme tels. Entre langage viril brocardant les homosexuels, émotion du contact des corps et pudeur des sentiments, qui les effraient, l'auteur pointe avec subtilité les contradictions résultant de l'éducation qu'ont reçu ces hommes, les blessures héritées de l'enfance et le contexte particulier de la captivité qui les fragilise tellement.

J'ai beaucoup aimé les pages particulièrement lyriques sur le théâtre, lorsque Tom découvre le bonheur de jouer un rôle sous la conduite d'un Tony dont la passion pour son art ouvre un réel espace de liberté derrière les barbelés.

Tatamkhulu Afrika, dont le nom dans la langue de Nelson Mandela signifie « grand-père de l'Afrique » est l'un de ces écrivains de l'Afrique australe qui comme Nadine Gordimer, John Maxwell Coetzee ou André Brink, savent peindre la tragédie et les tempêtes de l'âme humaine, sans demi mesure, avec force et émotion.

un vrai bonheur de lecture, et une très heureuse découverte !

Je remercie tout particulièrement l'éditeur et Babelio, pour cette opération masse critique


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