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Critique de Annette55


«  le monde est dur pour les plus petits » .
Citation de Lilian Gish dans la nuit du chasseur, p 120 .
«  Il n'y a pas plus sombre ennemi de l'art véritable que la poussette dans le vestibule » Cyril-Connolly . P'75 .

«  Les mères n'écrivent pas, on les écrit » . Susan Suleiman .

«  L'identité de mère avait fini par dévorer toutes les autres et avait exilé tous mes autres moi du passé vers de lointaines contrées Écrivaine , moi ?
Salariée ? Épouse ? Fille ? […….] .Ce n'était pas possible, pas possible » …
Quelques citations de ce roman mené à la manière d'un thriller.de très mauvais goût .
Alors qu'elle fait ses premiers pas balbutiants dans le domaine de la maternité , elle vient d'accoucher d'un petit Erik , une romancière à succès apprend qu'une de ses anciennes connaissances Jade autrefois, Alice aujourd'hui vient de noyer ses jumeaux Alex et Angela après un très long parcours : analyses de sang , spermogrammes , échographies , comptage des follicules insémination artificielle , Alice était.venue avec son mari Ritxi , vingt deux fois, dans une clinique spécialisée… plus visites à un psychologue , ces situations peuvent fragiliser le couple ….
Bien sûr , ce fait divers secoue toute l'Espagne , mais pour l'écrivaine cela devient une obsession .

Elle demande un congé sabbatique , non tant pour élever son enfant que pour se lancer dans une enquête approfondie, vertigineuse, sur ce crime jusqu'à se rendre au procès quatorze mois plus tard.

En s'attaquant au tabou des tabous,——l'infanticide , mue par le désir impérieux de comprendre , elle part à la recherche du moindre indice expliquant ce geste , effectue des recherches , relate des infanticides , à travers l'histoire de l'antiquité au moyen âge jusqu'à notre époque contemporaine, à travers aussi certains films italiens ,.
Elle évoque sans fard , avec lucidité et transparence la vie solitaire , ennuyeuse , secrète, entre zones grises et souffrance de cette mère : inconfort, tâches répétitives , fatigue , fragilité psychologique , bouleversements charriés par l'enfantement , succession de tâches ingrates , abêtissantes .

Sur le statut des mères elle déconstruit le mythe de «  mères à l'enfant » celui de la maternité heureuse , radieuse , triomphante et caricaturale vantée par les magazines et revues diverses , au sein d'une société résolue à passer sous silence ces fragilités et gouffres méconnus des mères débutantes : la dualité entre frustration et culpabilité .
Elle démontre sans fard , ni tabou que le rôle de mère peut - être surfait , en vérité , la violence existe chez les femmes , toutes ne sont pas faites pour l'être .

De tout temps, les femmes ont tué leur enfant , par vengeance , mal être , impossibilité de dormir , isolement , confinement ….: Homicide , infanticide , assassinat , de toute évidence insupportables, bien sûr ….

Ce récit sur l'infanticide explore avec intelligence , clarté et en toute transparence, les raisons multiples amenant des mères à ce crime .

Aucune réponse claire n'est apportée , mais cet ouvrage bien écrit , documenté , a le mérite de s'attaquer brillamment à la maternité «  sacralisée » , tant vantée , décrite ,…

. Entre chronique judiciaire et récit intime ——-auquel on ne peut rester indifférent ——— l'auteure ose poser un regard sans concession sur le versant noir de la maternité, mène une réflexion approfondie sur ces choses que les jeunes mères ne font pas , du moins au début , voir du monde, avoir une vie , faire la fête , boire , écrire ….

L'écriture est prenante , transparente , acérée , ce sujet lourd , sombre , dur, est traité de manière intéressante, explicite , intelligente , mettant en lumière imperfections ,et grains de sable , gestes brefs , mais éternels capables de transformer la vie en mort.

Un mal être dont on ne parle pratiquement jamais .

Traduit de l'espagnol par Lise-Belperron.
Un livre qui peut ne pas plaire à tout le monde ….
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