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Critique de nineentreleslignes


Dans « terres promises », la quête était individuelle, une sorte d'Eldorado que chacun essayait de trouver dans le pré du voisin, dans sa tête, dans ses rêves, dans « une saison douce » c'est une quête d'une autre envergure. Celle qui touche l'Europe.
Les envahisseurs et leurs accompagnateurs. Migrants et humanitaires. Ceux qui au péril de leur vie, bravant la Méditerranée, affrontent la violence, l'humiliation, la faim, la mort qui rôde, les séparations, l'arrachement à une culture pour une autre que l'on nous a espéré supérieure, meilleure…
Arrivés par le train, abandonnés à la gare, ils sont Musulmans, Juifs, blancs, Noirs, Syriens, Mauritaniens, professeurs, marchands, filles esseulées, homos, rigoristes, inflexibles, poètes, jardiniers, Saïd Aman, Abdulrhaman, Robin, Naïma, Asad…
Et salut à toi ô mon frère !
Choc des cultures au départ, bouffée d'oxygène à la fin, dans ce petit village Sarde où tous se connaissent. « Nous n'étions pas la crème, mais quand les migrants débarquèrent, nous les regardâmes avec horreur... humains trempés, froissés et gelés, chaussés de souliers éculés. »

 Dans ce village, les femmes mènent leur barque, préservent leurs hommes trop sanguins, parlent fort, à tort et à travers mais ne résistent pas à un enfant mutique et antipathique, à un ancien dealer repenti à la bouche tordu, à un prince arabe sorti des Milles et une nuit, à sa femme douce et sage, comme si elle les avait déjà vécues ses milles nuits, et leur neveu qu'il fallait sauver d'une société intransigeante et rigoriste.
C'est un nationalisme endormi qui se réveille et qui va peu à peu laisser place à un altruisme contagieux, un tourbillon qui déséquilibre les ménages au demeurant (et au quotidien) peu harmonieux. « Nous avions au moins une bonne raison de vivre : nous rendre utiles à ceux qui avaient eu encore moins de chance que nous. »
Sous la narration de Milena Agus, une joyeuse compagnie hétéroclite s'articule autour de la Ruine, sorte d'arche de Noé, mi- bâtiment, mi- friche abandonnée qui sera le théâtre de rencontres, de chocs de cultures, de réparations et de confidences.
 Je suis depuis longtemps une inconditionnelle de l'écriture de Milena Agus, virtuose de l'ordinaire où se côtoie le sordide, le pathétique, le fantasque et le cocasse. Elle sait préserver l'humain avec tout ce qui le compose, grandeur et médiocrité.
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