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Critique de lanard


La structure du livre fait penser a une histoire de droites parallèles qui ne se rencontrent jamais. Or ce qui est raconté dit tout le contraire : ces parallèles là n'arrêtent pas de se rencontrer ; elles ont toutes les propriétés des droites parallèles dites "confondues" en géométrie. Et elles s'acharnent à se croire distinctes.
La première de couverture montre trois parallèles ; la déclinaison du titre de l'ouvrage en trois langues ; du haut vers le bas, arabe/français/hébreu. Il n'est pas certain qu'il ait été intentionnel de placer la langue qui est étrangère (mais pas si étrangère que ça à l'histoire) au conflit de façon à ce qu'elle sépare les deux langues sémitiques des peuples antagonistes. Dans une édition anglaise de cet ouvrage, cette métaphore de l'influence étrangère eut été plus encore plus puissante (mais la France y a toute sa place).
En dessous, un petit dessin montre deux personnages qui se tournent le dos : l'un porte turban, l'autre est blond (curieusement, on n'a pas songé à lui faire porter kippa). Chacun est occupé à arroser les racines de son arbre.

Mais dans la structure de l'ouvrage, dans ce qu'on appelle le paratexte, ce qui frappe c'est la mise en parallèle de ces deux histoires nationales. La maquette du livre impose un parallélisme géométrique.Ces deux récits historiques ne sont pas placés l'un à la suite de l'autre. Il est peu vraisemblable que ce soit pour éviter une querelle de priorité (on peut considérer qu'être lu en premier est une préséance mais cette satisfaction peut être compensée par le fait qu'être lu en dernier vous donne le dernier mot).
C'est donc le choix de présenter les deux textes sur deux colonnes dans chaque page qui à prévalu. Colonne de gauche, l'histoire du point de vue israélien, la colonne de droite le point de vue palestinien. Un trait sépare les deux colonnes. Ce trait vertical de séparation m'a fait immédiatement pensé à un mur : Dieu (Yahweh, Allah) sait combien les murs ont leur importance dans cette histoire désespérante. Il s'agit moins du Mur Occidental de Jérusalem (celui dit des Lamentations par les israéliens et dit d'al-Bouraq par les palestiniens) que de ces bétonnages à miradors qui prolifèrent dans cette région.
Les deux récits semblent se regarder en chien de faïence (contrairement aux deux personnages de la couverture qui se tournent le dos, affairés aux soins de leur racines). L'effet produit sur le lecture n'est pas vraiment d'assister à un dialogue bien que la réalisation de cet ouvrage soit le produit d'un dialogue. le lecteur se sent en surplomb. Il voit le mur vu d'en haut, cette ligne qui sépare les deux colonnes de la page. Cette maquette paraît vouloir flatter le lecteur en lui donnant le point de vue de Dieu. Position intenable.

Nous voici donc devant un ouvrage d'histoire parallèle mais peut-être pas tout à fait dans l'esprit de l'émission du regretté Marc Ferro sur Arte. Mais c'est au lecteur de faire la part des choses. Ce n'est pas simple pour un lecteur français qui ne manquera pas de s'interroger sur l'effet produit par les éditions en hébreu et en arabe de ces textes.
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