...les informations étaient là depuis le début, à leur disposition : la mort progressive des cèdres du Liban, la disparition des botos, ces dauphins d'eau douce, la renaissance d'une haine au parfum de guerre froide, la découverte de la fission, les embarcations remplies d'Africains qui chaviraient. Nul ne pouvait plaider l'ignorance autre que volontaire. Pas besoin de scruter la courbe pour savoir, pas même besoin de lire les journaux car nos téléphones nous rappelaient plusieurs fois par jour, et avec précision, la gravité de la situation.
Leurs corps savaient ce que leurs esprits ignoraient.Les enfants et les très vieux ont cela en commun. A la naissance, on comprend quelque chose du monde.Voilà pourquoi les tout petits affirment discuter avec les fantômes et perturbent leurs parents. Les très vieux commencent à s'en souvenir, mais peuvent rarement le formuler, et les très vieux, de toute façon, personne ne les écoute.
Clay alla chercher la clé.
(p.13)
Emmenez un enfant au parc, il ramassera un bâton. Une sorte de réflexe animal.
Rose n'était pas courageuse. Les enfants sont simplement trop jeunes pour savoir détourner le regard face à l'inexplicable.
L'art était impuissant à les protéger.
Vous vous êtes dit que vous pourriez loger ici ?
Amanda savait bien que ces gens voulaient quelque chose.
Mais c'est nous qui logeons ici !
(p.59)
[…] mais un ballet, ce n'est qu'un ensemble de petites choses plus ou moins organisées autour d'un thème qui n'a pas beaucoup de sens au départ." Comme la vie, songea Clay. Sans le dire.
Elle se tut. Un tel Bruit, comment l'accueillir, sinon en silence?
Il songe que le gouvernement envoyait des hélicoptères pour sauver les cinglés asociaux qui tenaient à vivre dans des montagnes sujettes au feux de forêt. Les gens voyaient ces incendies comme des drames, sans comprendre qu'ils constituaient une part importante du cycle de vie de la forêt. Ce qui était vieux brûlait. Les jeunes pousses grandissaient. Clay continua à rouler. Que pouvait-il fait d'autre ?