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Critique de LadyMeredith


J'ai toujours dit que si je ne devais garder qu'un seul livre ce serait celui-ci. A la croisée des écritures De Balzac et Zola, Clarin nous livre là un des chefs-d'œuvre de la littérature réaliste.
"La Régente" est l'histoire d'Ana Ozores mais c'est aussi celle de Vetusta, une ville de province avec ses codes, ses secrets, ses castes, une ville empêtrée dans ses traditions, une ville où, pour tromper l'ennui, on va à la messe, on trompe son conjoint, on dit du mal de son voisin... Une ville qui a perdu depuis longtemps la clé de sa bibliothèque et qui se complaît dans son ignorance arrogante et satisfaite.
Persuadée d'être superieure à ses vils concitoyens, Ana veut se démarquer. Elle se jette dans la religion pour échapper à la bassesse et verse dans un mysticisme sensuel dont voudra profiter Fermín, le Magistral de la cathédrale tombé fou amoureux d'elle. Blessée, déçue, elle fuit l'Eglise et tombe dans les bras d'Álvaro, Don Juan sur le retour qui veut faire d'elle sa dernière et plus belle conquête. Ana, loin d'être l'ange irréprochable qu'elle ambitionnait patauge alors dans la même fange que ces femelles qu'elle exècre. Abandonnée de tous, ne pouvant trouver refuge ni dans la foi ni dans l'amour, Ana finit bafouée, bannie, privée de vie et de mort
Ici pas de place pour la pureté, pour la vérité, tout est sali et noyé dans la boue et la poussière, les bâtiments, les sentiments, les humains.
Une oeuvre qui parle aussi de la condition des femmes au tournant d'une époque, de leurs droits, de leur désirs, de leur 'pouvoir" et de leur devoir.
Un roman magistral où on trouve passion, politique, sociologie, médecine, stratégie, ambitions, faux-semblants. Une centaine de personnages qui sont autant de facettes de cette Espagne fin-de-siècle, pétrie de catholicité hypocrite et de science balbutiante, sise entre archaisme et modernité, entre devoirs sacrés et empire des sens.
Un monument de littérature, tout un monde qui s'étend sur 900 pages d'une écriture envoûtante.
Le livre d'une vie, celle d'Ana et celle de l'auteur qui n'écrivit que 2 romans, le second nettement moins brillant et sans doute, le livre de ma vie.
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