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Critique de hellrick


Bien qu'il fût un grand nom du genre, Lino Aldani n'a été que rarement traduit chez nous. Cette nouvelle d'une quarantaine de pages figura, jadis, dans le recueil consacré à la Science-fiction italienne dans la collection du « livre d'or ». La voici republiée seule assortie d'intéressants bonus.
L'univers imaginé, en 1963, porte à son paroxysme l'Etat doudou, chargé de veiller sur les citoyens et leur bonne santé : mieux vaut donc ne pas sortir sans avoir pris ses vitamines et tous les médicaments prescrits sous peine de risquer une amende de la Convention Générale Médicale. Et attention, s'il fait froid, prière de porter un vêtement adapté pour ne pas risquer le rhume.
Nicola, protagoniste du récit, s'inscrit dans la tradition des « héros » en butte à l'absurdité bureaucratique et au tout répressif de sociétés dystopiques ne voulant que le bonheur des masses. Bref, plutôt que 1984, nous sommes dans un univers proche du MEILLEUR DES MONDES ou d'UN BONHEUR INSOUTENABLE revisité toutefois avec une bonne dose d'humour absurde qui annonce « Brazil ». Ainsi, l'auteur choisit des anagrammes assez transparentes pour éviter de citer les véritables marques dans son collimateur mais le lecteur n'est pas dupe.
Dans cette anticipation, les soins de santé sont remplacés par des injonctions à ne jamais tomber malade et donc mettent tout l'accent sur la prévention. Mais tout cela coûte cher. Si cher que certains s'excluent, volontairement ou non, de ce système pesant. A leurs risques et périls bien sûr puisque s'ils tombent malades ce sera tant pis pour eux…Evidemment, un jour, notre bon Nicola décide de se rebeller. Pas en sortant les armes ou en allant manifester. Plus égoïstement, il préfère se payer la voiture de ses rêves au lieu de continuer à cotiser…
L'auteur utilise l'humour mais reste crédible, peut-être davantage que les dystopies plus totalitaires à la Orwell : le système est un carcan mais un carcan utile, presque bienveillant. En sortir est possible mais entraine de gros risques. Tout est ainsi calculé en termes de risques acceptables : on peut fumer mais pas plus de quatre cigarettes par jour, etc. L'auteur y ajoute une autre critique envers le mode de vie italien avec cette fascination du héros pour la voiture : pour lui une vie réussie passe obligatoirement par la possession d'un bolide transparent symbole de puissance sexuelle.
Un texte fluide, aux idées intéressantes et à la réflexion toujours actuelle, notamment sur le débat concernant l'accès au soin des fumeurs invétérés, des drogués, etc. Doit-on continuer à faire porter le poids de leur obstination sur l'ensemble de la société? Un récit court mais pertinent, à (re)découvrir.

Lien : http://hellrick.over-blog.co..
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