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EAN : 9782916952949
96 pages
Le Passager Clandestin (20/06/2013)
3.66/5   40 notes
Résumé :
En 1963, Lino Aldani imagine une société encadrée par la consommation de masse et le risque de la maladie. « Je suis en règle [...] voici le thermomètre, les comprimés d'aspirine, les pastilles pour la toux... Ça, c'est la vitamine C ; voici la B-12, l'antiseptique, le leucoplast, la pommade ophtalmologique et l'étui d'antibiotique. J'ai tout ; vous ne pouvez pas me coller une amende. ». La journée commence mal pour Nicola Berti. Il est dans le collimateur de la CGM... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Le nom de Lino Aldani (1926-2009) est cité dans le science-fictionnaire de Stan Barets.

« Ce Romain, ancien professeur de mathématiques, est certainement l'écrivain de S.-F. transalpin le plus connu dans notre pays. Déployant une grande activité critique et de nouvelliste, il fut, avec Massimo Lo Jacono, le fondateur de la revue Futuro entièrement consacrée à la S.-F. italienne, ... »

Je n'avais jamais entendu parler de lui mais il m'a donné envie de lire le Livre d'or de la science-fiction italienne (cette nouvelle figure d'ailleurs au sommaire) et de découvrir d'autres auteurs italiens.

37 degrés centigrades (Trentasette centigradi, 1963) est une nouvelle qui décrit une société régie par un système de soins de santé coercitif qui pèse de plus en plus à Nico.

Les cotisations ruinent et des inspecteurs s'assurent que vous restiez en bonne santé avec une liste plus longue que le bras de règles à respecter.

Un jour, Nico craque… basta! La chute est prévisible mais la réflexion est intéressante.



Challenge mauvais genres 2021
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Une nouvelle fois, la collection « Dyschroniques » du Passager Clandestin exhume un texte très intéressant. Si la plupart des oeuvres, nouvelles et romans, de Lino Aldani ont bénéficié d'une traduction française, cet auteur reste méconnu. Ce « 37° centigrades » ne peut que le faire regretter.

L'accroche de la 4ème de couverture dit ceci : « En 1963, Lino Aldani imagine une société obsédée par le risque sanitaire ». Ce résumé est juste mais très limitatif. Ce thème est en effet abordé dans la nouvelle mais il ne faudrait pas la réduire à cela. « 37° centigrades » est un texte riche qui, en quelques pages, aborde plusieurs sujets. le thème de l'obsession du contrôle sanitaire, s'il est abordé, n'est que secondaire selon moi. le texte aborde en 1er lieu le sujet de la protection sociale et comment ce qui part d'une bonne intention peut être dévoyé par le système capitaliste.
Le récit prend place dans une société où la couverture médicale est conditionnée par le fait d'adhérer à la CMG en payant chaque mois. Dès lors, le citoyen affilié doit subir de nombreux contrôles visant à vérifier que son mode de vie correspond aux préconisations sanitaires de la toute puissante CMG. le héros, Nico, ne supporte plus ce système qui le prive de son libre choix et lui coûte trop cher selon lui. Il faut dire qu'il veut acheter une voiture et n'étant jamais malade il trouve injuste de devoir payer pour les autres. L'individualisme, l'égoïsme et la superficialité de Nico seront punis. Aldani, homme de gauche, dénonce donc clairement l'individualisme forcené et rappelle le bien-fondé du principe de solidarité. Mais, il montre aussi comment ce principe salutaire peut être pourri par le système basé sur la toute-puissance de l'argent. le personnage le plus passionnant, et sans doute alter-ego de l'auteur, est le Professeur Crescenzo. Celui-ci, dans un passage saisissant fait la démonstration de la façon dont la cupidité des plus nantis pervertit une bonne idée. Finalement, l'obsession sanitaire et les privations de liberté qui en résultent, découle de cet appât du gain. Je trouve ce propos infiniment plus riche que celui annoncé sur la 4ème de couverture. le Passager Clandestin ayant publié ce texte en 2020, j'ai l'impression qu'ils ont voulu surfer sur le contexte de la pandémie de covid avec cette accroche réductrice, pensant que ce serait vendeur. C'est bien dommage de limiter ainsi la portée de ce texte.

Le petit dossier qui suit la nouvelle n'est pas vraiment une réussite. A vrai dire, il m'a même semblée un peu bâclé. Ceci dit, l'essentiel reste la nouvelle en elle-même et celle-ci vaut vraiment le détour.
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Je ne connais pas grand-chose de la SFFF italienne ; quelques aventures d'Eymerich de Valerio Evangelisti, c'est tout. Voilà une occasion qui se présente peu souvent. Merci à Aelinel et à Fifrildi d'avoir attiré mon attention dessus.

En 1963, Lino Aldani imagine que l'Italie a développé une couverture médicale générale – c'est encore de la SF dans ce pays à l'époque – mais pilotée par le privé et qui coûte un bras. le pire, c'est que cette innovation a priori positive s'est transformée en dystopie car elle a conçu un règlement surréaliste de contrôle de la population. Impossible de sortir sans tricot de peau si la température est inférieure à gnagna degrés ; impossible de sortir sans son thermomètre et ses cachets d'aspirine, etc. Au moindre manquement, c'est l'amende. Et le système emploie un tas de contrôleurs invasifs aussi insupportables que les commissaires politiques du Parti en URSS.
Mais on a le droit de ne pas adhérer. Dans ce cas, on n'a pas le droit d'être soigné. Un médecin qui soignerait un non-adhérent risquerait la prison. Autant pour le serment d'Hippocrate.
L'auteur nous présente l'histoire de Nico, que ce système énerve et qui hésite à sortir.

Finalement, cela n'est qu'un système tyrannique de plus, mais pris sous l'angle médical ce qui est plutôt imaginatif et non dénué d'humour (assez noir quand même). J'ai apprécié le décor de cette Rome munie de transports futuristes mais que je ne suis pas arrivé à visualiser autrement qu'en noir et blanc dans ma tête lol, comme si je regardais un vieux film de Visconti sur la télé familiale des années 1970. Une exception pour la chouette voiture rouge de Nico (effet Ferrari re-lol). Une caractéristique de l'époque : les gens fument comme des pompiers. On se croirait dans Mad Men.
Je me suis également bien amusé à retrouver les marques célèbres se cachant derrière les anagrammes : Troëncin, Lichemin, Giulia-Gamma (ça c'est pour Alfa Roméo, re-re-lol) ou Demerces.

Il m'est difficile de saisir une morale à cette histoire au final. le système médical est ici intolérable mais il fait le job. En sortir, c'est véritablement raccourcir sa vie.
Une novella assez grise en fait (comme les films en noir et blanc, lol-final).
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Il arrive parfois qu'un texte prenne une signification tout à fait différente selon l'époque dans lequel on le lit.
La publication par les éditions du Passager Clandestin de la nouvelle 37° centigrades de l'auteur italien Lino Aldani n'a d'ailleurs rein d'innocente en pleine période d'épidémie Covidesque et de mesures sanitaires à n'en plus finir.
Écrit en 1963, 37° centigrades imagine une Italie du futur où le citoyen doit se conformer aux règles sanitaires établies par la CMG, une société privée qui gère la santé et qui impose ses lois aux gens cotisant chez eux. Les conventionnés, comme on les appelle, doivent suivre des normes très strictes (et souvent absurdes) comme porter en permanence un thermomètre sur eux pour vérifier leur température et prévenir tout signe précoce d'infection. Interdit également de trop fumer ou de trop boire, d'ouvrir la fenêtre d'un hélibus en plein vol pour aérer ou d'oublier son gilet de corps avant de sortir.
Nico, l'un de ces conventionnés, en a ras-le-bol de ces obligations et de la cotisation qu'il paye à la CMG l'empêchant tout simplement d'acheter ce qu'il désire, notamment l'un des magnifiques levacars qui sillonnent Rome.
Par esprit de révolte ou pour prouver qu'il peut se passer des normes sanitaires, Nico se déconventionne. Mais que se passe-t-il si l'on tombe malade dans ce monde où l'utopie sanitaire a viré à la dystopie ?

Critique du système en 1963…
Lino Aldani offre une réflexion sur le système de couverture médicale dans une Italie qui, à l'époque, se repose principalement sur des systèmes d'assurances privées pour assurer la prise en charge des frais médicaux.
La CMG devient ici une proto-sécurité sociale mais sur un plan strictement privé, semblant avoir pris le pas sur toute autre initiative d'état au point que ni le gouvernement ni le citoyen n'arrive plus à s'en dépêtrer.
Pourtant, l'idée n'était pas mauvaise et semble, au contraire, avoir mutée en cours de route à cause des abus engendrés par une utilisation excessive et inconsidérée par l'usager de santé mais aussi du fait de la vénalité/corruption du système.
Dans un univers qui rappelle le meilleur des mondes ou encore 1984, Nico se rebelle contre un système totalement asphyxiant…mais qui est aussi devenu indispensable !
La question philosophique et éthique derrière ce récit, c'est bien le « tout ou rien » souvent rapporté dans l'histoire des systèmes capitalistes une fois confronté à la problématique du soin. En bref, si vous ne payez pas, vous n'êtes pas soignés. Logique de prime abord mais, lorsque l'investigation et les normes vont trop loin, que faire ?
Lino Aldani plaide ici pour un juste milieu et un contrôle de ce genre de couverture qui ne soit pas assuré par des organismes privés à but lucratifs.
La mésaventure de Nico démontre à la fois le caractère indispensable d'un système de prévention efficace et de soins raisonnés mais également la nocivité d'un mode de vie capitaliste où l'on ne distingue plus les campagnes de prévention des pubs commerciales.
Entre les lignes, Lino Aldani décrit la folie automobile qui s'empare de l'Italie à l'époque et de la fascination de l'homme moderne pour la possession d'un tel engin. Délicieusement désuet en somme.

… échos des années 2020
Pourtant, cette nouvelle interroge aussi sur les limites de la coercition autour d'un sujet sanitaire qui effraie à juste titre. Bien que le sujet de Lino Aldani n'ait pas du tout été celui du Covid à l'époque, 37° centigrades entre en résonnance avec notre époque ultra-sanitaire par nécessité.
L'obsession du citoyen pour la santé peut vite devenir un prétexte pour n'importe quoi et le récit de Nico oscille entre le complotisme et la méfiance anti-gouvernementale actuelle du fait des restrictions sociales, de la nécessité d'une prévention au moins minimale et d'un système robuste pour éviter de se retrouver soigner par un médecin aux moyens ostentatoirement insuffisants.
Drôle d'écho donc pour cette aventure qui convoque dystopie sanitaire et réflexion sur notre propre définition de la bonne santé.
Peut-on éthiquement priver de soins une personne qui s'est fourvoyée ? Peut-on imposer des contraintes tellement gigantesques qu'elles empêchent la vie ordinaire de tout un chacun ?
Autant d'interrogations qui méritent une nouvelle lecture de ce texte franchement perturbant…

Une dystopie sanitaire et une véritable réflexion sur l'importance d'une prévention détachée des intérêts financiers, 37° centigrades passionne et interpelle le lecteur jusqu'à son épilogue glaçant.
Lien : https://justaword.fr/37-cent..
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Cette nouvelle paraît pour la 1ère fois en 1963 dans la revue Futuro en Italie. Elle est publiée l'année suivante en Francedans Anthologie de la science fiction italienne .
Cette nouvelle a plus près de 60 ans et elle est terriblement d'actualité.

Lino Aldani nous livre une vision d'une société sous surveillance.
Nous sommes à Rome et Nico se rend à son travail comme chaque matin. Il se fait contrôler par un agent de la CMG qui vérifie s'il a bien sur lui son tricot de corps, quelques médicaments jugés indispensables et son thermomètre. Nico est excédé par cette surveillance et cette pression omniprésente.
La CMG, société privée qui gère la couverture maladie impose des règles très strictes de vie pour éviter un maximum les problèmes de santé. Les conventionnés (ceux qui cotisent) sont couverts en cas de problème de santé mais doivent se conformer à toutes les règles imposées : toujours avoir un tricot de corps, avoir sur soi en permanence un thermomètre pour vérifier sa température, ne pas ouvrir les fenêtres à certaines heures de la journée, ne pas rester trop longtemps dehors, ne pas fumer plus de 4 cigarettes par jour.... Bref une vie aseptisée et sous contrôle.
La cotisation est hors de prix et des agents de la CMG sont habilités à vous contrôler en permanence. Et bien entendu, en cas de non respect des règles l'amende est exorbitante.
L'adhésion est fortement conseillée et la non adhésion à la CMG constitue quasiment un acte de désobéissance civile.

Nico n'en peut plus de cette vie et envisage de rompre son contrat avec la CMG. Mais cette décision est très risquée : s'il renonce à cotiser, il ne sera alors plus soigné : aucun médecin ne lui viendra en aide et il n'aura plus accès aux médicaments.

Ce récit pose la question des conséquences d'un système de couverture maladie géré par des intérêts privés qui en viennent à dicter les comportements des citoyens. Jusqu'ou peut-on aller dans la privation des libertés pour des raisons sanitaires ?

Cette dystopie est très intéressante et l'écriture est fluide. Je me suis laissée happée par l'histoire de Nico et son ras le bol d'une société dans laquelle tous ses gestes sont contrôlés.

Un questionnement d'actualité !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Dans les commencements, c’était du délire. Vous êtes trop jeunes, vous ne pouvez pas savoir, mais il y avait des gens, dans ces temps-là, qui couraient consulter jusqu’à quatre fois par jour, rien que pour le plaisir de de déshabiller devant des blouses blanches. Des médecins toujours aimables, toujours bienveillants. Avec un petit mot gentil pour tout le monde, les incurables, les hystériques, les malades imaginaires. Et puis il y avait les fous, ceux qui ne ménageaient en rien leur santé, puisqu’aussi bien, disaient-ils, si on tombe malade, les médecins sont là pour nous guérir en un clin d’œil.
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Tu veux donc rester
Un pauvre type toute ta vie ?
Qu’attends-tu pour acheter
Une troëncin ?
Troëncin !
70 000 par mois.
Rien à payer d’avance.
Troëncin !
Le levacar qui s’impose et triomphe.
Troëncin !
Troëncin !
Troëncin !
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On sait bien que, depuis que le monde est monde, le gouvernement est toujours à l'entière dévotion des classes possédantes.
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Le temps se traîne, interminablement. On ne saurait l'évaluer. C'est un flux continu qui se nourrit de secondes ; une longue torpeur où n'affleurent que des pensées amères.
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La sagesse chinoise nous avait donné la bonne formule ; mais la cupidité occidentale a tout gâché. C'était à prévoir. Et il aurait fallu empêcher dès le début que la clique des médecins devienne toute puissante. Il aurait également fallu que la loi fixe des tarifs équitables. Et puis, surtout, nous n'aurions jamais dû permettre au zèle intempestif de nos modernes Esculapes de s'immiscer peu à peu dans la vie privée de chacun, et de nous étouffer. Aveugles ou bien d'esprit obtus, nos législateurs n'ont rien vu de tout cela. Ou alors, s'ils en ont eu vent, quelqu'un a du dénouer les cordons de la bourse, et la loi a fini par passer. (pp. 43-44)
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