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Critique de Andromeda06


Royaume Ashanti, 1860. Kofi est un jeune garçon préoccupé par les problèmes de son âge (filles, copains, école, famille). Partagé entre l'héritage culturel de son peuple et l'anglicisation procédée à l'école, Kofi se pose beaucoup de questions. C'est pour cette raison qu'il attend avec impatience le rituel qui marquera son passage dans la vie adulte, qui le changera d'enfant à homme, afin d'obtenir toutes les réponses qui lui manquent. Quand un soir, il se fait prendre au piège, il s'imagine que ce rite d'initiation a déjà commencé. Prisonnier et enchaîné, Kofi commence à réaliser que ce n'est sans doute pas ça...

« Son destin se fond alors dans l'histoire collective de ceux qui, arrachés à leur terre, à leur famille, à leur culture, sont jetés en esclavage. »

Outre que ce livre s'approprie une thématique vers laquelle je reviens souvent, il faut bien noter qu'il se démarque de tous ceux que j'ai pu lire jusqu'à maintenant. Car en effet, moi qui disais encore tout récemment que je ne lisais clairement pas assez de poésie, me voilà de nouveau dedans. Sous forme de poésie en vers libre, je me demandais au début si j'arriverais à bien suivre l'histoire de Kofi, et surtout à bien rentrer dedans et à l'apprécier. Et ça a été le cas, je me suis rapidement attachée à ce garçon. Justement, grâce à ce procédé, je me suis sentie plus proche de lui, il est le narrateur de sa propre histoire et sont couchés sur le papier ses pensées, ses sentiments et ses ressentis.

En vers libre, cela signifie qu'il n'y a pas vraiment de règles. Vers longs ou très courts, qui riment ou pas, qui remplissent plusieurs pages ou seulement la moitié d'une, tout cela n'en est pas moins structuré. La lecture se veut fluide, légère, d'une facilité étonnante (je comprends qu'elle soit conseillée dès 13 ans), alors qu'elle est tout à la fois intense dans les émotions et poignante dans les faits.

Et si l'on est au plus près de Kofi et de ses sentiments, si l'on vit avec lui les épreuves qu'il traverse, on perçoit également toute l'importance de son héritage culturel et familial, donnant à l'ensemble de ce livre une aura particulière, influencée par les us et coutumes de son peuple, les traditions, les croyances, les fêtes, les chants, etc. Je m'y suis vu là-bas, dans ce village, à encourager les lutteurs pendant la fête des rois, j'ai moi-même porté le kente, j'ai nagé dans l'Offin avec Kofi...

J'ai été littéralement transportée par cette histoire. le choix de la narration poétique, aux tonalités lyriques et enchanteresses, pour parler d'un sujet dur comme peut l'être l'esclavage, est une totale réussite. le texte est aussi beau que l'histoire de Kofi nous transperce le coeur.

Mon seul regret est que l'ensemble se lit bien trop vite. Quand on commence, on ne veut plus s'arrêter. Alors quand on arrive à la dernière page (sur 456 au total quand même), on se dit : déjà ? J'avoue être un peu frustrée de ne pas avoir le tome 2 sous la main (et que je ne suis pas près d'avoir de toute façon puisque ce premier tome de la trilogie ne sort qu'aujourd'hui...).

Reçu et lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée, je remercie Nicolas pour la sélection et les éditions Albin Michel pour l'envoi de cet ouvrage atypique et saisissant.
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