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Critique de Libellule41


Elles arrivaient de différentes régions de l'Union Soviétique. Elles étaient souvent très jeunes, des adolescentes de 16 ou 17 ans. Elles s'engageaient dans l'armée animées fréquemment d'une image romantique de la guerre. Nées après la révolution bolchevique, elles étaient imprégnées d'une éducation qui mettait la patrie et l'idéologie au dessus de la vie humaine. D'autres, un peu plus âgées, avaient quitté leurs villages et leurs enfants qu'elles confiaient à des proches, pour pouvoir participer à la "grande guerre patriotique". Ces jeunes femmes étaient alors incorporées comme tireurs d'élite, pilotes d'avion, conductrices de chars, agents de transmission, personnels de santé dans les hôpitaux de campagne, cuisinières, lingères, postières .... .
L'écrivaine biélorusse Svetlana Alexievitch va alors donner la parole à ces combattantes, après les avoir rencontrées entre 1978 et 1985. Elle voulait recueillir leurs témoignages de femmes, connaître leur vécu de la guerre mais aussi de l'après-guerre, car c'était souvent pour elles une période de solitude et même d'opprobre, y compris dans leurs propres familles. En écrivant ce livre, l'auteure a voulu leur rendre justice et hommage, car, ce qui ressort avant tout du témoignage de ces femmes, c'est leur endurance à toutes épreuves, leur courage, leur volonté tenace de rester en vie et surtout "humaines" face à la brutalité du monde qui les entourait.
De la richesse de ces conversations, Svetlana Alexievich a tiré un document à la fois foisonnant et poignant sur ce qu'elle a appelé " l'histoire féminine de cette guerre". Elle dit avoir été étonnée par la précision des souvenirs relatés de nombreuses années après la fin de la guerre, ce qui atteste de leur exactitude et de la profondeur des traumatismes subis
J'ajouterais juste une remarque qui m'est venue en fermant les dernières pages de ce livre: Alors même que beaucoup de ces combattantes étaient allées jusqu'à Berlin, aucune d'entre elles, me semble t'il, n'ont évoqué leurs réactions devant les exactions commises par les soldats de l'Armée Rouge à l'encontre notamment des fillettes et des femmes allemandes. Un tel sujet ne peut pas être oublié. Ce silence est-il alors l'effet d'une censure imposée, ou d'une auto-censure ?
Quoi qu'il en soit, en cette fin d'année 2022, la lecture de cet ouvrage a une résonnance particulière.
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