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Critique de Lively93


Par un week-end gris et pluvieux d'Halloween, quoi de mieux que de rester au fond de la couette, en compagnie d'un livre et d'une bonne tasse de thé ?

Carter Darling est un self-made man à la tête d'un empire financier gigantesque qu'il a bâti à partir de rien (ou presque). Malheureusement, le monde de la finance est à l'agonie depuis les événements du 11 septembre qui ont bouleversé les Etats-Unis, et qui ont surtout annoncé une crise sans précédent, soldée par le crash boursier de 2008. Mais c'est la mort de son associé principal qui signe le début de la chute de l'empire Darling, confrontant Carter et sa famille à des choix difficiles: la bourse ou la vie ?

L'intrigue plutôt saisissante fait qu'on se laisse emporter facilement, malgré quelques pertes de repères à certains moments en ce qui concerne les personnages. Quand il ne s'agit pas des Darling, on peine un peu à tous les replacer, bien qu'il s'agisse en quelque sorte d'une représentation de chaque « partie prenante » de cette sphère un peu nébuleuse de « gens riches, voire très riches» (les journalistes, les avocats, les dommages collatéraux); la tâche n'est pas toujours facilitée avec les pirouettes chronologiques qui rythment le livre.

La chronologie est d'ailleurs intéressante dans ce livre : les ellipses et les retours en arrière sont nombreux ; agrémentés par les alternances de point de vue des personnages, ils constituent un élément important dans la narration, que ce soit pour la mise en contexte, ou la présentation des personnages et de leurs antécédents. La gymnastique est assez déstabilisante au début mais pas désagréable, puisque les transitions sont plutôt bien faites. L'histoire se déroule sur une semaine, comme l'indiquent les titres de chapitres, mais le noeud de l'histoire est centré sur le week-end de Thanksgiving, un laps de temps sensé s'écouler rapidement, mais pourtant qui semble s'étirer, menant une sorte de tension ambiante à son apogée.

Tout au long de ma lecture, je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle avec Les Feux de l'Amour (avec le côté léger et glamour en moins) et Une place à prendre de J.K Rowling. En effet, le personnage de Carter Darling, P-DG de son entreprise familiale, patriarche d'exception et reconnu comme une figure assez importante dans « la haute » n'est pas sans rappeler Victor Newman ; Inès, sa femme, mystérieuse, élégante et charismatique ressemble un peu à Nikki Newman sur certains aspects. L'intrigue en elle-même (la mort d'un personnage, la confrontation de bulles sociales, un peu hors-sol, la multiplicité des personnages et de leurs failles - même si Cristina Alger a été plus subtile sur ce dernier point -, la course au pouvoir et à la reconnaissance qui anime les personnages) m'a ramenée à Pagford.

Malgré des rebondissements que je trouve assez attendus, c'était une lecture plutôt prenante, pas du tout barbante même si le sujet n'est pas ma tasse de thé (question finance, je n'ai pas compris grand-chose, mais ai vite capté que la société et famille Darling allaient avoir des soucis). En dépit des histoires personnelles des personnages (qui pourraient leur servir de « circonstances atténuantes »), je n'ai réussi à m'attacher à aucun d'eux, et ce n'est pas faute d'avoir essayé. Leurs interactions sont souvent tendues, dépendant de leur rapports hiérarchiques, amoureux, amicaux ou familiaux (à l'exception peut-être de Merrill et Paul, le seul couple qui en soit vraiment un à mon sens), tout comme l'atmosphère générale du livre finalement, un peu comme dans un thriller, dont on peut distinguer quelques bribes ici: le temps qui semble s'étirer, la tension toujours plus forte qui ne se relâche que dans les dernières pages, la course contre la montre qui se dessine en filigrane. le lecteur est en quelque sorte animé par la question «tombera? tombera pas?» et enchaîne assez facilement les chapitres.

Dans cette ambiance un peu «soap noir», on a donc un focus sur la famille Newman/Darling, ses déboires familiaux et bientôt ses démêlés avec la justice. Cristina Alger nous dépeint un univers qui semble solide sur le papier, scruté de tous les côtés – peut-être admiré et envié par beaucoup – , mais dont on se rend vite compte que la solidité ne repose sur pratiquement rien, tant et si bien qu'au moindre faux-pas, la bulle de verre se fissure jusqu'à exploser en mille morceaux, pour ne faire place qu'à des êtres humains fragiles et vulnérables, aux histoires façonnées de toutes pièces, saupoudrées par des sacrifices douloureux. Il est question de famille, d'ascension sociale, de ce que l'homme est prêt à faire pour réussir et avoir de la reconnaissance, se faire une place dans la société, et du prix à payer pour arriver à ses fins.

Bonne lecture !
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