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Critique de Souslesgalets


La Plume de l'ours raconte l'histoire de Carole Courvoisier qui a fait son doctorat sur Camille Duval, un auteur suisse mythique qui subitement a changé son style d'écriture. L'héroïne Carole concentre donc sa recherche (son post-doc je présume) sur la" rupture duvalienne", en arpentant les Etats-Unis à la recherche des causes profondes de ce brusque changement d'écriture chez un auteur national, aussi mystérieux que génial.

Tout, absolument tout, me plaît dans ce type de synopsis. Et tout, presque tout, m'a emballée dans ce roman.

D'abord la chercheuse est une figure motivée et solitaire dans sa quête du mystère duvalien. Evidemment, elle m'a été immédiatement sympathique, d'autant qu'elle fume comme un pompier et manque d'embraser un campus universitaire dans un pays franchement réfractaire au tabac. J'ai aimé ses errances dans les fac, des grandes villes aux contrées reculées, avec des étudiants dont la bible est Google et qui manifestent un intérêt plus que modéré pour les études littéraires.

J'ai aimé aussi les affres des Courvoisier, notables suisses touchés par le scandale. J'ai aimé la critique du petit milieu littéraire, et les atermoiements des éditeurs spécialisés. Bref tout ça me parle; forcément.On ne le lâche pas ce roman, c'est une lecture agréable qui nous emmène jusqu'aux confins de l'Alaska, aux côtés d'une ours femelle qui prend toute la place à la fin. le surprenant parallèle entre l'ours et le roman n'est pas dénué d'intérêt. Je ne veux rien déflorer, mais il y a aussi une vraie réflexion sur l'amour atypique.

Il y a quelques chose du Joël Dicker dans La Plume de l'ours, parce que c'est la Suisse qui se déplace aux Etats-Unis, parce qu'il y a la question du romancier, de son identité, de sa notoriété et de son imposture. Il y a beaucoup de points commun avec le dernier prix de l'Académie française, avec une mise en abîme réussie et une belle description de l'Amérique.

Un bémol subsiste cependant si je veux être totalement sincère. Carole Allamand écrit bien, mieux que son compatriote Dicker. C'est propre, bien articulé, bien conçu. Mais l'auteur est piégée par son formatage universitaire (c'est fréquent chez ceux d'entre eux qui s'essaient au roman). Son personnage principal, qui porte le même prénom qu'elle et qui semble être son double, manque de chaire et de consistance. Elle est d'une solitude absolue, semble ne s'attacher à personne. Les personnages secondaires jalonnent son récit sans laisser de trace. Je pensais que Jasper (entre autres) resurgirait à un moment; mais non elle traverse seule les 400 pages. Carole n'a pas d'amis, pas d'amants; elle semble être un pur esprit occupé par Camille Duval et le tabac. Probablement l'auteur n'a-t-elle pas su prendre suffisamment de recul sur un personnage qui lui ressemble trop. Et cela, cette absence de supplément d'âme de d'affectif, refroidit beaucoup le récit, je le regrette un peu, c'est ce qui m'empêche d'en faire un coup de coeur (soupir!)

Mais c'est bien le seul point que je regrette dans ce roman palpitant qui pose encore une fois la question de ce qu'il reste des icônes littéraires...et c'est toujours un sujet qui m'enthousiasme...

Lien : http://souslesgalets.blogspo..
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