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Critique de nilebeh


Chaleur étouffante, poussière sur la route chauffée à blanc, pas un souffle d'air, une voiture qui hoquette et s'essouffle au milieu d'un paysage désertique, infini : le Révérend Pearson et sa fille Leni s'échouent au milieu de rien, en panne. Sauvés par un inespéré chauffeur de camionnette qui lui lance du « mon pote » à chaque fin de phrase, l'homme de Dieu et sa fille sont remorqués jusqu'à un improbable garage encombré de carcasses écrabouillées ou calcinées qui, chacune, raconte une histoire. Ce sont ces histoires que Bauer, le garagiste, a racontées à son fils adoptif José, rebaptisé Tapioca (pourquoi, ça, on ne le saura pas). Pour le distraire et l'endormir, quand sa mère l'a laissé là, à son prétendu père, vers ses neuf ans. Puis il a voulu le colleter avec la réalité : gens blessés, morts, brûlés vifs. Drôle d'éducation...
Mais Tapioca est un enfant à part. Dans ce cadre de film sud-américain, il entend des voix tout au fond de lui. Ou plutôt une voix, qui semble ne faire qu'un avec lui-même. Cela ne l'effraie pas, simplement, c'est en lui.
Un éclairage lui vient du Révérend : ce missionnaire qui sillonne l'Argentine pour apporter la bonne parole et ramener des ouailles à Dieu lui révèle sa vraie nature : il est appelé par Jésus et il vivra de grandes choses.
C'est compter sans son père adoptif, Bauer le mécanicien, athée et plus ou moins anticlérical : des conneries, tout ça !
Ce huis clos à quatre personnages se resserre encore quand éclate un orage tropical, de ces pluies qui inondent le paysage et détruisent les routes. le Tropique du Capricorne est tout proche, dans cette région du Chaco austral. Alors se joue le destin de José : ira ou n'ira pas à la ville, se faire baptiser et devenir un agent de Jésus. Celui de Leni, qui n'a jamais compris pourquoi son père l'a arrachée à sa mère ; celui du Révérend, investi d'une mission divine qu'il n'a pu vraiment remplir et qu'il voudrait confier à ce fils spirituel tombé du ciel. Et Bauer, qui va retrouver sa vie d'avant.

Qu'on ait ou non la foi, ce petit livre saisit l'âme par la magie des mots et des images qu'il évoque, il semble l'émanation (ou le point de départ) d'un de ces films austères, douloureux , envoûtants tournés dans le désert mexicain, par exemple.

Une belle lecture, à laquelle, je crois, on repensera un long moment après avoir refermé le livre.
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