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Critique de LoupAlunettes


Fin XIXème siècle, en Normandie.
Lucie est une adolescente parisienne envoyée en pension dans sa famille maternelle. Les vraies raisons seront obscurs.

Ce qui nous attendra?
Certains reconnaitront facilement le style graphique façon Manga de Nora Moretti. Et cette nouvelle héroïne, Lucie, tiendra beaucoup physiquement du personnage de Sara Crew (oui, la "Princesse Sara" adaptée par l'auteure Audrey Alwett et aussi illustré par Nora Moretti).
Que les jeunes lecteurs se rassurent, ils y auront aussi droit à leur soupçon de romantisme, de faste et de cruauté romanesque.

"Le jardin des fées".
L'histoire d'une amitié entre Lucie et le peuple caché des elfes du grand chêne du manoir.
Le lieu a un ce premier secret.
Mais ce merveilleux est en péril, empoisonné par une étrange "peste" en forme de spirale et convoité par des hommes sévères affichant le tatouage d'une abeille. Au vu du dessin, il pourrait s'agir d'une secte.
Le petit peuple d'elfes vivant non loin est détenteur d'une culture qui nourrit mais aussi qui guérit, à base de miels de fleurs.
Une tradition magique vouée peut-être à disparaitre.
Il sera vraiment amusant d'observer leur similitude avec les abeilles et leur organisation sociale, un peu semblable à l'ordre d'une ruche.
Lucie, repoussée dans ses retranchements par la famille qui l'accueille, appréciera cette campagne très foisonnante de fleurs qui sera là, autour des vieilles pierres (sauf que semblerait-il, Lucie sera la seule à l'apercevoir, ce jardin).
Elle est privilégiée.
C'est ainsi que nous découvrirons la tâche des "Bergers" des fées, une sorte de mission d'apiculteur profitant du savoir des fleurs, protecteur du petit peuple ailé.
Le berger éloignera comme un "chien de garde" les profiteurs qui pourront voir les fées et qui les obligeraient à formuler un voeu magique (formuler un seul voeu leur est mortel, comme après la piqure pour une abeille).

L'ambiance du manoir sera assez toxique et pleine de secrets.
Les lecteurs apprécieront le romantisme du lieu. Pour le lecteur, pas de terroir normand paysan ici, ni de bord de mer. La famille de Lucie est riche, possède un manoir. Un univers bourgeois, abritant despropriétaires et un petsonnel de maison guindé et pincé.
De quoi refroidir un peu Lucie qui passera de l'autorité rigoureuse des religieuses de son ancienne école à l'austérité de cette famille qu'elle ne connaissait pas.
La tante de Lucie semble subir la fermeté de son époux.
Nous nous le demanderons, nous lecteurs, si c'est là la raison qui poussera la mère de Lucie à garder ses distances avec pareille famille.

Trop de mystères.
L'auteure ferrera vraiment ses jeunes lecteurs avec des secrets à foison: la famille qui porte des gants tout le temps, d'étranges marques en spirale sur les murs, les objets, les gens même et Lucie, à priori en mission pour sa mère, devant reproduire pleins de choses qui lui paraitront suspectes en dessins et les lui envoyer (espionner, en somme et lui répondre par des images, au cas où le courrier serait lu).
Des comportements étranges et insolites.

Le sujet du jardin des fées est original, imposant sa dose d'imaginaire, douce, appliquée en filtre d'un quotidien saupoudré de méchanceté.
Elle passera d'une forme de prison à une autre. Son oncle affirmera qu'elle est envoyée chez eux pour l'éloigner d'un scandale.
Lucie a t-elle vraiment besoin qu'on la recadre?
L'époque et le lieu auront leur idée sur les comportements dignes et les interrogations décentes pour une femme et Lucie est un "monstre" de spontanéité, d'un naturel inconvenant, presque impossible à corriger, une douce mauvaise herbe (et cette BD très romanesque renouera avec les châtiments éducatifs de tous ordres pour rendre la situation plus poignante et cruelle).
Pauvre Lucie, excessivement émotive et maladroite, qui aura bien du mal à supporter son "corset" de bonnes manières sur la seule mission maternelle, s'évertuant surtout à se montrer agréable, affable.
Et son goût pour le dessin?
Des talents de bohème et de mauvaises vies.
La suite nous démontrera qu'elle n'est pas une exception dans cette famille, nous découvrirons la tradition secrète du berger des fées.

La sauveuse pour les uns, une épine pour les autres.
D'emblée, pour cette famille, Lucie n'est pas dans son élément, elle sera un membre vulgaire dont il faudra souffrir la présence. À nous de vraiment découvrir si l'âme de la famille n'aurait pas été gangréné par la présence discrète de cette secte au tatouage.
À nous de découvrir si Lucie pourra empêcher que l'on utilise fatalement les voeux des fées et que leur race disparaisse...
Une offre élégante et sympa à lire pour le jeune public.
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