AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de OverTheMoonWithBooks


Bien avant les sélections pour les sacro-saints prix littéraire, Actualité (si je ne me trompe pas) avait rédigé un article sur ce roman qui avait remporté le Prix Orange dès cet été (soit avant sa sortie en septembre). Déjà à ce moment-là le roman avait attiré ma curiosité. Non pas que le sujet de la polygamie éveille un intérêt malsain ou que je n'ai lu aucun roman où celle-ci était mise en scène, mais je trouvais qu'avoir eu l'idée d'écrire un roman chorale , avec des femmes, écrit par une femme méritait qu'on s'y intéresse.

A mon tour j'ai donc suivi Ramla, la lycéenne frustrée de ne pas pouvoir faire d'études, Hindou , sa demi-soeur plus réservée et "obéissante" et Safira la première femme du mari de Ramla.
Ces trois voix de personnages féminins et leur expérience sont différentes et ne se rejoignent que par la tradition et le besoin de parler de ce qu'on leur impose. Et puisqu'elles ne peuvent pas faire entendre leurs voix dans ce fonctionnement clanique, la romancière leur fait une place de choix et parvient ainsi à créer des voix singulières et touchantes chacune à leur façon.

Ce que j'ai apprécié dans ce roman c'est la façon dont la romancière met en scène ce phénomène culturel (et non religieux), la façon dont elle montre comment différents mécanismes se mettent en place pour enfermer , museler et faire se résigner les femmes (que ce soit par le chantage affectif, la lassitude de voir TOUTE la famille se mêler d'un problème qui devrait être intime, l'excuse lâche de la tradition, de l'honneur, du respect , etc ). J'ai trouvé aussi intéressant de voir comment les colères et frustrations sont refoulées et les non-dits créés en n'étant jamais frontal mais en faisant appel à un marabout pour sauver la face tout en réglant le problème.

Je ne dirais peut-être pas que c'est un grand roman mais c'est un bon roman dans le sens où :
* il amène le lecteur à "écouter ceux à qui ont refuse le droit de s'exprimer" ;

* les thèmes abordés comme le désespoir ou le refus de se laisser gagner par le fatalisme sont profondément universels et le fait de faire parler des personnages si différents, voir les mères se confier à leur fille;

* mais aussi grâce au fait qu'on peut voir voir au second (voir troisième!) plan des personnages masculins qui s'opposent à la toute puissance que s'octroient certains hommes (comme si disposer des femmes et faire absolument ce qu'ils veulent sans la moindre contrainte ni la moindre revendication était un droit divin décerné par la loi de la biologie...) permet de donner du relief à ce roman.

On est donc loin d'oppositions binaires ou visions manichéennes eurocentrées , et on est loin du "simple" roman de confession larmoyant. Même si le contexte est très particulier et ciblé (les communautés musulmanes du Sahel au Cameroun) on ne peut pas être insensible à ces femmes qui demandent à avoir le choix ou simplement d'avoir leur avis pris en considération.

En bref, une lecture qui vaut vraiment le détour
Commenter  J’apprécie          290



Ont apprécié cette critique (28)voir plus




{* *}