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Critique de Bcerulli


Quelle est donc cette fête du siècle à laquelle Niccolo Ammaniti veut nous convier ? Mannequins, footballeurs, artistes et peoples en tout genre sont réunis à la villa Ada, pour la grande soirée organisée par le millionnaire mégalomane Sasa Chiatti, qui a tout mis en oeuvre pour que cette fête reste dans l'histoire : innombrables buffets, chasses au lion ou au renard, concert privé de la chanteuse pop Larita, le millionnaire a réuni tous les ingrédients pour en mettre plein la vue à ses invités. Mais tout ne se déroule pas comme prévu…

Un récit binaire construit autour de Fabrizio Ciba, l'écrivain trentenaire et débauché, et de Saverio Moneta, alias Mantos, le chef des Enragés d'Abaddon, une secte satanique de second plan. Alors que Ciba recherche l'inspiration pour son prochain roman entre les jambes de la traductrice Alice Tyler, il apprend que son éditeur est sur le point de le lâcher, et se doit d'organiser la riposte. de l'autre côté, Mantos a un plan pour que les Enragés deviennent la première secte d'Italie, devant ces satanés Fils de l'Apocalypse et leur chef charismatique, Kurtz Minetti.

Si on peut regretter que l'histoire de Ciba tourne en rond autour de ses petits questionnements métaphysiques, on appréciera cependant celle des Enragés, personnages animés par une folie satanique, mais qui sont sans cesse ramenés à leurs propres frustrations. Un principe de décrédibilisation efficace, qui permet à une plume ironique de s'épanouir dans le grossier et le grotesque. Or, c'est tout l'inverse en ce qui concerne Ciba, l'ironie peine à trouver sa place au sein d'un discours « héliocentrique », et tombe vite à plat au profit d'un certain égotisme.

C'est sincèrement dommage, parce que cela donne un aspect bancal à un livre qui comporte pourtant de nombreuses qualités : l'intrigue tout d'abord, car Ammaniti reprend certains codes du roman noir pour les digérer à sa façon, dans un récit rythmé par de nombreux rebondissements. Autre qualité, les savoureux portraits qui constellent la prose, guidés par une plume précise et avide du moindre détail. Et puis il y a évidemment cette critique du système Berlusconi en filigrane, qui donne au roman des faux-airs de Bret Easton Ellis, et qui semble être le point de chute de ce récit. La critique d'un système pailleté, botoxé, qui s'épanche dans la démesure, mais qui prend l'eau, dans tous les sens du terme.

Une question prédomine à la lecture de ce roman pourtant plein de cynisme, d'humour noir et de barbarie : était-il nécessaire de traîner l'écrivain Fabrizio Ciba dans cette fête du siècle ? A noter, la fin du livre, tout à fait poignante.

Lien : http://luvuentendudotcom.wor..
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