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Myriem Bouzaher (Traducteur)
EAN : 9782221116050
396 pages
Robert Laffont (14/04/2011)
3.46/5   158 notes
Résumé :

A l’occasion de la plus décadente fête du siècle, organisée par un magnat de l’immobilier, un écrivain narcissique en mal d’inspiration, bloqué depuis trois ans au chapitre deux de son nouveau roman, va croiser le chemin d’une minable secte satanique, baptisée : Les Enragés d’Abaddon et décidée à sacrifier une chanteuse pop pour s’ériger sur l’autel de la cé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (43) Voir plus Ajouter une critique
3,46

sur 158 notes
Ce mois italien réserve de belles surprises ! Niccolo Ammaniti ,dont le nom revenait souvent dans les pistes de lecture, m'a cueillie par son inventivité et son encre corrosive. Dans les rayons de la médiathèque, ma légère dyslexie dûe à la fatigue me faisait chercher désespérément un "Amaretti". J'ai réalisé au bout d'un moment que cet homme ne portait pas le nom des célèbres macarons italiens et j'ai enfin mis la main sur "La Fête du siècle" !

L'écrivain donne vie à deux personnages masculins, aussi pathétiques l'un que l'autre. le premier, Saverio Moneta, petit employé dans l'entreprise de meubles de son beau-père, cache sous une apparence terne et une soumission totale à sa femme, refaite de la tête aux pieds, son vrai MOI. Il est Mantos, grand maître de la secte satanique, les enragés d'Abaddon, qui compte le nombre astronomique de trois membres. Il est obligé de se remuer un peu les méninges car les rangs déjà clairsemés, menacent de l'être encore plus. Ses trois compères veulent une action d'éclat, une action qui, relayée sur les réseaux sociaux, leur permettra de figurer dans L Histoire. La fête donnée à Rome par Salvatore Chiatti, un magnat de l'immobilier, pourrait être l'occasion pour les quatre "branquignols" de faire passer pour de la roupie de sansonnet la nonne décapitée par une secte rivale, Les fils de l'Apocalypse.

le deuxième, Fabricio Ciba, est un écrivain, tendance BHL, au look débraillé soigneusement étudié, qui dissimule derrière son émission littéraire, ses apparitions aux cocktails et ses frasques sentimentales, le fait que son dernier roman n'avance pas d'une ligne. Il semblerait que son inspiration ait disparu, au contraire de son ego, devenu envahissant. Il cultive l'image d'un écrivain peu mondain, soit-disant observateur acerbe des moeurs de ses contemporains. Bien évidemment, cette posture ne va pas l'empêcher de participer à la fête du siècle.

Nos deux hommes se retrouvent donc au parc Ada, à Rome, que la mégalomanie de Chiatti a transformé en une immense réserve d'animaux sauvages. Ce parvenu compte en mettre plein la vue à tous les peoples italiens invités. Il a organisé non pas un mais trois safaris différents. Cette soirée doit le consacrer, faire de lui le number one ! Ce ne serait pas drôle si tout se déroulait parfaitement... Les rouages bien huilés de la fête ne résistent pas longtemps aux sabotages de nos satanistes, aux comportements irresponsables de certains et à l'apparition d'étranges créatures surnommés les hommes taupes (une grande trouvaille !)

C'est drôle, grinçant et d'un cynisme complet. Seuls quelques personnages féminins suscitent la sympathie du lecteur. Niccolo Ammaniti a une piètre opinion de la gent masculine, trop souvent nombriliste, avide de pouvoir et de reconnaissance. Les hommes ne sortent pas grandis de cette fête, véritable foire aux vanités.
Ce mois italien réserve de belles surprises ! Niccolo Ammaniti ,dont le nom revenait souvent dans les pistes de lecture, m'a cueillie par son inventivité et son encre corrosive. Dans les rayons de la médiathèque, ma légère dyslexie dûe à la fatigue me faisait chercher désespérément un "Amaretti". J'ai réalisé au bout d'un moment que cet homme ne portait pas le nom des célèbres macarons italiens et j'ai enfin mis la main sur "La Fête du siècle" !

L'écrivain donne vie à deux personnages masculins, aussi pathétiques l'un que l'autre. le premier, Saverio Moneta, petit employé dans l'entreprise de meubles de son beau-père, cache sous une apparence terne et une soumission totale à sa femme, refaite de la tête aux pieds, son vrai MOI. Il est Mantos, grand maître de la secte satanique, les enragés d'Abaddon, qui compte le nombre astronomique de trois membres. Il est obligé de se remuer un peu les méninges car les rangs déjà clairsemés, menacent de l'être encore plus. Ses trois compères veulent une action d'éclat, une action qui, relayée sur les réseaux sociaux, leur permettra de figurer dans L Histoire. La fête donnée à Rome par Salvatore Chiatti, un magnat de l'immobilier, pourrait être l'occasion pour les quatre "branquignols" de faire passer pour de la roupie de sansonnet la nonne décapitée par une secte rivale, Les fils de l'Apocalypse.

le deuxième, Fabricio Ciba, est un écrivain, tendance BHL, au look débraillé soigneusement étudié, qui dissimule derrière son émission littéraire, ses apparitions aux cocktails et ses frasques sentimentales, le fait que son dernier roman n'avance pas d'une ligne. Il semblerait que son inspiration ait disparu, au contraire de son ego, devenu envahissant. Il cultive l'image d'un écrivain peu mondain, soit-disant observateur acerbe des moeurs de ses contemporains. Bien évidemment, cette posture ne va pas l'empêcher de participer à la fête du siècle.

Nos deux hommes se retrouvent donc au parc Ada, à Rome, que la mégalomanie de Chiatti a transformé en une immense réserve d'animaux sauvages. Ce parvenu compte en mettre plein la vue à tous les peoples italiens invités. Il a organisé non pas un mais trois safaris différents. Cette soirée doit le consacrer, faire de lui le number one ! Ce ne serait pas drôle si tout se déroulait parfaitement... Les rouages bien huilés de la fête ne résistent pas longtemps aux sabotages de nos satanistes, aux comportements irresponsables de certains et à l'apparition d'étranges créatures surnommés les hommes taupes (une grande trouvaille !)

C'est drôle, grinçant et d'un cynisme complet. Seuls quelques personnages féminins suscitent la sympathie du lecteur. Niccolo Ammaniti a une piètre opinion de la gent masculine, trop souvent nombriliste, avide de pouvoir et de reconnaissance. Les hommes ne sortent pas grandis de cette fête, véritable foire aux vanités.


Ce mois italien réserve de belles surprises ! Niccolo Ammaniti ,dont le nom revenait souvent dans les pistes de lecture, m'a cueillie par son inventivité et son encre corrosive. Dans les rayons de la médiathèque, ma légère dyslexie dûe à la fatigue me faisait chercher désespérément un "Amaretti". J'ai réalisé au bout d'un moment que cet homme ne portait pas le nom des célèbres macarons italiens et j'ai enfin mis la main sur "La Fête du siècle" !

L'écrivain donne vie à deux personnages masculins, aussi pathétiques l'un que l'autre. le premier, Saverio Moneta, petit employé dans l'entreprise de meubles de son beau-père, cache sous une apparence terne et une soumission totale à sa femme, refaite de la tête aux pieds, son vrai MOI. Il est Mantos, grand maître de la secte satanique, les enragés d'Abaddon, qui compte le nombre astronomique de trois membres. Il est obligé de se remuer un peu les méninges car les rangs déjà clairsemés, menacent de l'être encore plus. Ses trois compères veulent une action d'éclat, une action qui, relayée sur les réseaux sociaux, leur permettra de figurer dans L Histoire. La fête donnée à Rome par Salvatore Chiatti, un magnat de l'immobilier, pourrait être l'occasion pour les quatre "branquignols" de faire passer pour de la roupie de sansonnet la nonne décapitée par une secte rivale, Les fils de l'Apocalypse.

le deuxième, Fabricio Ciba, est un écrivain, tendance BHL, au look débraillé soigneusement étudié, qui dissimule derrière son émission littéraire, ses apparitions aux cocktails et ses frasques sentimentales, le fait que son dernier roman n'avance pas d'une ligne. Il semblerait que son inspiration ait disparu, au contraire de son ego, devenu envahissant. Il cultive l'image d'un écrivain peu mondain, soit-disant observateur acerbe des moeurs de ses contemporains. Bien évidemment, cette posture ne va pas l'empêcher de participer à la fête du siècle.

Nos deux hommes se retrouvent donc au parc Ada, à Rome, que la mégalomanie de Chiatti a transformé en une immense réserve d'animaux sauvages. Ce parvenu compte en mettre plein la vue à tous les peoples italiens invités. Il a organisé non pas un mais trois safaris différents. Cette soirée doit le consacrer, faire de lui le number one ! Ce ne serait pas drôle si tout se déroulait parfaitement... Les rouages bien huilés de la fête ne résistent pas longtemps aux sabotages de nos satanistes, aux comportements irresponsables de certains et à l'apparition d'étranges créatures surnommés les hommes taupes (une grande trouvaille !)

C'est drôle, grinçant et d'un cynisme complet. Seuls quelques personnages féminins suscitent la sympathie du lecteur. Niccolo Ammaniti a une piètre opinion de la gent masculine, trop souvent nombriliste, avide de pouvoir et de reconnaissance. Les hommes ne sortent pas grandis de cette fête, véritable foire aux vanités.






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Deuxième lecture d'Ammaniti, avec l'espoir d'être une nouvelle fois secoué. Malheureusement, celui-ci n'est pas aussi percutant que "Je n'ai pas peur". Pourtant, le monsieur a du talent et de la verve.

L'auteur nous invite ici à une farce mettant en scène l'élite italienne, forcément cynique et imbue d'elle-même. Un defilé d'egos: footballeurs, starlettes, producteurs, éditeurs, hommes politiques et écrivains, arrivistes et parasites en tous genres se ruent vers la Villa Ada, parc romain à l'abandon racheté et privatisé par un magnat de l'immobilier, afin d'être vus assistant à la fête du siècle.
L'intrigue se focalise particulièrement  sur deux specimens pitoyables et plus ou moins conscients de leur statut dérisoire: un écrivain, vieux beau sur le retour et sur le point d'entamer la pente descendante du succès, et un vendeur de meubles tyroliens, gourou d une secte sataniste comprenant 4 adeptes, planifiant de frapper un grand coup en sacrifiant lors de la soirée une chanteuse à la mode.

Une première partie bien sentie sur les travers de ce microcosme, à peine outrée, avec doubles discours et saillies vipérines, où le succès, le pouvoir et la gloire masquent à peine une immense vulgarité (buongiorno Berlusconi!).
L'alternance entre les deux protagonistes d'un chapitre à l'autre pourrait lasser par son systématisme, mais la verve grotesque facilite la lecture. Néanmoins cela ne va pas bien loin. La galerie de personnages veules et vaniteux nous amuse poliment, alors que le tout devrait s'avérer cruel et jouissif. Les courts chapitres défilent sans grande implication, les coups de griffes se révèlent trop peu corrosifs pour laisser des traces. Bien qu'en pleine putréfaction, le corps gonflé d'autosatisfaction de l'élite romaine boit/bouffe/baise et soliloque encore.

Ouvrant la seconde partie du roman, une anecdote sur la disparition d'athlètes soviétiques à la fin des JO de Rome en 1960 apporte une absurdité bienvenue. Digression dont l'auteur se sert pour nous livrer une divagation plus proche d'un Satyricon taillé à la machette que de la Dolce Vita au rabais du début, et nous mener jusqu'à la conclusion sans temps mort.

Alors, bonne ou mauvaise idée, de quitter l'outrance à peine décalée de la farce pour une fantaisie délirante à coups de parpaing?
Je me tâte encore.
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Il existe des livres âpres et difficiles à terminer mais pour lesquels nous nous acharnons à creuser le sillon de la lecture, quoi qu'il en coûte. Pendant l'ascension de la montagne de pages, il faut savoir prendre des pauses, de profondes respirations. Sans cela, épuisé, le risque est de voir nos doigts tétanisés par l'effort lâcher leur étreinte et laisser le livre nous tomber des mains. Il est alors vital d'avoir à sa portée un ouvrage qui nous permette de relâcher la pression et de reprendre notre souffle.

"La fête du siècle" a été l'un de ces romans soupapes. Marteau d'urgence acéré, prêt à l'emploi et à la désincarcération littéraire. Une bouffée d'air frais des Apennins.

On y suit la trajectoire de deux parcours parallèles et diamétralement opposés réunis brusquement dans un barnum people gonflé aux stéroïdes. Les deux personnages vont ainsi servir de prétexte à l'auteur pour effectuer à travers leurs trajets cahoteux une coloscopie douloureuse de l'Italie du 21ème siècle : médias, célébrités, télévision, monde de l'édition, écrivains ; acteurs et spectateurs de ce microcosme bouffi vont en prendre pour leurs grades. Et ils sont tous officiers.

J'ai passé un agréable moment, riant ou souriant souvent grâce à la vis sarcastique et nerveuse d' Ammaniti. J'ai particulièrement apprécié cet art du portrait à la kalachnikov qui permet – et c'est bien le moins que l'on puisse attendre d'un tel calibre – de voir à travers les personnages et leurs postures minables.

Mention spéciale à la création savoureuse de ce groupe de satanistes du dimanche que sont "les enragés d'Abaddon". Meute restreinte à trois pauvres loups émaciés regroupés autour du leader, - Mal aussi incarné qu'un ongle – à savoir Saverio Moneta, alias Mantos (dieu étrusque du monde souterrain).

Face à l'hémorragie de ses adeptes partant rejoindre les uns après les autres un groupe rival nommé "Les fils de l'Apocalypse" et son maître Kurtz Minetti, Mantos est forcé de riposter. Il doit proposer à ses derniers fidèles un coup d'éclat, une vraie action satanique qui fera enfin parler de leur groupuscule démoniaque. Plus question de tags minables à la gloire de Baphomet ou de viol sordide sur une étudiante shootée aux Rhohypnol. Il faut du lourd.

Mais Saverio-Mantos, grand prêtre de Belzébuth la nuit, l'aube venue redevient un petit chef de rayon dans un magasin de vente de meubles subtilement nommé "Les Maîtres Charpentiers Tyroliens ". Circonstance aggravante, il est sous les ordres de son beau-père tyrannique et son épouse l'a depuis longtemps transformé en paillasson conjugual, à peine décoratif. Abandonner tout espoir, se résigner à son salaire et enterrer tout reliquat de dignité ? Ou retrouver dans quel tiroir sont rangés ses couilles et semer le chaos et l'anéantissement sur le Latium ? Mantos doit prendre une décision.

De l'autre côté de l'arc en fiel, c'est Fabrizio Ciba. Ecrivain éternellement "jeune" malgré ses 41 ans, ses quelques livres à succès et l'éjaculation difficile de son futur roman à l'état "projet" depuis trop longtemps. Détendu et sûr de son succès éternel auprès des médias, des lecteurs et de sa maison d'édition, Franceso s'endort sur les lauriers de sa renommée. Il profite de la lumière du star-system et du charme fou que dégage sa dégaine savamment composée d'écrivain faussement introverti "ne sachant pas d'où lui vient tout ce talent".

Pourtant, au détour d'un bosquet – où il tente d'expliquer à une charmante traductrice le principe du pont-levis – il surprend une discussion entre le directeur et l'administrateur de sa maison d'édition. On le voit comme "fini", "asséché" et pire "surpayé". le choc pour Fabrizio qui lui aussi, tel Saverio, va se lancer dans une reconquête de son honneur bafoué en cherchant un sujet pour le futur "grand roman italien" qu'il ne va pas manquer d'écrire.

A ce moment précis de la narration, Ammaniti se saisit de ces deux hommes en proie à une remise en question dramatique de leurs existences et les jette dans un shaker de péripéties. Il remue bien fort en y ajoutant de la vodka et une pincée de coke et les lance au beau milieu d'une réception gigantesque organisée dans le parc romain de "la Villa Ada".

Le propriétaire et millionnaire Salvatore Chiatti a pour ambition d' y organiser "la fête du siècle". Il invite pour cela tout ce que l'Italie fait de stars, starlettes et autres "beautiful people" et se charge de les époustoufler en organisant un safari baroque et grandiloquent.

C'est le champ de bataille cathartique où tout va exploser dans un splendide bouquet final, feu d'artifice attendu tout au long des pages-mèches de ce roman.

J'avouerai que ce n'est pas cette partie qui m'aura le plus enthousiasmé mais bien le ton coupant, l'humour, le rythme bien tenu et la très belle galerie de figures improbables que nous sert Ammaniti presque tout du long.

Quand je lis certaines critiques qui font de "che la festa cominci", le plus mauvais livre de l'auteur, je salive déjà de ce qu'il me reste à lire de lui.
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A Rome, de nos jours.

Fabrizio Ciba, écrivain à succès, la quarantaine, homme à femme ou adepte de la « jambe en l'airisme », perd de sa notoriété. Un rival brillant de vingt ans plus jeune, lui vole une grosse part de son succès. La frustration l'envahit. Il est lentement laissé de côté par son éditeur car il perd de son cachet. Pour Fabrizio c'est ignoble, il est en rage quand il sait qu'il est comparé à une nonne qui vend des livres de recettes de cuisine. C'est une insulte qui demande réparation, le gant est jeté. Son charisme suffira-t-il à retourner la tendance en sa faveur lors de la Fête du siècle ?
A côté de cela, dans la même ville, apparaît les enragés d'Abaddon, une secte sataniste sans valeur. Une petite bande transparente devant le groupuscule concurrent « Les fils de l'Apocalypse » de Kurtz Minetti. le leader des enragés, Fabrizio Moneta alias Mantos, un soumit, un vendeur de meubles pour son exécrable beau-père, marié à une femme castratrice écoeurante, père de jumeaux en bas âges, est surmené, voir dépassé, par tout. L'organisation de son groupe secret composé de, lui comprit, trois autres personnes inefficaces et rock n'roll démodé : Zombie, Murder et Silvietta. Mantos approche le stade du pétage de plomb. Il découvre alors, la jouissance que procure la possibilité de dire « non ». Ce qui libère son inspiration et le pousse à orchestrer un coup énorme qui lui permettrait d'être respecter de tous. le sectaire fou et sa clique trouvent par inadvertance le moyen de se joindre à la fête du siècle. L'heure de gloire approche.
La fête, encore et encore. Et du siècle en plus. Précipitons nous à rejoindre le tapis rouge pour gratter l'un ou l'autre sourire. Car de rire, vous ne serez pas épargné. Plus comique qu'à pouffer de rire, bon ben là, c'est en fonction du degré de réception de l'humour qu'insuffle un artiste. Tout le monde ne rigole pas aux mêmes blagues…
Les deux invités, malgré eux quelque part, se retrouvent à la fiesta l'esprit revanchard, empli d'animosité pour des raisons qui ne se rejoignent pas toujours et même proche du grand écart.
Tout est en légèreté, à l'humour décapant, ironique à souhait. Une vraie blague géante avec des scènes cocasses, farfelues et des situations catastrophe qui s'enchaînent. le lecteur s'amuse, c'est obligatoire, secoué par le dynamisme présent dans chaque instant. L'écriture voltige en tout sens, osée, sans barrière, imaginative et bien dosée sur l'humour, sans exagération. Si ce devait être un film, le rôle de l'écrivain, Ciba, serait taillé pour Roberto Benigni.
Il y a un amas de situations impromptues qui étire les rides au point de les figer sur le visage. le lecteur prit sur le fait par un voisin, dans un bus bondé en route pour un centre-ville quelconque, serait fusillé du regard. À voir le lecteur souriant constamment, le voisin grincheux se demanderait comment peut-on lâcher un bêta dans la nature, toujours à rire bêtement alors qu'il n'y a rien de drôle, qu'on l'enferme. Ce serait une place de gagner dans ce bus qui en manque considérablement, ce matériel roulant qui n'est qu'un gros filtre ne filtrant rien et étouffant les passagers d'odeurs immondes de transpiration un jour d'été très corsé. Mais comment ne pas être cet imbécile heureux présumé ? Lorsqu'un lecteur se retrouve avec une histoire dans la main (ou en mémoire), dont des images d'un genre de festival de Canne (sauf que c'est à Rome dans la prestigieuse villa « Ada ») qui se métamorphose en phénomène sismique (et où la St Barthélémy sonne comme une berceuse à côté), tourne en boucle dans ses pensées. C'est une sorte de « Scary movie » lâchée dans un « Jurassik park » sans les dinosaures.
Sans répits, vous l'aurez compris.
Pas de place pour la honte, vous vous souvenez le lecteur dans le bus…Il s'en fou, il aime. À ce niveau-là, c'est même insignifiant. Par contre dans ce livre, Ciba est en conflit avec sa société aguicheuse et énervante, avec lui-même aussi, il rejette l'exubérance et s'y noie impuissant. La honte oriente ses mouvements, ses choix. Sa honte est un gilet par « apparence trompeuse » inefficace. La crainte du ridicule ou de l'indécence le turlupine. L'auteur démontre qu'il n'y a plus de honte dans la décadence. À un certain stade, elle disparait. Pourquoi s'en faire ? Être respectable, pour quoi faire ? Être exemplaire pour vendre des bouquins, des films…
« Ce que tu appelles ces moments de honte, ce sont des éclairs de splendeur médiatique qui donne du lustre à ton personnage et te rendent plus humain et sympathique. S'il n'existe plus de règles éthiques et esthétiques, les moments de honte périclitent en conséquence. » (p206)
Au-delà des regrets, l'envie ou l'amertume de chacun devant une fiesta mielleuse et exagérée. C'est avant tout une ode au ridicule qui ne tue point sauf dans le roman. Un contre argument au gaspillage d'intelligence. Une très belle comédie, l'horreur y est risible, quelques scènes de sentimentalisme à considérer comme la pause du lecteur dans ce chaos. C'est une sucrerie acide, de celle qui vous bloque les zygomatiques après une ou deux succions.
Il ne faut pas tout ramener à l'excentricité et la folie servie par une élite ou des chanceux privilégiés ou encore au seul ex-futur-ex premier italien. Des milliardaires, politicards du genre capricieux, manipulateur et égocentrique, des « VIP » qui se nourrissent de copinage frauduleux ou stérile de vraisemblance, il y en a dans chaque pays avec autant de villas « Ada » que de personnes qui ont faim. Oui la connerie du pouvoir de l'argent, de ce qu'il apporte, de la recherche de reconnaissance illusoire (inculquée dès le plus jeune âge) et passagère d'une société nauséeuse. Société dans laquelle le temps déprime par sa rapidité inébranlable.
Quand la fièvre est passée, la normalité reprend son cours. L'éphémère comédie se brise ici et naît là-bas. Ainsi est la nature humaine inapte devant ses inventions. La consommation, le progrès, la rentabilité… Faut-il s'indigner, se résigner ? Aucun des deux n'a de chance de réussite. Par contre tempérer autant que possible. Et puis sauve-qui-peut quand les eaux tumultueuses ravagent et nettoient tout sur leurs passages…
Un très bon moment de lecture satirique. Pour qui a envie de se changer les idées en toute légèreté. Bienvenue à Rome pour une détente amusante aux frontières du paranormal et du thriller. Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. J'ai bien dit aux frontières du...
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D'un côté il y a un pauvre type vendeur de meuble tyrolien dans le magasin de son beau-père qui le méprise au plus haut point, presque autant que sa propre femme …
De l'autre un écrivain à la mode, quadra, beau gosse, célibataire, auteur de best-seller à qui tout réussi…

Enfin, en apparence seulement car en réalité, Saverio se transforme en chef de secte satanique le soir venu et il a un plan de grand envergure : le massacre de Larita, ex chanteuse de métal satanique convertie au christianisme et à la pop doucereuse pour ados attardés, le tout avec l'épée de Durandal lors d'une soirée huppée réunissant tout ce que l'Italie compte de people…
Quant à Fabrizio, il apprend par mégarde (alors qu'il est en plein préliminaires avec une belle traductrice qu'il connaît à peine dans le jardin d'une fête) que son éditeur ne croit plus en lui et veut même s'en débarrasser …. Et en y regardant de plus près, sa vie n'est pas si enviable.

Leurs routes vont se croiser lors de cette fameuse fête aussi somptueuse que ridicule organisée par un millionnaire à la villa Ada. C'est en effet durant la fête (qui occupe la deuxième partie du roman) que Saverio et Fabrizio se rencontrent. Il ne s'agit pas de n'importe quelle fête mais de la Fête où il faut être et surtout être vu, de préférence au bras d'une bimbo qui passe à la télé. Car on n'est plus dans la Rome de Fellini mais dans celle de Berlusconi : la Dolce Vita a laissé place à la vulgarité et au luxe affichés sans complexe. La sensualité toute italienne d'une Anita Eckberg a été remplacée par des pin up à peine pubères et déjà botoxées et anorexiques dont le dents rayent le parquet.

Dommage que le livre, au demeurant très drôle s'essouffle un peu vers le milieu (pendant la fête justement). Apparemment, Ammaniti est un auteur reconnu en Italie comme l'atteste les prix qu'il a reçu et le soutien des critiques, or malgré les bons moments de lecture passés avec les deux romans que j'ai lu de lui (j'avais beaucoup aimé « Comme Dieu le veut »), j'avoue que j'ai du mal à le prendre vraiment au sérieux et à le considérer comme un auteur italien majeur. En effet, ses livres presque entièrement composés de dialogues ressemblent à des scénarios de film - de très bonnes comédies italiennes - mais j'avoue que sur un plan strictement littéraire (au niveau du style notamment), je reste sur ma faim !

Merci en tout cas à Babelio et aux éditions Robert Laffont qui m'ont permis de recevoir ce livre gracieusement.
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critiques presse (5)
Lexpress
09 juillet 2011
Sa charge est féroce, son regard impitoyable, mais ses dialogues bâclés et sa prose télégraphique frisent l'anorexie : du Tom Wolfe en version BD.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeMonde
09 juillet 2011
C'est un livre brillant, fluide, nerveux, foudroyant par moments. Mais il n'est pas totalement réussi. Est-ce qu'il faut le lire quand même ? Oui, parce qu'on rit. Oui, parce qu'à la fin on a envie de pleurer.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Lexpress
27 juin 2011
Certains y verront probablement une critique de l'Italie berlusconienne, on y verrait plutôt un Bûcher des vanités pop, savoureusement potache et forcément festif, qui donnerait envie de trinquer dans les bars gothiques...
Lire la critique sur le site : Lexpress
LePoint
16 juin 2011
Ah ! Quel bonheur d'entrer dans le nouveau roman de Niccolo Ammaniti ! On cherche la comparaison : du David Lodge parmesané de Fellini ou du Tom Wolfe alla puttanesca ? [...] C'est bouffon, sexe, méchant, et d'une telle force comique !
Lire la critique sur le site : LePoint
LaLibreBelgique
14 juin 2011
En général, nous n’aimons guère ces romans caricaturaux où l’exagération lasse vite, mais Ammaniti a l’art de nous tenir quand même en haleine. Si on supporte le grotesque drôle et amer, l’écrivain nous montre alors une face de l’Italie, certes ridicule, mais pas sans fondements.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Oui, l'imprévisible chef bulgare adorait la faim et haïssait l'appétit. L'appétit était l'expression d'un monde repu et satisfait, prêt à la reddition. Un peuple qui savoure au lieu de manger, qui grappille au lieu de se rassasier, est déjà mort et il ne le sait pas. La faim est synonyme de vie. Sans la faim, l'être humain n'est que l'apparence de lui-même et par conséquent, il s'ennuie et se met à philosophailler. Et Zoltan Patrovic abominait la philosophie. Surtout celle qu'on appliquait à la cuisine. Il regrettait la guerre, les famines, la pauvreté. Bientôt, il vendrait tout le saint-frusquin et irait s'installer en Éthiopie.
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Les adeptes baissèrent la tête. Le leader leva les yeux au plafond et écarta les bras.
- Qui est votre père charismatique ?
- Toi ! dirent en choeur les Enragés.
- Qui a écrit les Tables du Mal ?
- Toi !
- Qui vous a enseigné la Liturgie des Ténèbres ?
- Toi !
- Qui a commandé les papardelle ? fit le garçon, une rangée d'assiettes fumantes sur les bras.
- Moi ! Saverio tendit la main.
- Ne touchez pas. C'est brûlant.
Le leader des Enragés d'Abaddon s'assit et, en silence, se mit à manger.
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Saverio examina ses disciples. Bien qu'ils aient dépassé la trentaine, ils s'habillaient encore comme une bande de hardos ringards. Dire qu'il ne cessait de leur recommander : "faites gaffe. Vous devez passer pour des gens normaux, virez-moi ces piercings, ces tatouages, ces putains de clous partout..." Mais il n'y avait pas moyen.

"C'est ça ou rien", pensa-t-il, résigné.

Mantos leva les yeux, son image se reflétait dans le miroir publicitaire de la bière Moretti accroché derrière le comptoir de la pizzeria. Mince, un mètre soixante-douze, des lunettes de vue à monture métal, des cheveux sombres peignés avec la raie à gauche. Il portait une chemisette boutonnée jusqu'en haut, un pantalon de velours côtelé bleu marine et une paire de mocassins collège.

Un type normal. Comme tous les grands Paladins du mal : Ted Bundy, Andreï Tchikatilo, Jeffrey Dahmer, le cannibale de Milwaukee. Des gars qe vous pouviez croiser dans la rue et sur qui vous n'auriez pas parié un kopeck. Et pourtant, ils étaient les enfants chéris du Démon.
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Il les haïssait. C'était un tas d'ignorants. Un troupeau de moutons. Il s'en fichait, qu'ils l'apprécient. Ils seraient accourus avec le même enthousiasme pour les mémoires de famille du directeur du JT de RAI ou pour les confidences amoureuses de la plus niaise des potiches télévisuelles. Ils voulaient juste avoir leur petite conversation avec la star, leur autographe, leur moment avec l'idole. S'ils avaient pu, ils lui auraient arraché un bout de ses vêtements, une mèche de cheveux, une dent, et ils auraient rapporté ça à la maison comme une relique.
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Les mastodontes s’agenouillèrent. Puis ils déposèrent au centre de la pièce un homme et une femme, assis sur des chaises en plastique blanc.
Le vieux avait sur la tête un couvre-chef ornemental, qui ressemblait de loin à ceux des Indiens d’Amérique, composé de stylos Bic, de bouteilles de Campari Soda et de pelles en plastique coloré. De grandes lunettes de soleil Vogue leur couvraient presque tout le visage. Autour du buste, il portait une armure composée de frisbees en plastique coloré.
La femme était coiffée d’un seau bleu et sur les côtés retombaient des nattes de cheveux blancs entrelacées avec des lanières de chambre à air et des plumes de pigeons. Elle était enveloppée dans une doudoune North Face crasseuse d’où pointaient deux petites jambes chétives et variqueuses.
Le roi et la reine, se dit Fabrizio.
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Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
827 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

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