A travers ses yeux, tome 1 : Subjugués

Sophia, c’est le genre de fille un peu solitaire, qui n’a jamais eu de vraie histoire d’amour. Là elle te rencontre à mon anniversaire et deux jours après elle se fait prendre en otage par l’autre folle. Elle est à peine réveillée que tu la fait emménager chez toi. Mec pour elle, il n’y a pas eu plus d’un mois entre, mais juste un jour. Alors imagine un peu qu’une meuf arrive et dise : “Allez chéri, ça fait quarante-huit heures qu’on est ensemble, marions-nous” !— Je m’en fous de tes hypothèses ! Pourquoi elle se met à douter, comme ça sans raison ?

On fait tous des erreurs donc tu arrêtes de faire ta sainte nitouche avec moi et tu te détends cinq minutes ! T’as déjà foutu toutes mes affaires dehors donc je pense qu’on peut commencer à avancer maintenant ! Tu ne veux pas dormir dans le lit où j’ai niqué une autre fille ? Pas de souci, on va en acheter un autre ! Mais tu te calmes et tu viens là !

Une femme assez grande, toute fine mais avec des formes là où il faut le drague ouvertement. Lui se balance d’un pied sur l’autre. Je m’approche discrètement pour entendre leur conversation et il ne me faut pas beaucoup de temps avant de comprendre de qui il s’agit.

Je me retrouve donc à vivre dans une maison où l’homme que j’aime a couché avec une autre, ce qui me bouffe littéralement la vie. Je dors sur son canapé et n’ai pas mis les pieds dans la chambre, en m’étant assurée qu’il n’avait pas touché cette fille ailleurs que dans le lit.

Déjà que je ne supporte pas les gens qui parlent avec de la bouffe plein la bouche, alors si en plus elle ne me donne aucun autre détail, je vais retourner ce putain d’appartement avant que dix heures ne sonnent !

Ma jalousie prend le dessus et je commence à me méfier de ma meilleure amie qui pourtant a déjà un homme dans sa vie. D’ailleurs en parlant de lui, depuis que je ne suis revenue je n’ai pas croisé Alan. Je sens la pression monter en moi, je pousse la porte violemment pour la claquer afin de signifier par ce geste théâtrale ma colère, mais René la bloque avec son pied. Il grimace de douleur, la repousse et rentre dans la pièce, bien trop petite pour nous deux.

Cette fille est ma bouée de sauvetage dans une tempête. Je sais que je ne suis pas forcément prêt à m’engager pour de bon avec elle, mais aujourd’hui je ne peux plus vivre sans elle. Ce qui est assez con quand on y réfléchit, car ça ne fait pas dix ans que nous sommes ensemble.

Devoir laisser sa mère dans les mains d’un tel monstre ne doit pas être facile pour René, car même moi qui ne la connais que depuis quelques heures, j’ai envie de la secouer pour qu’elle réalise qu’elle ne doit pas rester. Je ne dis rien, laissant René décider s’il doit emmener sa mère de force ou la laisser ici.

S’il y a bien une chose dont j’ai horreur c’est de devoir manger devant quelqu’un, encore plus quand il s’agit de mon copain. Malheureusement pour moi, René semble bien décidé à me faire avaler sa tartine, mais il semble remarquer mon malaise et s’en fait une pour lui aussi.

J’essaie à travers ce baiser de lui montrer combien elle compte pour moi. Je m’en fous pas mal de ses manies et elle fera avec les miennes. Ma grand-mère ne connaissait pas mon grand-père avant son mariage et pourtant ils ont toujours bien vécu tous les deux. Alors que là, on a déjà un plus par rapport à eux, ça me fait mal au cul de l’admettre mais je l’aime et je suis persuadé qu’elle aussi.