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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


L'homme qui valait 35 milliards, c'est Lakshmi Mittal, devenu PDG du groupe Arcelor-Mittal en 2006, après l'OPA hostile lancée par le groupe indien Mittal Steel sur Arcelor.
Dans la région liégeoise, cette opération avait à l'époque suscité beaucoup d'espoir, notamment grâce à la promesse de Mittal de relancer le haut-fourneau n°6 de Seraing. Promesse tenue... pendant 6 mois, avant l'extinction définitive du haut-fourneau, « vous comprenez, l'acier est devenu beaucoup trop cher à produire en Europe... ». Six mois largement suffisants, cependant, pour permettre à Mittal de s'en mettre plein les poches avec les grasses subventions obtenues des autorités en échange de ses belles (mais donc fausses) promesses de maintenir l'outil et sauvegarder un maximum d'emplois.
Cette région, autrefois fleuron de l'industrie sidérurgique, avait déjà beaucoup souffert à la fin du 20ème siècle avec le démantèlement de l'empire bâti par John Cockerill un siècle plus tôt et son rachat par Arcelor et leur lot de restructurations, délocalisations et donc de chômage. Autant dire que la déception et la colère provoquées par les manoeuvres purement financières de Mittal ont été grandes (euphémisme).
C'est dans ce contexte que Nicolas Ancion publie son livre en 2009.
Il y imagine l'enlèvement, par deux faux journalistes, de Lakshmi Mittal, l'homme le plus honni de toute la région liégeoise sinistrée, et accessoirement quatrième fortune de la planète. le but n'est pas d'obtenir une rançon, mais d'obliger l'homme à réaliser des oeuvres d'art contemporain plus absurdes les unes que les autres.
Evidemment, tout cela est loufoque et invraisemblable, mais nous sommes au pays du surréalisme, et il faut voir dans ce récit une fable politico-sociale. Sous des dehors rocambolesques et légers, l'humour camoufle à peine le désespoir de ceux qui sont au bord du gouffre : l'ouvrier métallo qui va bientôt perdre son boulot, l'employée de fast-food à la merci d'un patron tyrannique, le vieux père racketté par son fils toxico, dont les destins vont se trouver liés dans le roman.
L'auteur tire à boulets rouges sur le capitalisme et le profit à tout crin, mais aussi sur le drôle de fonctionnement du monde politique et syndical liégeois. Il ne se prive pas non plus d'égratigner l'hermétisme d'un certain art contemporain. Rageur, féroce, drôle, ce roman, qui tourne un peu court, montre aussi la grande tendresse de l'auteur pour sa région et ses habitants.

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