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Critique de Ladybirdy


Nicolas Ancion, auteur belge voit le monde tel qu'il est. Originaire de Liège, il travaillera à Bruxelles pour finir par migrer en Espagne. le gris de la capitale belge aurait-il eu raison de lui... C'est que Nicolas nous dépeint un tableau bien triste de Bruxelles. Surtout, il exprime ce que nous, les bien logés nous occultons bien souvent pour notre grand confort.

« Dans le bas, on se loge les uns sur les autres, on habite comme on peut, moitié corps de réfugiés moitié poulets en batterie. On cherche du travail qui n'existe plus et du plaisir qui ne vient jamais. On attend que le monde change mais il est chaque jour pareil. »

Au quatrième étage d'un immeuble bruxellois insalubre où l'humidité est telle que les chambres ressemblent à une grotte profonde, ça grouille de miséreux qui ne savent plus comment vivre un jour de plus. Au quatrième étage, Marie est alitée. Gravement malade, elle survit simplement grâce à tout l'amour de son mari Thomas. Thomas lui raconte des histoires pour qu'elle s'endorme. D'ailleurs, il ne fait que ça Thomas , raconter des histoires. Il passe des heures dehors dans les bas quartiers à vendre le peu qui lui reste pour une bouchée de pain. Car il vendrait sa peau s'il le pouvait pour aider Marie.

Au quatrième étage arrive Monsieur Morgen le propriétaire de l'immeuble. Il vient d'en haut.

« Dans le haut, on y court en cravate, les dents blanches et la retraite assurée, on y parque son automobile shampouinée, entre deux hôtels de luxe. On y achète un appartement au prix d'un palais, on y mange du pain aux vingt-six céréales trié par des enfants pauvres dans des pays lointains. »

Vénal, véreux, inhumain, le proprio, il en veut toujours plus. Tout se paie au quatrième étage. La boîte aux lettres, les escaliers, et si on peut caser deux albanais dans une baignoire, si ça peut rapporter, Thomas n'a pas le choix. Thomas n'a plus de sous pour payer la boîte aux lettres. Il devra accepter que deux albanais logent dans sa baignoire et leurs photos de la sainte vierge tant qu'à faire.

Nicolas Ancion m'a régalée avec son roman désopilant. Aucun faux semblant. Il décrit la misère, l'injustice, la faute à pas de chance avec beaucoup de charisme. J'ai retrouvé dans sa plume des zestes de la nausée de Sartre ou encore des échos à Céline dans Voyage au bout de la nuit.
C'est âcre, incisif, sensible, émouvant, c'est la vie sans maquillage. le tout sous des airs tendres et drôles qui ne peuvent laisser indifférent.

Tu vas me revoir Mademoiselle Bruxelles
Mais je ne serai plus tel que tu m'as connu
Je serai abattu courbatu, combattu
Mais je serai venu
Bruxelles attends, j'arrive
Bientot je prends la dérive
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