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Critique de JeanPierreV


Hugh McVey est un gamin élevé par son père, alcoolique et paresseux. Celui-ci oblige le gamin à travailler, afin de lui ramener de quoi picoler et ronfler. Hugh trouve un petit travail dans une gare. On est encore à la fin du XIX ème siècle. Et là, dans cette gare, il découvre LA femme...la première femme de sa vie, celle qui va le sortir de sa crasse intellectuelle, de sa paresse, lui faire découvrir, non pas l'amour - aucun des deux n'a la tête à ça - mais les livres, la culture. Elle est celle qui va lui faire découvrir son potentiel, qui va lui monter qu'il peut faire autre chose que balayer une gare.
Et le gamin passera sa vie de gamin dans les livres, à rêvasser et en s'isolant. "Il sentait que pour une raison inconnue, l'humanité le tenait à l'écart."
Jusqu'au jour où "il décréta qu'il devait avoir l'esprit occupé par une besogne précise" et alors il commença à se poser des questions sur tout..combien de pieux peut-on tirer d'un arbre....et à tenter de trouver des solutions pour planter des choux efficacement et sans fatigue pour les hommes...
Et le gamin devenu jeune homme, va tailler des morceaux de bois, des roues...pour tenter de résoudre ce problème...
Je vous passe des étapes, mais il va être repéré par ces hommes sans scrupule, sans argent, mais avec un baratin énorme qui vont voir en lui celui qui leur permettra de s'enrichir, qui vont persuader des banquiers, des investisseurs de la viabilité de leur projet...Grâce à lui, ils réussiront.
L'Amérique découvrait le capitalisme, le besoin de créer des usines, des emplois..les parents ou grands-parents de ceux qui décidaient avaient connu la guerre de Sécession... Comme les parents ou grands-parents de Chewood Anderson. On en était encore à défricher des terres occupées par les Indiens.
Sherwood Anderson nous fait assister à cette mutation del'Amérique..qui passe de la ruralité à l'industrie, du cheval à la mécanisation.
La fièvre du dollar gagne tous les esprits, "le cri de guerre "Réussir dans la vie" s'élevait alors dans toute l'Amérique", il fallait gagner de l'argent rapidement. Toute la société en est bousculée. "Les Morgan, les Frick, les Gould, les Carnegie, les Vanderbilt, serviteurs du nouveau roi, princes de la nouvelle foi, tous des marchands, nouvelle race de seigneurs, défièrent la loi de caste de l'ancien monde, qui voulait que le marchand vienne après l'entrepreneur, et ajoutèrent au désarroi des hommes en se donnant des airs de créateurs."
Hugh McVey devient invention après invention l'un de ces inventeurs del'ombre qui permet à d'autres de s'enrichir, de construire de belles maisons, de devenir des modèles pour cette société... Avec le capitalisme l'Amérique découvre les autres "ismes", machinisme, machisme, socialisme, protectionnisme...
Ses inventions, machines à décharger les wagons de charbon, machines à moissonner lui ont rapporté 100 000 $, mais il vit toujours dans une pension de famille et reste "négligemment vêtu". Il est secrètement amoureux de la fille de la patronne.Mais, incapable de lui déclarer sa flamme, cela n'ira pas plus loin...Son impuissance à communiquer le rend pitoyable. Je ne vous parlerai pas de sa rencontre avec les femmes, avec sa femme.
Il est un personnage filigrane du livre, ce n'est pas qui est dépeint dans "Pauvre blanc" dans toutes les pages, mais ceux dont il permet la mise en lumière, la fortune...C'est grâce à lui que Bidwell, ville du Middle West, se développe, s'industrialise.
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Écrit en 1919 et publié en 1920, ce livre est un témoignage sur cette Amérique naissante, cette Amérique puissante, écrasant tout, dans laquelle chacun peut écraser l'autre, l'utiliser, cette Amérique qui découvrait le dieu Dollar, la bagnole, le tape à l'oeil, cette Amérique puritaine qu'il ridiculise en dépeignant les premiers émois sexuels des jeunes gens. L'Amérique découvre les premières grèves, le salaire à la pièce, les discours socialistes tentant de mobiliser les ouvriers.
Une peinture qui nous fait sourire ou nous indigne de ce coté de l'Atlantique. Une peinture efficace grâce à l'écriture de l'auteur, faite de phrases courtes, simples
Un témoignage qui se lit avec un oeil du XXIème siècle. Rien n'a vraiment changé.
Un livre dans la veine des grands romans américains...dommage que Sherwood Anderson ne soit pas mieux connu, et tombé dans l'oubli.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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