Personne n'ose encore la nommer mais elle est bien là, la guerre, celle que l'on dissimule à l'opinion sous le doux nom d'événements. ( p17)
Les bombes sautent en Algérie. Fernand est communiste, activiste pour l'indépendance, arrêté lors d'une opération ratée, torturé, condamné à mort dans un simulacre de procès à charge...
Les paragraphes se mêlent comme dans l'urgence : arrestation, salle de torture, débandade de la cellule politique. Les dialogues sont inclus dans les phrases narratives, on est enveloppé, tendu dans le drame, l'horreur des interrogatoires, la tension de l'action. Puis l'enfermement le calme épuisant et délétère, l'attente interminable de la décision de justice. Mais peut-on parler de justice quand on est guillotiné pour l'exemple?
S'intercalent les souvenirs plus heureux: l'amour de Fernand pour sa petite polonaise, blonde aux yeux si bleus. Et son engagement pour l'égalité des peuples sur terre algérienne.
Une bien belle écriture pour une bien dramatique histoire, que
Joseph Andras réussit à adoucir par une délicatesse poétique et de magnifiques formulations littéraires. Il offre un portrait poignant d'un homme ordinaire, broyé dans la France colonialiste. Un livre qui réveille les consciences pour une période politique compliquée, par un récit documenté et dépassionné des querelles de l'époque.
Quelle maîtrise dans un premier roman! On en prend plein le plexus, honteux par procuration...
Remarquable.
Commenter  J’apprécie         512